«Vous Êtes une lettre du Christ, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant » (2ª Cor 3,3)
Informations et réflexions sur les derniers voyages
Visite en Albanie (IME) – Le Borgo Ragazzi « Don
Bosco » de Rome – Retraite spirituelle à Fatima – Retraite spirituelle
du Recteur majeur et du Conseil – Visite à la Province du Portugal – Visite
en Terre Sainte – Session intermédiaire du Conseil général – Encyclique sur
l’Eucharistie – Visite à la Province de Grande-Bretagne – Présences de Treviglio
et de Chiari (ILE) – Visite à la Province de Sicile – Visite à la Province de
Bilbao – Visite à la Province de Munich – Visite à la Province de Cologne –
Fêtes en l’honneur de Marie Auxiliatrice à Turin – Visite à la Province de Vérone
(IVO) – Participation à l’assemblée semestrielle de l’USG – Visite à la Province
Adriatique – Conclusion : l’anniversaire de Don Bosco.
Rome, 8 septembre 2003
Fête de la Nativité de la B. V. Marie
Bien chers confrères,
Je vous salue avec affection, en
quelque partie du monde que vous vous trouviez, spécialement dans les zones
lointaines et isolées ou en situation de difficulté et de risque. C’est avec
préoccupation que nous avons suivi le cours des événements en plusieurs pays
d’Afrique : Côte-d’Ivoire, République du Congo, Rwanda, Burundi, Liberia,
qui ont été – et continuent à être – des lieux de violence, de guerre et de
trouble social. Ils ont besoin de réconciliation et de paix, de stabilité
et de tranquillité pour pouvoir bâtir des conditions de vie vraiment humaine.
Si la mort de tant d’innocents provoque l’horreur, le sort d’enfants, d’adolescents
et de jeunes sans espérance ni avenir fait de la peine. Je voudrais vous rejoindre
tous et vous dire encore que je suis auprès de vous et que j’apprécie votre
généreux dévouement. Je vous encourage donc à rendre témoignage de l’amour
de Dieu pour les jeunes.
Ecrivant à la communauté de Corinthe,
saint Paul répond à ceux qui contestaient son autorité d’apôtre et la légitimité
de son évangile. La crédibilité de son action ne lui vient pas du témoignage
d’autrui ni d’expériences ésotériques, mais de l’Esprit qui agit dans le cœur
des hommes pour les changer et les rendre dociles à la parole évangélique.
C’est l’existence même de la communauté qui est sa « lettre de recommandation ».
La foi solide et la charité active de la communauté sont
les
meilleures lettres de créance : « Vous êtes cette lettre ».
Et il précise aussitôt : « Vous êtres une lettre du Christ, que
j’ai écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant »
(2 Co 3, 2-3). Si la première métaphore était déjà hardie, la seconde
est surprenante : dans la naissance de la communauté agit la force vivificatrice
de l’Esprit ; et le résultat en est la création de personnes nouvelles,
ouvertes et dociles au projet salvifique de Dieu.
Je suis sûr que notre père bien-aimé
Don Bosco se sent fier de ses fils, des présences éducatives et pastorales
répandues en bien des pays du monde, du service rendu aux jeunes pauvres par
toutes sortes d’œuvres nombreuses et que, paraphrasant saint Paul, il pourrait
vous répéter : « Vous êtes ma lettre de recommandation. Vous êtres
une lettre du Christ, que j’ai écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit
du Dieu vivant » (2 Co 3,3). Quant à moi,
ai-je reçu une meilleure recommandation devant Dieu et le monde que vous-mêmes ?
Non, parce que vous êtes aussi pour moi ma lettre du Christ.
Après ma dernière lettre circulaire,
qui a suscité en de nombreux confrères, communautés et Provinces l’envie de
faire une évaluation du modèle de vie consacrée que nous vivons, avec la volonté
de se convertir toujours plus au Christ et à son Evangile et la volonté de
réaliser une vie plus authentique et significative, plus prophétique et efficace,
je m’adresse de nouveau à vous dans le désir de partager quelques nouvelles
et quelques réflexions de mes derniers voyages.
Comme
vous le savez,
mon but est toujours de faire connaître et de valoriser
tout ce que vous êtes et faites, de recueillir les défis rencontrés par la
mission salésienne et de réfléchir à haute voix, en cherchant à puiser dans
notre riche patrimoine salésien des réponses selon la mentalité, l’esprit
et l’audace de Don Bosco.
Ce sera ma dernière lettre de ce
genre, comme je vous l’ai déjà annoncé, parce que j’alternerai les lettres
à contenu doctrinal avec la présentation des huit Régions de la Congrégation.
Ne vous inquiétez donc pas si je ne parle pas de toutes les Provinces que
j’ai visitées : ce n’est certes pas un signe d’oubli ni un manque d’estime.
