Le Valdocco, c’était le nom de la première maison fondée par Don Bosco dans les faubourgs de Turin au XIXe siècle ; une maison pour accueillir les jeunes désœuvrés, risquant la délinquance et la prison, et pour leur proposer de construire leur avenir. Sur la même intuition, le Valdocco d’Argenteuil accueille, anime et forme des enfants et des adolescents.

Exzaire, l’un des trois animateurs permanents, est déjà là, avant 11 heures, pour préparer les salles et faire le café. C’est mercredi, jour sans école, un jour important pour le Valdocco. Des activités sont proposées aux jeunes du quartier des Coteaux, du Val d’Argent et de la Cité Champagne. À 11h., c’est la réunion qui rassemble les animateurs autour de Jean-Marie Petitclerc, Salésien, fondateur de l’Association Valdocco. La plupart des animateurs sont bénévoles, parfois depuis les débuts, comme Marie-Pierre, institutrice. Certains sont des élèves de Polytechnique qui effectuent ainsi le Service National inclus dans leur première année. La réunion, animée par Jean-Marie Petitclerc a pour but de vérifier que tout est au point pour l’après-midi : quelles sont les activités prévues, et qui s’en occupe.

Aujourd’hui, il y aura sur place trois ateliers, proposés aux plus petits; à l’extérieur, un chantier éducatif « Vert Ados », pour des jeunes qui paient, par un travail d’utilité collective, leur participation à une activité. Dans le même temps, sur la « dalle » du Val d’Argent, un quartier connu pour ses émeutes en 1991, quelques animateurs proposent une animation de rue sur la Place des Canuts. Ensuite viendra le temps de rassembler les pilotes de « Un team, une ville » (voir encadré 2) et d’accueillir les lycéens pour l’aide aux devoirs. En fin de réunion, on évoque aussi les projets plus lointains, et en particulier les activités de vacances.

Vers 14 heures, les premiers enfants arrivent. Les ateliers se mettent en place: fabrication du pain, réalisation d’une maquette de moulin, préparation de cadeaux pour la fête des Mères. Pour chaque activité, il faut expliquer des règles de base afin qu’elle puisse se dérouler au mieux. Il faut stimuler l’attention des enfants en changeant d’activité. Les adolescents venus pour le chantier éducatif sont répartis: à la cave, pour éponger les traces d’une infiltration, ou dehors, pour tailler la haie et faucher l’herbe devenue trop haute. Pour cet atelier à risques physiques, on signe un contrat: heure d’arrivée, heure de départ, travail effectué… c’est l’apprentissage à la fois du service et du projet.

Sur la place des Canuts, l’animation de rue bat son plein. Virginie et Christine, salésiennes coopératrices, assurent la bibliothèque de rue. Ce sont plutôt des filles assez jeunes qui viennent feuilleter les albums. Une animatrice ou la grande sœur fait la lecture aux plus petites. Les garçons préfèrent le hockey, auquel quelques filles participent. Pour les animateurs, le souci premier est de veiller au respect des règles et au fair-play. Dans un coin de la place, d’autres enfants s’appliquent au dessin ; papier et feutres sont mis à leur disposition. Pendant ce temps, Cyril, animateur permanent du Valdocco, fait un vrai travail de contact et de relation avec les plus grands. Cette présence avec eux est d’autant plus importante que ces jeunes tendent à imposer leurs règles dans un quartier où les adultes sont souvent décrédibilisés.

Après le goûter, à 17 heures, c’est la rencontre des jeunes qui participeront au concours « Un team, une ville ». Moment important : ils passent cet après-midi même l’épreuve théorique du C.A.S.M. (Certificat d’Aptitude au Sport Motocycliste) sans lequel ils ne pourront pas piloter. Car, avant de piloter, il faut connaître les règles du pilotage sur circuit : la signification des codes, le respect des concurrents.

Vers 17 heures 30, quelques lycéens viennent chercher au Valdocco une aide pour faire les devoirs; leur réussite scolaire en dépend. Les animateurs sont là pour conseiller, expliquer et aider. L’enjeu de ce soutien est éminemment important dans ce milieu où l’échec scolaire amène souvent l’échec social.

Depuis cinq ans, l’Association du Valdocco d’Argenteuil fait ainsi, dans des quartiers marqués par une image négative, un travail de fond pour restaurer des liens sociaux, par des projets d’animation et de formation, en rétablissant des relations entre groupes et entre générations.

ENCADRÉ 1
L’Association Valdocco a neuf ans
Fondée en juin 1995, quelques mois après l’arrivée des Salésiens à la Paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney, l’Association s’est fixé sept objectifs principaux :
· développer l’animation de rue : rejoindre les jeunes là où ils sont ;
· développer la citoyenneté : rendre les jeunes « acteurs » de leur quartier ;
· favoriser la réussite scolaire, notamment par l’aide aux devoirs ;
· responsabiliser les adultes dans l’éducation des générations nouvelles : mobiliser les habitants sur les enjeux de cette fonction d’insertion ;
· proposer des formations : sortir du désœuvrement et de l’absence de projet (l’Institut de Formation aux Métiers de la Ville est une émanation de l’Association Valdocco) ;
· prévenir la délinquance : établir des relations avec les jeunes, écouter leurs projets et les aider à les réaliser ;
· lutter contre l’exclusion : apprendre à vivre ensemble dans des activités variées.
La pédagogie mise en œuvre est celle de Don Bosco : une approche préventive fondée sur la confiance et l’affection, permettant progressivement une responsabilisation.

ENCADRÉ 2
« Un team, une ville »
Parrainée par la Fédération Française de Motocyclisme, cette opération consiste à mettre en projet des jeunes autour d’un sport qui les « branche ». Lors de la première édition, le « Team Valdocco » s’est classé 3e. La compétition, qui met en concurrence des équipes de différentes villes de France, est l’aboutissement d’un travail d’organisation, de préparation matérielle et financière, de publicité et de formation. Ainsi, aux valeurs du sport s’ajoutent des dimensions sociales et éducatives pour les jeunes participants.

But de l’œuvre : mener une action éducative auprès des enfants et des adolescents d’Argenteuil et des environs, par la mise en place :
§ d’actions de formation
§ d’actions de loisirs, dans les domaines culturels et sportifs
§ d’actions d’accueil et d’hébergement

Destinataires : les enfants et adolescents, les jeunes en difficulté sur le plan familial, scolaire et social, domiciliés sur les quartiers sensibles du Val d’Argent, de la Cité Champagne, et de la Cité Martin Luther King

Nombre de bénéficiaires : environ 400
Nom du directeur de l’œuvre : Père Jean-Marie Petitclerc, SDB
Nombre de salésiens : 3
Nombre de laïcs collaborateurs : 8 salariés, 10 stagiaires, 12 bénévoles
Autre : L’œuvre du Valdocco s’appuie aussi sur une paroisse qui a été confiée aux Salésiens, la paroisse St Jean-Marie Vianney. Le travail de médiation sociale mené sur les quartiers sensibles d’Argenteuil a amené le directeur, le Père Petitclerc, à fonder un Institut de Formation aux Métiers de la Ville (IFMV) qui forme des acteurs sociaux à la médiation.