Rome, 25 décembre 2010
Solennité de la Naissance du Seigneur
Très chers confrères,
où que vous soyez, que ma salutation vous apporte mes très vifs souhaits d'une belle, joyeuse et féconde célébration du mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. Evidemment, il ne s'agit pas d'une affirmation de foi qui n'aurait rien à voir avec notre vie. Au contraire, cette confession de foi devient une révélation du mystère de la personne humaine et donc un programme de vie. En effet, Il s'est fait homme, en plénitude comme nous, en partageant en toute chose, sauf dans le péché, notre pauvre condition humaine pour nous permettre de devenir des fils de Dieu. Il n'est pas venu consacrer notre nature humaine, mais la transformer de l'intérieur, et la rendre nouvelle en l'assumant pleinement. Notre vocation est celle-ci : reproduire fidèlement en nous son image (cf. Rm 8,29), et c'est aussi notre mission : « nous éduquons et nous évangélisons selon un projet de promotion intégrale de l'homme, orienté vers le Christ, homme parfait » (Const. 31).
Après ma dernière lettre vous pouvez trouver les activités qui ont été menées au cours de ces mois-ci, en lisant la chronique
du Recteur majeur, même si l'ANS offre un service riche en informations sur presque tous mes voyages et engagements, sur presque toutes mes visites et interventions. Toutefois, je considère comme opportun de faire une allusion à quelques événements et/ou à quelques célébrations qui revêtent une plus grande importance.
Avant tout, la visite extraordinaire à la Délégation de Malte, au début de septembre, tandis que mon Vicaire visitait l'Irlande, a été une occasion pour revivre l'expérience de me rapprocher des communautés, non pour des motifs de fêtes ou d'anniversaires, mais pour connaître les présences salésiennes, les contextes dans lesquels elles se trouvent pour vivre la vie salésienne et effectuer la mission, et connaître aussi les défis qu'elles affrontent et les projets qu'elles font avancer. D'habitude dans la Congrégation les visites extraordinaires sont faites par les Conseillers Régionaux ou par d'autres visiteurs, aux termes de l'art. 104 des Règlements qui établit : « Le Recteur majeur peut visiter personnellement ou faire visiter par d'autres les provinces et les communautés locales, toutes les fois qu'il le juge nécessaire ». Je pense que pour les confrères la visite a été une bouffée d'air frais dans leurs poumons et pour moi une véritable grâce.
L'Assemblée mondiale des Anciens Elèves, fin septembre et début octobre, a été accomplie dans un climat de grande sérénité et de haute responsabilité. Encore une fois j'ai pu constater l'immense énergie que nous avons à notre disposition dans cette Association, mais dont jusqu'ici nous n'avons pas réussi pleinement à bénéficier. Je pense que nous sommes en train de gaspiller un potentiel qui pourrait être de grande importance si nous aidions les anciens élèves à passer de la simple anecdote d'avoir été élèves d'une école salésienne à la prise de conscience du don de l'éducation salésienne et, en conséquence, à leur engagement pour enrichir les familles et la société au moyen des valeurs apprises et pour œuvrer comme de vraies fédérations et confédérations avec des projets clairs et efficaces. Ici nous avons un défi à relever en tant que Congrégation.
Toutefois, à mon avis, l'événement le plus important que nous ayons célébré pendant cette période a été le Congrès International "Don Rua dans l'histoire", qui a vu l'admirable et globale représentation des Provinces de l'entière Congrégation, la participation de valeur des Filles de Marie Auxiliatrice et de quelques autres membres de la Famille Salésienne. Avec le Congrès organisé il y a un an par l'ACSSA (Association des Amateurs d'Histoire Salésienne), ce Congrès International nous a offert comme fruit le plus précieux une image vraiment riche, je dirais inédite, de don Rua. Désormais on ne pourra plus continuer à le présenter uniquement avec l'étiquette des clichés classiques employés pour le définir comme "la Règle vivante" ou "l'autre Don Bosco", mais on devra l'étudier en sachant qu'il représente, quant à lui, la phase la plus marquante pour l'histoire de la Congrégation, c'est-à-dire celle de la transition après la mort de Don Bosco fondateur. Tandis que j'espère que les Provinces organiseront des congrès ou des séminaires provinciaux sur ce thème, je vous renvoie tous vers la lecture et l'étude des textes, déjà rassemblés, des deux Congrès. Ce sera la meilleure mise en route pour la préparation au bicentenaire de la naissance de Don Bosco.