Visite en Albanie (IME)
Dans la première partie de février,
en une fin de semaine, j’ai fait une visite en Albanie. On célébrait le dixième
anniversaire de la présence salésienne en cette partie des Balkans. Au début,
elle avait été confiée par le P. Egidio Viganò à la responsabilité
des
quatre Provinces italiennes IME, IRO, ISI et ISA, mais, depuis
1997, elle dépend
de la seule Province Méridionale.
Arrivés le 24 septembre 1992,
les premiers salésiens travaillèrent, d’un côté dans le secteur catéchistique,
pour aider les Eglises de tout le pays à surmonter des décennies de propagande
athée et, de l’autre, dans le secteur de la formation professionnelle et le
patronage-centre de jeunes, pour donner aux enfants une éducation intégrale,
une formation professionnelle et une préparation au travail, indépendamment
de leur situation culturelle, religieuse et sociale.
En 1999, durant la guerre du Kosovo,
beaucoup de réfugiés trouvèrent un fraternel accueil dans notre camp de réfugiés
de Tirana et connurent un centre qui éveilla chez eux le désir d’avoir une
œuvre semblable au Kosovo. La réponse du P. Juan Vecchi fut positive
et c’est ainsi que s’ouvrit notre présence de Pristina, qui, ces prochains
mois, verra l’ouverture du centre professionnel.
Dès mon arrivée à Tirana, je suis
resté surpris de l’accueil des jeunes qui fréquentent le patronage et le centre
de formation professionnelle « Don Bosco ». Après la difficile période
de la guerre, aujourd’hui avec ses 500 élèves, il est devenu le centre de
formation le plus significatif du pays. La présence de Tirana comprend un
ensemble d’œuvres, dont une expérience d’entreprise de jeunes. Le projet Pony-Express,
en effet, donne du travail à 70 jeunes choisis parmi les orphelins qui vivent
dans des structures de l’Etat, à des enfants de la rue et à des handicapés.
Dans la paroisse de Marie Auxiliatrice à Tirana Nord, le patronage-centre
de jeunes, en plus de ses activités habituelles d’éducation et d’animation,
travaille en faveur des enfants nomades Rom en collaboration avec l’UNICEF.
Là, il y a encore beaucoup à faire pour pouvoir rendre un service plus systématique
à ce quartier nécessiteux.
Dans la capitale albanaise, j’ai
pu constater la portée de notre présence, en voyant la grande estime qu’en
ont les autorités ; celles-ci ont été présentes au débat public sur :
« Les défis pour l’éducation des jeunes en un monde globalisé »,
où j’ai fait ressortir le motif de notre présence en Albanie : la volonté
de la Congrégation et de la Famille salésienne d’être présentes là où il y
a des jeunes à éduquer. Là se trouve un des fleurons du VIS, le Volontariat
international pour le développement, qui a travaillé à la reconstruction du
pays par le centre de Tirana, non seulement avec de l’argent, mais aussi avec
des volontaires, qui mènent à bien une expérience très positive et enthousiasmante.
Durant la visite s’est célébré
un autre événement important : la consécration de l’église dédiée à Don
Bosco à Scutari. C’est un beau temple, qu’animera toute cette présence qui
comprend la maison de formation pour aspirants et novices, le patronage-centre
de jeunes, la paroisse et surtout, comme élément caractéristique, le centre
catéchistique, auparavant national et actuellement diocésain. La nouvelle
église est un signe de reconnaissance à Dieu pour les dix années de présence
salésienne en Albanie et un encouragement à renouveler l’engagement éducatif
des salésiens et de la Famille salésienne dans le pays. Dans la situation
actuelle de transition du pays, il est urgent d’orienter toutes les forces
à préparer les jeunes Albanais à être coresponsables et acteurs du changement.
Est également satisfaisante la
part active de la Famille salésienne dans les deux œuvres de Tirana et de
Scutari. Après dix années, nous nous trouvons avec une présence salésienne
féconde, où la Famille de Don Bosco se développe bien. Des vocations salésiennes
locales ont également vu le jour et elles aideront à renforcer et à développer
cette délégation.
Une présence comme celle-là montre
la capacité de la Congrégation de répondre aux nouveaux défis,
ecclésiaux et sociaux, sa contribution spécifique par l’éducation dans ce
pays en reconstruction et la nouveauté de sa façon de répondre aux besoins :
le travail en réseau qui crée la synergie, la mobilisation des ONG pour le
financement, l’engagement du volontariat, l’effort d’inculturation du charisme
et le souci des vocations du lieu. À la vue de cette présence à peine née,
on reste surpris de la créativité charismatique salésienne : les ressources
et le personnel manquent, mais non la foi ni l’audace.
En plus de ma visite en Albanie,
à la mi-juin je suis allé de nouveau dans la Province Méridionale pour la
célébration du centenaire de l’œuvre de Portici. Comme en d’autres
lieux, là aussi m’a été conférée la citoyenneté d’honneur, que j’ai volontiers
acceptée au nom des confrères qui durant cent ans ont travaillé pour le bien
de la jeunesse pauvre et nécessiteuse. C’est eux qui méritent la citoyenneté ;
c’est à eux que va la reconnaissance ! Vous pourrez peut-être vous demander
pourquoi parler de l’assentiment et de l’estime que l’œuvre salésienne
a réussi à susciter dans la ville. C’est parce que toutes les forces politiques
présentes dans la commune se sont exprimées à l’unanimité en termes si encourageants
que je me suis senti fier d’être salésien et reconnaissant envers les confrères
qui ont travaillé là. À Portici, Don Bosco se serait senti à l’aise !
Un moment de grande communication
a été la rencontre avec les jeunes du MSJ, provenant de toute la Province.
Je reste toujours étonné devant l’ouverture et la sensibilité des jeunes ;
que de bien nous pouvons faire si nous sommes capables de proposer des choses
de qualité ! C’est ainsi qu’a magistralement travaillé Don Bosco et que
nous sommes appelés, nous aussi, à agir.
Le Borgo Ragazzi « Don
Bosco » de Rome
Le fait que la maison générale
se trouve à Rome rend possible la participation du Recteur majeur à de fréquentes
rencontres, réunions et célébrations dans la Province Romaine. Bien que j’aie
visité diverses présences, je voudrais m’arrêter sur celle du Borgo Ragazzi
« Don Bosco » qui, depuis cinquante ans, rend service à des centaines
d’adolescents et de jeunes de la périphérie de Rome. Je l’ai visitée au début
de mars. Etaient présentes beaucoup d’autorités civiles.
En plus de la mobilisation des
forces politiques et sociales qui trouvent dans le Borgo une œuvre
très valable, un fait digne d’attention est, aujourd’hui comme il y a 50 ans
quand elle fut créée sous l’impulsion de l’Eglise et de la Congrégation pour
s’occuper des sciuscià, la volonté des confrères de continuer à « rêver »
avec et pour les enfants en difficulté, à qui ils offrent diverses sortes
de programmes éducatifs : la maison familiale pour enfants et mères célibataires,
le centre de formation professionnelle avec 300 enfants, les projets SOS « écoute
des jeunes », la semi-autonomie, le parrainage (« affido »)
familial, l’animation du territoire et l’entreprise des jeunes. Il y a aussi
une forme éloquente de cette sensibilité sociale qui m’a fortement étonné :
la création de l’« Opération Argentine » pour aller à la rencontre
des enfants pauvres de ce pays en difficulté. Je dirais qu’il n’est pas habituel
de voir une œuvre sociale, qui vit précisément de l’assistance d’autrui, avoir
le souci de donner de l’aide à ceux qui sont dans un plus grand besoin. Cela,
c’est de la solidarité chrétienne !
Le Borgo appartient à ce
genre d’œuvres qui sont significatives en elles-mêmes, par l’emplacement géographique,
les destinataires, la variété des offres éducatives, l’identification des
nombreux collaborateurs, et en même temps par l’implication des autorités
politiques et des institutions privées, afin de résoudre en synergie un problème
social et offrir de l’espoir et un avenir aux jeunes. Il ne faut pas oublier
le fait que l’évêque a accepté la proposition de convertir notre église en
la première paroisse de jeunes, donc avec un sens moins territorial et plus
pastoral au service des
jeunes,
dans la ligne de l’article 40 des Constitutions, selon lequel chaque maison
salésienne est une « paroisse qui évangélise » les jeunes. J’espère
que nous pourrons nous montrer dignes de ce geste de confiance et réaliser
un modèle de ce que pourrait signifier une paroisse de jeunes dans la ville
qui est le siège du Vicaire du Christ.
Retraite spirituelle à Fatima
Du 16 au 22 mars j’ai prêché
la retraite spirituelle aux directeurs SDB et aux directrices FMA des Provinces
méridionales d’Italie. Même si ce n’est pas l’unique fois que des directeurs
et des directrices font la retraite ensemble, je voudrais souligner son aspect
positif. La Famille salésienne renforce son unité comme fruit de l’écoute
commune de la Parole, de l’éclairage partagé des critères de vie et de mission
salésienne, de la prière unie. Ce n’est évidemment pas la seule forme ;
et il n’est pas dit que le résultat soit garanti : il dépend de la préparation
et des dispositions. C’est certainement un signe non indifférent de communion.
J’ai pu constater la bonne préparation
de cette expérience spirituelle, qui n’a rien laissé à l’improvisation. Elle
aide à faire en sorte que tout marche bien, à assurer l’« esthétique »
de la liturgie, non au sens formel mais au sens mystagogique, à créer un climat
favorable à la rencontre de Dieu. Il est clair qu’en fin de compte, tout dépend
de chaque participant ; mais l’atmosphère aide fortement !