D'autre part, je ne peux pas ne pas rappeler la réunion de tous les Provinciaux de l'Europe, convoqués à Rome du 26 au 28 novembre, pour continuer la réflexion — déjà développée au cours des deux précédentes rencontres — sur le "Projet Europe". Par ce Projet il est proposé de réaliser la revitalisation endogène du charisme en Europe ; de mettre en route et de consolider les processus capables de rénover la signification, la mise en place et l'organisation des présences salésiennes dans ce continent ; d'assumer l'engagement de la nouvelle évangélisation en faveur de l'Europe, également avec l'envoi de "missionnaires" provenant de toutes les parties de la Congrégation. Cette troisième rencontre des Provinciaux de l'Europe a contribué à établir une plus grande clarté et à rendre plus concrets les objectifs à atteindre pendant les deux années 2011-2012.
Enfin, avant de vous présenter l'Etrenne 2011, je rappelle que le P Marek Chrzan a été nommé Conseiller pour la Région Europe Nord à la suite de la renonciation, pour des motifs de santé, du P Stefan Turansk3'T, auquel je renouvelle publiquement ma gratitude pour le généreux service réalisé au cours de ces deux dernières années qui ont suivi son élection. En outre, j'ai nommé Postulateur pour les Causes de béatification et de canonisation le P Pier Luigi Cameroni en remplacement du P Enrico Dal Covolo, nommé par le Saint-Père Recteur Magnifique de l'Université Pontificale du Latran et ensuite ordonné Evêque.
Et, sans plus attendre, je passe à vous présenter l'Etrenne de 2011. Je le fais avec la certitude de faire un agréable cadeau, en raison soit de la valeur que l'Etrenne comme telle a dans notre tradition salésienne depuis les temps de Don Bosco, soit du thème choisi qui concerne notre vie et notre mission. Je vous invite aider les jeunes à découvrir que la vie est une vocation et, plus concrètement, à faire mûrir des projets de vie apostolique grâce l'éducation dans la foi, à l'intégration dans l'Eglise, à l'écoute de la Parole, à la prière, à la participation à la vie sacramentelle, à l'accompagnement spirituel et à l'initiation dans le travail apostolique.
* *
« Venez et vous verrez »
(Jn 1,39)
La nécessité d'appeler
Très chers frères et soeurs,
tous membres de la Famille Salésienne et amis de Don Bosco,
je vous salue avec la grande affection et l'estime que je nourris pour chacun d'entre vous en vous souhaitant une .année nou
velle remplie des bénédictions que le Père a voulu nous donner dans l'incarnation de son Fils.
Je vous écris pour présenter l'Etrenne de 2011, avec la certitude de vous faire un don apprécié soit en raison de la valeur que l'Etrenne, en tant que telle, a dans notre tradition salésienne depuis les temps de Don Bosco, soit en raison du thème choisi qui a de l'importance pour notre vie, notre mission et notre capacité d'aider à découvrir que la vie est une vocation, soit aussi en raison de l'époque que nous vivons comme Eglise et comme Famille Salésienne, surtout en Occident.
Après l'Etrenne de 2010, "Seigneur, nous voulons voir Jésus", qui portait sur l'urgence d'évangéliser, il m'a semblé qu'il était plus logique et naturel de lancer vers la Famille Salésienne tout entière un appel rempli de tristesse à entendre, en même temps que nous SDB, la nécessité d'appeler. En effet, nous salésiens,
"nous ressentons aujourd'hui plus fortement que jamais le défi d'établir une culture de la vocation dans chaque milieu, de manière que les jeunes découvrent la vie comme un appel et que toute la pastorale salésienne devienne réellement une pastorale de la vocation. Cela demande d'aider les jeunes à surmonter la mentalité marquée d'individualisme et la culture de l'autoréalisation, qui les pousse à projeter l'avenir sans se mettre à l'écoute de Dieu ; cela demande aussi d'impliquer et de former les familles et les laïcs. Un engagement particulier doit être porté pour susciter chez les jeunes la passion apostolique. Comme Don Bosco nous sommes appelés à les encourager à être apôtres de leurs copains, à assumer diverses formes de service ecclésial et social, à s'engager dans des projets missionnaires. Pour favoriser un choix de vocation avec engagement apostolique, on devra proposer à ces jeunes une vie spirituelle plus intense et un accompagnement personnel systématique. Tel est le terrain dans lequel fleuriront des familles capables d'un témoignage authentique, des laïcs
engagés à tous les niveaux dans l'Eglise et dans la société et aussi des vocations pour la vie consacrée et pour le. ministère" .1
Evangélisation et vocation, chers frères et soeurs, sont deux éléments inséparables. Et même, un critère d'authenticité d'une bonne évangélisation est constitué par sa capacité de susciter des vocations, de mûrir des projets de vie évangélique, d'engager entièrement la personne de ceux qui sont évangélisés, jusqu'à les rendre disciples et apôtres.