Je voudrais aussi parler un peu
du lieu de la retraite : Fatima, à côté du sanctuaire et de la
chapelle des apparitions, avec une énorme place, qui se caractérise par le
recueillement et le climat de prière ; c’est vraiment un lieu « sacré ».
Je suis resté impressionné de ce qu’a pu susciter un événement simple et humble
dont les protagonistes étaient trois enfants pastoureaux. Aujourd’hui à Fatima,
il est possible de faire l’expérience de la force de la présence de Dieu.
Il n’y a aucun doute : ce qui est humble attire le Dieu de Jésus Christ.
Ce qui me fait réfléchir, c’est
le fait que toute la Congrégation, autrement dit les 17 000 confrères
et novices environ, vivent chaque année une semaine de forte expérience
comme celle de la retraite spirituelle
. C’est la même chose pour les
FMA et presque tous les groupes de la Famille salésienne. Il s’agit certainement
de l’engagement institutionnel et de la possibilité personnelle les plus importants
pour la rénovation et la relance spirituelles. Mais il s’impose de rappeler
que le profit personnel, communautaire et institutionnel dépend de la disposition
de chacun à accueillir cette grâce et à progresser dans la vie spirituelle
et pastorale, sous la mouvance de l’Esprit Saint, qui opère des merveilles
chez ceux qui lui sont dociles et le prennent comme guide.
En décrivant la nature et les objectifs
de la récollection mensuelle et de la retraite spirituelle, l’article 91 des
Constitutions présente le titre suivant : « Moments de renouvellement ».
Les récollections et les retraites, avec l’effort constant de vigilance et
la pratique fréquente du Sacrement de la Réconciliation, sont comme les trois
éléments de base du notre route pénitentielle. Il s’agit d’une pédagogie et
d’une discipline – dans le meilleur sens du terme : celui d’un itinéraire
acétique pour devenir
disciples – qui nous mettent à l’« école »
de Jésus, en sorte qu’Il soit le Maître, et nous placent à ses pieds pour
l’écouter à la façon de Marie de Béthanie, qui choisit la meilleure part.
Qu’il ne nous arrive pas de tomber dans la tentation de Marte, qui voulait
enseigner à Jésus ce qu’il devait faire, en renversant les rôles : « Dis
à ma sœur…» (cf. Lc 10, 38-42). L’accueil et l’
écoute sont au service de la réalisation
de la vie chrétienne et religieuse, à considérer, selon Karl Rahner, comme
un processus de conversion permanente.
Deux termes bibliques peuvent nous
aider à mieux préciser la nature de ce processus et, par conséquent, à vivre
de façon plus consciente ces « moments de rénovation ».
– Dans l’Ancien Testament, la forme typique pour parler de la conversion
s’exprime par le verbe « shub », qui signifie « revenir »,
allusion claire à l’expérience originelle du rapport amoureux d’alliance entre
Yahvé et Israël. Il a une évidente connotation personnaliste : retrouver
l’être aimé. Le texte le plus éloquent est celui d’Osée : « Alors
elle dira : “Je vais retourner chez mon premier mari, car j’étais
plus heureuse alors que maintenant” […] Eh bien – oracle du Seigneur – je
vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur […] Et
là, elle répondra comme au temps de sa jeunesse, comme au jour où elle monta
du pays d’Egypte » (Os 2, 9.16-17).
Dans le Nouveau Testament, par contre, le terme
utilisé invariablement est celui de « métanoia », traduit
ordinairement par « conversion », mais qui, à la lumière
des nombreux textes où il se trouve, signifie mieux « renversement de
l’esprit », c’est-à-dire un changement dans la façon voir, de juger et
de vivre. Il d’agit en somme d’une « trans-évaluation », comme la
« conversion de saint Paul » (Ac 9 ; Ga 1,15 ;
Ph 3, 7-14 ; 1 Tm 1,12-16), où tout ce qu’on estimait
auparavant comme valeur et gain, est à présent considéré comme une perte et
objet de mépris, en face de la récupération de ce qui vaut vraiment :
le Christ le Seigneur
.
Je pense que les deux termes « retour »
et « transformation » ne s’excluent pas l’un l’autre. En effet,
nous qui avons pris l’option de croire en Lui, de Le suivre et de L’imiter,
c’est-à-dire nous qui nous sommes « convertis à Lui », nous sommes
sans cesse invités à « revenir à Lui ».
Se convertir au Christ, c’est donc
« repartir du Christ », c’est-à-dire « retrouver le
premier amour, l’étincelle inspiratrice à partir de laquelle a commencé la
sequela Christi. Le primat de l’amour lui revient » (RdC 22).
Ces textes éclairent l’article
des Constitutions qui affirme que ces exercices « sont des temps de reprise
spirituelle ». L’expression évoque la « mémoire biblique »
et nous rappelle un autre passage de l’Evangile : la scène de Jésus avec
ses disciples qui rentrent de leur première expérience apostolique, enthousiasmés
par « tout ce qu’ils avaient fait et enseigné ». Jésus répond à
leur euphorie par l’invitation : « Venez vous aussi à l’écart dans
un endroit désert, et reposez-vous un peu » (Mc 6, 30-31). Ce texte
fait partie du passage qui, par excellence, indique ce que nous appelons « charité
pastorale » (Mc 6, 30-44). Et de fait, comment pouvons-nous arriver
à aimer en vrais pasteurs nos destinataires, sans
nous reposer d’abord seuls avec Jésus ?. Chez qui et comment apprendre
à avoir compassion des gens égarés, sinon auprès du Christ, comme a appris
Don Bosco (cf. Const. 11) ?
La clé de compréhension du texte
se trouve d’une part dans le « vous aussi» et de l’autre dans
« et reposez-vous ». En effet, les évangélistes constatent
tous que Jésus se retirait pour prier. Et c’est cela que Jésus appelle « se
reposer », « se récupérer », expression à profonde résonance
anthropologique et mystique, comme le montre notre expérience humaine, qui
nous dit que rien n’est aussi réconfortant que l’intimité et la communion
profonde avec Dieu. C’est à un tel repos que Jésus les invite « eux aussi ».
Notre genre de vie, qui présente
de nombreuses activités et peu de pratiques de piété en commun, court le risque
de nous faire tomber dans la frénésie de l’activité pour l’activité, avec
sa triple conséquence : fatigue physique, « stress » psychique
et superficialité spirituelle qui, au lieu de nous convertir en « contemplatifs
dans l’action », fait que nous sommes, dans le meilleur des cas, des
« workaholic », des maniaques du travail, ou dans le pire des cas,
de simples « fonctionnaires » plus que des missionnaires.
Pour faire obstacle à ces conséquences
négatives de l’activité pour elle-même et de donner de la profondeur à notre
vie, de gagner en signifiance et de la remplir d’un dynamisme qui nous fasse
vivre non en « bureaucrates » faisant ce que nous avons à
faire, mais en « créateurs » à l’image de notre Dieu et Père
créateur (cf. Jn 5, 17-18) et en « sauveurs » prolongeant
l’action salvifique du Seigneur Jésus (cf. Ac 3, 1-10), l’unique manière
est de devenir d’abord des « contemplatifs dans la prière ». Dans
l’intimité avec le Seigneur, nous nous rappellerons que le « maître »
de la vigne et de la moisson, c’est Lui, que celui « qui fait pousser
la semence », c’est Lui, que celui qui scande les rythmes, c’est Lui.
C’est aussi dans l’intimité avec Lui que nous apprendrons les secrets de son
Royaume, que nous approfondirons son plan de salut et que nous adopterons
sa charité pastorale.
Toujours selon l’article 91 de
notre Projet de vie, les récollections et les retraites spirituelles nous
offrent trois moyens privilégiés :
– Écouter la Parole de Dieu. À l’écoute l’article 87 attribue
la capacité d’être « source de vie spirituelle, aliment pour la prière,
lumière pour connaître la volonté de Dieu dans les événements, et force pour
vivre notre vocation dans la fidélité », à condition que, comme la Vierge
Marie, nous accueillions sans condition la Parole, la gardions précieusement
en nous et la fassions fructifier.
– Purifier le cœur. Cela requiert de rectifier et d’approfondir
les motivations et les significations, conscients de la valeur et du dynamisme
moteur qu’ont aujourd’hui les « significations », celles qui donnent
du sens à la vie, et de purifier ses sentiments, surtout ceux qui sont désordonnés
tant à cause de leur dépendance excessive des manifestations extérieures d’affection,
d’estime et de valorisation, qu’à cause d’un ressentiment, d’une amertume
et d’une frustration.
– Discerner sa volonté. C’est, en dernière instance, ce qui
importe et dont dépend notre bonheur. Ici aussi Marie, à l’annonciation, se
présente comme un modèle de recherche de la volonté de Dieu dans sa vie personnelle
(cf. Lc 1, 26-38). Plus qu’un fait ponctuel – comme recours dans les
moments de difficulté ou dans la prise de décisions importantes – le discernement
doit être une disposition de vie qui nous porte à chercher « la volonté
de Dieu, ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait »
(Rm 12, 2b).
Le fruit est double et ne pourrait
être plus désirable : avant tout gagner en unité intérieure, précisément
lorsque tout favoriserait la désintégration, au point parfois de mener à des
situations pathologiques ; et puis raviver l’attente du Seigneur, dont
le retard de la venue pourrait nous pousser à cesser de l’attendre et à chercher
simplement à survivre. En quelque sorte, c’est ce à quoi nous conduit ce temps
où l’on proclame la « mort des utopies ».