Une donnée historique de la vie de Jésus, confirmée par l'ensemble des quatre évangélistes, permet de savoir que, dès le commencement de son activité d'évangélisation (cf. Mc 1,14-15), Jésus appela quelques hommes à le suivre (cf. Mc 1,16-20 ; Mt 4,18-22 ; Lc 5,10-11 ; Jn 1,35-39). Ces hommes devinrent ainsi ses premiers disciples, ceux « qui nous ont accompagnés, dira saint Pierre, tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé » (Ac 1,21-22).
La vocation de ces premiers disciples, rapportée dans l'Evangile selon saint Jean, est le fruit d'une rencontre personnelle qui suscite en eux une attraction, une fascination qui transforme leur esprit et surtout leur coeur, quand ils reconnaissent en Jésus Celui en qui se réalisent les attentes les plus profondes, les prophéties, le Messie attendu. Cette expérience les relie tellement à la personne de Jésus qu'ils le suivent avec enthousiasme et communiquent à d'autres leur expérience en les invitant à la partager, en rencontrant personnellement Jésus. L'Evangile selon saint Luc parle aussi du groupe de femmes qui accompagnent et aident le Seigneur (cf. Lc 8,1-3), ce qui veut dire que Jésus avait des femmes parmi ses disciples, dont quelques-unes seront des témoins de sa mort et de sa résurrection (cf. Lc 23,5524,11.22).
1 CG26, Da mihi animas, caetera toile, Rome, 2008, n. 53 : "Vocations à l'engagement apostolique".
C'est pourquoi, chers frères et soeurs, je vous invite à être pour les jeunes de vrais guides spirituels, comme Jean-Baptiste qui indique Jésus à ses disciples en leur disant : "Voici l'agneau de Dieu" (Jn 1,36). De cette manière, ils partiront derrière lui, au point que Jésus, qui se rendra compte que quelques-uns le suivent, s'adressera directement à eux en leur demandant : "Que cherchez-vous ?", et eux, pris du désir de connaître en profondeur qui est ce Jésus, lui demanderont : "Rabbi, où demeures-tu ?" (Jn 1,38). Et Lui les invitera, comme les premiers disciples, à faire une expérience de vie en commun avec lui : "Venez et vous verrez". C'est de quelque chose d'immensément beau qu'ils auront fait l'expérience à partir du moment où "ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui" (Jn 1,39).
Voici une première caractéristique de la vocation chrétienne : une rencontre, une relation personnelle d'amitié qui remplissent le coeur et transforment la vie. Cette rencontre qui opère une transformation est la foi qui, animée par la charité, fait des croyants et des communautés chrétiennes les propagateurs de la Bonne Nouvelle de l'Evangile de Jésus. Dans la première épître aux Thessaloniciens Paul l'exprime ainsi : "Ayant accueilli la Parole, vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et d'Achaïe ; par votre intermédiaire la Parole du Seigneur s'est répandue partout" (cf. 1 Th 1,6-8). Nous sommes donc appelés à renouveler en nous ce dynamisme propre à la vocation : communiquer et partager l'enthousiasme et la passion avec lesquels nous sommes en train de vivre notre vocation, de telle manière que notre vie devienne elle-même une proposition de vocation pour les autres. C'est justement ainsi que fit Don Bosco, qui, plus que des campagnes de vocations, sut établir à Valdocco un "microclimat" au sein duquel grandissaient et mûrissaient les vocations, en façonnant une authentique culture des vocations dans laquelle la vie est conçue et vécue comme un don, comme une vocation et une mission, dans la diversité des options.