Retraite spirituelle du Recteur
majeur et du Conseil
Je voudrais à présent, vu sa connexion
avec le thème que je viens de développer, donner mon témoignage personnel
de la retraite spirituelle du Conseil général, prêchée par le P. Pierre
Braido dans la dernière semaine de juin. Elle a vraiment été un « itinéraire
spirituel » sous la sage conduite d’un authentique amoureux de Don Bosco,
qui nous a pris par la main pour nous faire parcourir les grandes étapes de
la route extérieure et intérieure de notre Père bien-aimé, de façon à nous
réchauffer le cœur. En nous rappelant sa biographie, le prédicateur nous offrait
quelques critères pour « Marcher vers l’avenir avec Don Bosco “prêtre
des jeunes”» ; c’était en effet le thème de la retraite.
Le point de départ a été l’affirmation
du principe que Don Bosco est pour nous SDB non seulement un point de référence,
mais un modèle de vie ; ce qui nous pousse à le connaître et à le comprendre
dans la totalité de son existence.
Le point de vue du prédicateur,
qui voulait nous aider à regarder Don Bosco dans son devenir historique, nous
a permis de mieux comprendre sa maturation personnelle, l’initiative de Dieu
qui le guidait et le développement de son œuvre. Il nous a aussi offert une
vision d’ensemble de ce qu’est la vie salésienne dans ses composantes fondamentales :
son identité, sa place dans l’Eglise et son rôle social, sa mission parmi
les jeunes et sa méthode d’éducation, la communauté de vie et d’action, le
style des conseils évangéliques, la spécificité de sa spiritualité, le profil
du salésien à former, son type d’animation et de gouvernement.
En vous présentant un petit commentaire
du thème, je voudrais partager avec vous quelques points de la vaste réflexion
qu’il a proposée et des résonances qu’elle a réveillées en moi.
– Marcher. Pour Don Bosco, comme pour tous les salésiens,
la vocation n’est pas quelque chose d’abstrait, mais une mise en mouvement
et une expérience de vie semblable à celle dont parle l’Evangile de Jean :
«Viens et vois» (cf. Jn 1, 39). Don Bosco a façonné ses salésiens en
racontant plus qu’en dissertant. Cela signifie que la vocation salésienne
doit encore se comprendre, se présenter et se vivre de cette façon. Elle est
une expérience qui devient immédiate, fascinante, convaincante, ayant des
choses à proposer. C’est peut-être ce que voulait indiquer le P. Viganò
quand il écrivait que « la naissance du salésien des temps nouveaux a
commencé avec Don Bosco » ; il est notre « incunable ».
Aujourd’hui comme hier, nous avons
besoin de mettre en œuvre la pastorale des vocations et de modeler les salésiens
en « racontant », en nous référant plus souvent et explicitement
à Don Bosco, à la manière du P. Barberis, un de ses biographes, qui en
racontant les « Antiquités » de l’Oratoire du Valdocco, nous en
donne les raisons : elles nous apprennent ce qui nous appartient, nos
méthodes, notre esprit de famille ; elles renforcent en même temps notre
sentiment d’appartenance, nous font sentir membres de la famille et nous rendent
protagonistes.
– Vers l’avenir. Il est bien vrai que les jeunes sont notre
avenir, même s’il faut dire qu’ils ne sont pas pur songe ni utopie, parce
qu’ils apportent avec eux leur hérédité et leurs expériences. Pourtant Don
Bosco a su être jeune et donc en syntonie avec l’avenir à force d’être au
milieu des jeunes. Les exigences des jeunes et leurs besoins ont déterminé
l’avenir de Don Bosco et aujourd’hui encore orientent et doivent orienter
les décisions de notre Congrégation.
– Avec Don Bosco. Dans l’expérience du Valdocco il est clair
qu’il y a eu une maturation de sa mission et par conséquent un passage de
la joie d’« être avec Don Bosco » à « être avec Don Bosco pour
les jeunes », d’« être avec Don Bosco pour les jeunes de façon stable »
à « être avec Don Bosco pour les jeunes de façon stable avec des vœux ».
Le fait d’être avec Don Bosco n’exclut pas « a priori » l’attention
à son époque, qui l’a modelé ou conditionné, mais il requiert de vivre avec
le même engagement ses options, son dévouement, son esprit d’entreprise et
d’avant-garde.
– Prêtre des jeunes. Le génitif « des jeunes » est
à la fois objectif et subjectif : Don Bosco est prêtre pour les jeunes,
étant pour eux et à leur service ; en même temps il est prêtre des jeunes,
leur appartenant et étant sollicité par eux. Il est tout entier pour les jeunes
et toujours avec les jeunes. Être avec les jeunes et être à leur disposition
connote profondément notre façon d’être salésiens comme Don Bosco. Nous ne
pouvons pas nous imaginer éloignés, détachés, indifférents vis-à-vis des jeunes ;
la proximité des jeunes est le premier pas que nous devons tous faire aujourd’hui
avec décision.
Tout cela fait de Don Bosco quelqu’un de fascinant et, dans notre cas,
un père à aimer, un modèle à imiter, mais aussi un saint à invoquer. À ce
sujet il vaut la peine de rappeler la lettre écrite par le P. Ricaldone
après la canonisation de Don Bosco, où il dit : « Il serait réductif
de penser que Dieu n’aurait envoyé Don Bosco que pour les salésiens ou pour
la Famille salésienne. Non ! Dieu l’a envoyé comme un don pour toute
l’Eglise, pour le monde entier. Et nous devons le faire connaître et promouvoir
sa dévotion ».
À la fin de la retraite nous étions vraiment satisfaits de l’expérience
que nous avions faite. Si pour tous les salésiens il est important de
connaître Don Bosco, pour l’avoir comme point normatif de référence,
cela devient une tâche imprescriptible pour le Recteur majeur et les
conseillers généraux, appelés précisément à être ses continuateurs dans
la conduite de la Congrégation. Nous nous rendons compte que plus
augmente la distance de notre Fondateur, plus réel est le risque de
parler de Don Bosco sur la base de « lieux communs », d’anecdotes, sans
une vraie connaissance de notre charisme. D’où l’urgence de le
connaître par la lecture et l’étude ; de l’aimer de façon affective et
effective comme un père et un maître pour son héritage spirituel ; de
l’imiter en cherchant à lui ressembler, en faisant de la Règle de vie
notre projet personnel. Tel est le sens du retour à Don Bosco, auquel
j’ai invité toute la Congrégation et moi-même dès mon premier mot du
soir, par l’étude et l’amour qui cherchent à comprendre, pour éclairer
notre vie et les défis actuels. Avec l’Evangile, Don Bosco est notre
critère de discernement et notre idéal d’identification. Je saisis
l’occasion pour vous encourager à avoir toujours davantage Don Bosco
comme référence pour la rénovation spirituelle et pastorale dans les
Provinces.
Visite à la Province du Portugal
Aussitôt après la retraite à Fatima,
et pour profiter de ma présence au Portugal, j’ai fait une visite d’animation
à cette Province où, en plus des directeurs et du Conseil provincial, j’ai
rencontré des confrères, des groupes de la Famille salésienne, des élèves
de nos écoles, des enseignants et des collaborateurs laïcs, dans les œuvres
de Porto, de Mogofores, de Lisbonne, de Manique et d’Estoril.
Plusieurs de ces œuvres font impression
par la qualité de leurs bâtiments, le genre de leurs destinataires, la réputation
qu’elles ont dans la société et devant les autorités civiles ; mais la
Province compte aussi un éventail de présences variées et significatives sur
le terrain de la marginalité et de la promotion sociale.
Je mentionne trois points qui caractérisent
en particulier la Province du Portugal. Ce qui frappe le plus ceux qui connaissent
son histoire, c’est son esprit missionnaire. Il est bon de rappeler que cette
Province a été, également pour des raisons politiques, responsable de la naissance
et du développement salésien à Goa, à Timor Est, à Macao, au Mozambique, au
Cap-Vert et dans les Açores. Si elle a cessé d’être présente dans les trois
premiers lieux, elle continue à gérer les œuvres dans les trois autres pays.
Une seconde caractéristique est
la dévotion mariale du Portugal salésien, due en partie à l’influence de Notre-Dame
de Fatima – il ne pourrait en être autrement –, mais aussi par la diffusion
qu’y a eue la dévotion à Marie Auxiliatrice. Pour nous salésiens, la piété
mariale est une preuve et une garantie de fidélité charismatique.
Je puis enfin indiquer l’intense
religiosité populaire de tout le pays, qui offre de grandes possibilités pour
une féconde pastorale des jeunes et des vocations de qualité. Et précisément
parce que commence à se répandre laïcisme, il est important que les salésiens
puissent aider les enfants à lui faire face par une éducation de la foi qui
conduise à rencontrer le Christ et approfondisse des options de vie chrétienne.
La prochaine béatification de la Vénérable Alessandrina da Costa devra être
un motif de proposer à nouveau la sainteté salésienne des jeunes ; ce
sera une façon efficace de rendre grâce à Dieu de ce don.