1. Revenir à Don Bosco
Invités à repartir de Don Bosco pour comprendre de mieux en mieux et pouvoir assumer avec plus de fidélité la passion qui était brûlante dans son coeur et le poussait à rechercher la gloire de Dieu et le salut des âmes, imitons-le dans son inlassable activité pour encourager les vocations au service de l'Eglise, qui constituent le fruit le plus précieux de son oeuvre d'éducation et d'évangélisation, de formation humaine et chrétienne des jeunes. Son expérience et ses critères et attitudes pourront éclairer et orienter notre engagement dans le domaine de la vocation.
"Don Bosco, tout en oeuvrant avec une inlassable générosité pour encourager diverses formes de vocations dans l'Eglise, appelait quelques jeunes à demeurer pour toujours avec lui. Pour nous aussi, la proposition de la vocation consacrée salésienne, adressée aux jeunes, fait partie de la fidélité à Dieu en raison du don reçu. C'est à cela que nous pousse le désir de partager la joie de suivre le Seigneur Jésus, en demeurant avec Don Bosco, pour donner de l'espérance à de nombreux autres jeunes du monde entier" .2
Don Bosco vécut, ne l'oublions pas, dans une ambiance peu favorable et, à certains égards, hostile au développement des vocations ecclésiastiques. Le nouveau régime constitutionnel du Royaume de Sardaigne, avec les libertés qui en découlaient (liberté de la presse, liberté de conscience, liberté de culte) et la potentielle "déconfessionnalisation" de l'Etat, avait produit un désaccord croissant avec l'Eglise. La liberté de culte et la propagande protestante qui était active désorientaient les gens simples du peuple, en présentant une image négative de l'Eglise, du Pape, des évêques et des prêtres. Il s'était établi dans le peuple et surtout parmi les jeunes un climat nationaliste imprégné des idées libérales et anticléricales.
2 CG26, Da mihi animas, caetera toile, Rome, 2008, n. 54 : "Accompagnement des candidats à la vie consacrée salésienne".
Don Bosco lui-même écrivait en rappelant cette époque : "un esprit de bouleversement se leva contre les ordres religieux, les Congrégations ecclésiastiques ; et plus tard d'une manière générale contre le clergé et toutes les autorités de l'Eglise. Ce cri de fureur et de mépris pour la religion entraînait derrière lui la conséquence d'éloigner la jeunesse de la moralité, de la piété ; et donc de la vocation à l'état ecclésiastique. C'est pourquoi il n'y avait aucune vocation religieuse et presque aucune pour l'état ecclésiastique. Tandis que petit à petit les instituts religieux disparaissaient, les prêtres étaient bafoués, certains mis en prison, d'autres placés en résidence surveillée, comment donc humainement parlant était-il possible de développer l'esprit de vocation ?".8
Mais observez, chers frères et soeurs, comment réagit Don Bosco. Il ne se perd pas en lamentations, mais aussitôt il s'ingénie pour rassembler et travailler les vocations, comme aussi pour développer la formation de jeunes abbés restés sans séminaire, s'occuper de ces garçons qui avaient un bon fond et les diriger vers la carrière ecclésiastique. A l'Oratoire, avec les jeunes travailleurs, orphelins, Don Bosco accueille très tôt des garçons et des jeunes ayant bon esprit qui présentent des signes pour se diriger vers le sacerdoce et vers la vie religieuse. Il se dévoue avec attention et priorité à leur formation, une formation active et pratique avec un accompagnement personnel et dans une ambiance de forte valeur spirituelle et apostolique. A partir des années 1860 la section des "étudiants" de l'Oratoire de Valdocco est considérée comme une espèce de séminaire. Don Bosco lui-même écrit dans les Souvenirs autobiographiques "que la maison de l'Oratoire fut le séminaire diocésain pendant presque vingt ans".' D'après ce
Cenno storico sulla Congregazione di S. Francesco di Sales e relativi schiarimenti [Aperçu historique sur la Congrégation de Saint François de Sales et explications relatives], Rome, Imp[rimerie] Polyglotte 1874. Dans OE XXV, p. 233.
Souvenirs autobiographiques, Paris, Apostolat des Editions, 1978, p. 207. Mettre au service du diocèse comme petits séminaires ses (nouvelles) écoles privées fut un motif primordial de l'expansion de l'oeuvre salésienne, cf. A. J. LENTI, Don Bosco, History and Spirit, Vol. 5 : Institutional Expansion [Expansion de l'Institution], Rome, LAS, 2009, pp. 49-73.
qu'écrit le P. Braido, entre 1861 et 1872, entrèrent au Séminaire de Turin 281 jeunes qui provenaient de l'Oratoire.'