Visite en Terre Sainte
Au début d’avril, j’ai visité la
Terre Sainte, à l’occasion de la célébration du centenaire de la Province
du Moyen-Orient, fondée par don Rua en 1902, année où le premier successeur
de Don Bosco érigea juridiquement 32 Provinces. La célébration avait été programmée
pour le 12 mai 2002, mais l’intifada et le couvre-feu ont obligé par
deux fois à la différer. Même si la situation politique n’a pas changé et
même s’est aggravée avec la guerre en Iraq, j’ai décidé d’être présent parmi
les confrères qui vivent depuis si longtemps dans cette lourde atmosphère.
La visite a été préparée par le
Provincial avec son Conseil comme un pèlerinage. C’est pourquoi je suis allé
à Nazareth, où j’ai célébré l’Eucharistie dans la Grotte de l’Annonciation
avec la participation des confrères de la communauté, des Filles de Marie
Auxiliatrice, d’un petit groupe de Coopérateurs et d’Anciens élèves. Ce fut
une occasion pour réfléchir sur la vocation à la lumière de Marie et pour
apprendre d’Elle à donner une réponse positive au projet de Dieu sur nous.
C’est possible dans la mesure où nous développons les dispositions fondamentales
de Marie : la recherche continuelle de la volonté de Dieu, son accueil
comme projet de vie, la docilité à l’action de l’Esprit Saint de façon qu’Il
soit notre guide.
Il y a eu aussi un rencontre avec
les élèves et les professeurs et un moment de fête avec la participation des
membres de la Famille salésienne, de la communauté éducatrice et d’autorités
ecclésiastiques et civiles. Le climat continuel d’hostilité et de terrorisme,
qui a privé les lieux saints de touristes et de pèlerins, a renversé la nouvelle
économie palestinienne et alourdi l’atmosphère sociale.
Nous avons poursuivi par la visite
de la communauté de Beit Gemal, un lieu très beau et de grande valeur, situé
en contexte hébreu, où notre mission se réduit au témoignage et à l’accueil.
Dans l’église de saint Etienne, nous avons célébré l’Eucharistie à laquelle
ont également pris part la communauté des Sœurs de Bethlehem et de la Vierge
Montée au ciel et de saint Bruno et trois frères prêtres de cette même Congrégation.
Il s’agit de deux communautés religieuses de vie contemplative, qui ont été
accueillies dans notre propriété pour qu’elles y établissent leur couvent.
De Beit Gemal nous nous sommes
rendus à la basilique du Saint Sépulcre, où nous avons eu un temps bref mais
intense de prière devant le Calvaire et au Saint Sépulcre même. Le pouvoir
de la mort et le triomphe final de la vie trouvent ici leur meilleure icône.
Le sanctuaire tout entier est rempli du Christ et le Christ tout entier est
là, parce qu’Il a pris sur lui nos fautes et notre mort, et parce qu’Il est
le premier-né de ceux qui ressuscitent des morts. Je ne puis taire l’émotion
profonde que j’ai ressentie, comme Jésus devant la tombe de son ami Lazare,
étant présents la force de la mort, celle qui ôte le sens à la vie, et en
même temps le dynamisme de l’amour qui vainc la mort. Dommage que le temps
ne nous ait pas permis de rester plus longtemps ; j’en avais besoin.
Ensuite nous nous sommes rendus
à Cremisan pour rencontrer les confrères du scolasticat, formateurs et étudiants.
Ce fut un moment très beau, tout comme l’ambiance de famille que j’y ai trouvée.
Enfin nous sommes allés à Bethléem,
où nous avons visité la Grotte de la Nativité. J’ai pu y rester plus longtemps
en prière. Je puis assurer que je vous ai rappelés tous, pendant que j’apportais
avec moi les préoccupations du monde, les besoins de la Congrégation et de
la Famille salésienne, les attentes et les besoins des jeunes. Le Dieu incarné,
qui a fait l’expérience de ce que signifie être homme sauf le péché, est un
prêtre plein de compassion qui intercède pour nous auprès du Père.
À Bethléem il y a eu ensuite une
rencontre avec les jeunes du patronage et du centre de formation professionnelle,
et avec les confrères de la communauté de la Maison du Pain, qui fait vraiment
honneur à son nom, puisque malgré les circonstances actuelles qui réduisent
son économie zéro, elle continue à distribuer gratuitement du pain chaque
jour.
Le point culminant de la visite
a été la célébration du centenaire, le dimanche 6 avril. On a voulu souligner
la reconnaissance à Dieu plus que la fête, également parce qu’il n’aurait
pas été juste de faire une fête au milieu de tant de souffrances. À la célébration
eucharistique ont participé un grand nombre de prêtres salésiens et d’autres
religieux. Dans mon salut d’ouverture, j’ai dit que la visite du Recteur majeur
ne se voulait par une simple commémoration, mais désirait surtout signifier
l’engagement renouvelé de la Congrégation en faveur des jeunes de Terre Sainte,
dont nous voulons continuer à être les compagnons de route, comme le pèlerin
d’Emma