Comment Don Bosco concrétise-t-il cet engagement pour développer les vocations ?
Avant tout Don Bosco portait une attention particulière découvrir les signes possibles de vocation chez les jeunes avec lesquels il entrait en contact quand il allait prêcher dans les églises des différents villages et chez les jeunes accueillis l'Oratoire de Valdocco. Il remarque qu'au milieu de la masse de ses jeunes, chez certains émergent les conditions pour une proposition de vocation, jusqu'alors cachées par un environnement de manières rustres jointes à l'ignorance. Ces pauvres jeunes de l'Oratoire, en effet, unissaient à la bonne conduite un esprit éveillé ; il les met donc à l'épreuve comme animateurs parmi leurs compagnons et les étudie au moyen d'un accompagnement spécial de sa part. Etant donné que Don Bosco ne reste pas attendre un développement presque automatique de la vocation, il sait par expérience que l'instabilité des jeunes peut la mettre sérieusement en danger. C'est pourquoi il collabore activement avec le don de Dieu en établissant une ambiance adaptée, en y maintenant un climat spirituel correspondant aux exigences de développement de la vocation, et en s'engageant à être un animateur et un guide de ceux chez lesquels il reconnaît après vérification un appel venu de Dieu à la vie sacerdotale et religieuse ou à la coopération salésienne dans la diversité de ses expressions.
1. Le premier engagement de Don Bosco est d'établir une ambiance, nous dirions aujourd'hui une culture, dans laquelle il soit possible d'accueillir favorablement la proposition de vocation et de la mener à maturation.
'Cf. P. BRAIDO, Don Bosco, prete des giovani nel secolo delle libertà [Don Bosco, prêtre des jeunes au siècle des libertés], Vol. I, Rome, LAS, p. 544.
- Une ambiance de familiarité dans laquelle Don Bosco partage tout avec les jeunes. Il se trouve avec eux dans la cour de récréation, les écoute, favorise un climat de joie, de fête et de confiance qui ouvre les coeurs et fait que les jeunes se sentent comme en famille. La joie qui émanait de toute la personne de Don Bosco, tandis qu'il effectuait son apostolat marqué de sacrifice et d'enthousiasme, était déjà en elle-même une proposition de vocation. Les jeunes au contact avec Don Bosco dans la vie quotidienne faisaient la grande et exaltante expérience d'être et de se sentir vraiment les membres d'une famille, en apprenant à ouvrir leur coeur et à regarder l'avenir avec optimisme et espérance.
- Ce climat de joie et de famille est alimenté par une forte expérience spirituelle. La vision religieuse du monde que Don Bosco possède et qui unifie son activité multiforme se transmet presque spontanément comme par contagion aux jeunes qui apprennent à vivre en présence de Dieu. Un Dieu qui les aime et a pour chacun d'eux un projet de bonheur et de vie pleine. S'établit dans l'Oratoire un climat spirituel qui oriente vers la relation interpersonnelle avec Dieu et avec les frères et qui imprègne toute la vie. Ce climat est alimenté par une simple mais constante piété sacramentelle et mariale. La prière qui oriente les jeunes à une relation personnelle d'amitié avec Jésus et avec Marie et l'expérience sacramentelle appropriée qui soutient et stimule l'effort de croissance dans la vie quotidienne constituent la première ressource pour travailler et faire mûrir les vocations.
- Une troisième caractéristique de l'ambiance établie par Don Bosco était la dimension apostolique. Dès le début Don Bosco entraîne à sa suite les jeunes, en particulier ceux qui présentent des signes de vocation, pour qu'ils l'accompagnent dans son oeuvre d'éducation et de catéchèse. Il leur confie quelques compagnons plus insupportables pour qu'en gagnant leur amitié ils les aident à s'insérer positivement dans l'ambiance et dans la vie de l'Oratoire. De cette façon les jeunes apprennent
à travailler pour les autres avec un grand engagement et un total désintéressement. Ils apprennent aussi à se rendre eux-mêmes de plus en plus disponibles et ouverts aux exigences de l'apostolat, en mûrissant leurs motivations personnelles et en faisant toute chose pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Don Bosco, au moyen d'un accompagnement attentif et constant, fait en sorte que ce service d'apostolat au milieu des compagnons, vécu avec enthousiasme et disponibilité, tandis qu'il manifeste son efficacité en conduisant sur le chemin du bien ceux auxquels il s'adresse, devienne aussi une "proposition" concrète de vie pour ces jeunes que lui-même avait choisis. Dans ce climat naissent et se développent les Compagnies, considérées par Don Bosco comme une expérience clé de l'ambiance et de la proposition éducative de l'Oratoire.
2. En même temps que l'ambiance, Don Bosco offre aux jeunes et aux adultes qui cherchent une orientation pour leur vocation un accompagnement spirituel. Le lieu naturel où Don Bosco offre l'aide de la direction spirituelle est le confessionnal, mais pas uniquement : Don Bosco propose et facilite, de différentes manières, des possibilités de rencontre et d'entretien entre les "fils de la famille" et le "père", en offrant à tous une expérience profonde d'éducation et de direction spirituelle. Son action s'adapte diversement et d'une manière personnalisée selon qu'il s'agit de jeunes ou d'adultes, qui sont candidats à la vie ecclésiastique, à la vie religieuse ou simplement à la vie de bon chrétien et d'honnête citoyen. Egalement son action d'accompagnement se fait particulière et attentive pour suivre des Coopérateurs, des Filles de Marie Auxiliatrice, des Salésiens, etc.
Un des traits qui frappent le plus quand on observe Don Bosco dans son action de directeur spirituel, réside dans le discernement et la prudence dont il fait preuve lorsqu'il conseille au sujet de la vocation. Bien qu'à cette époque l'Eglise manquât de pasteurs et que lui-même eût un urgent besoin de collaborateurs, don Rua en témoigne, sous la foi du serment, "il ne conseillait ja
mais d'y entrer [dans la vie sacerdotale ou religieuse] à quelqu'un qui n'en remplissait pas les conditions requises nécessaires. Au sujet de différentes personnes j'ai appris qu'il les dissuada malgré leur désir".6
Sans cesse poussé par un prudent discernement, il se donne du mal pour amener à réfléchir ceux qui, même s'ils en avaient les qualités, n'avaient jamais pensé à devenir prêtres ou religieux. Don Bosco, un peu à la fois, leur présentait quelques considérations capables de les aider à repenser leur option, et aucun d'entre eux n'a jamais été mécontent d'avoir suivi son conseil.
La direction spirituelle de Don Bosco est tout à fait éclairée par le "don du conseil" qui le rend capable d'orienter avec sûreté ceux qui s'adressent à lui.
3. Le travail très intense que Don Bosco accomplit en faveur des vocations est soutenu par un intense amour envers l'Eglise : il engage toutes ses forces, avec un total dévouement, pour procurer son bien. C'est justement cet amour envers l'Eglise qui nous permet de comprendre l'importance qu'il donnait à l'activité apostolique menée pour développer les vocations et son insistance pour obtenir de tous un travail effectué d'un commun accord et un engagement visant à procurer à l'Eglise le grand trésor que représentent les vocations. Ainsi il avait l'habitude de dire : "Nous faisons cadeau d'un grand trésor à l'Eglise quand nous procurons une bonne vocation ; que cette vocation ou ce prêtre aille dans un Diocèse, dans les Missions ou dans une maison religieuse, cela n'a pas d'importance. C'est toujours un grand trésor dont on fait cadeau à l'Eglise de J[ésus] C[hrist]".' La vision du bien de toute l'Eglise ne le quitte jamais, pas même lorsqu'il dépense ses énergies, son temps, les moyens financiers qui lui coûtent tant de fatigues, ni lorsqu'il utilise le service de son personnel bien peu nombreux ou ses Maisons.
° Summarium, p. 676, § 14. [Document contenant les dépositions effectuées par des témoins sur les vertus de Don Bosco en vue de la Béatification et de la Canonisation]. ' MB XVII, p. 262.
`Accourez, accourez vite pour sauver ces jeunes... ".8 L'appel de Don Bosco mourant peut être considéré comme un appel adressé non seulement aux personnes présentes à ce moment-là dans sa chambre, mais à toute la Famille Salésienne en général. Un appel qui est urgent et sera toujours urgent, parce que les jeunes de tous les temps ont besoin de "salut".
Cette invitation, Don Bosco mourant l'adresse également nous. C'est un appel à retrousser nos manches et à travailler dur pour qu'autour de nous jaillissent, fleurissent et se consolident, comme autrefois autour de lui, des vocations salésiennes nombreuses et efficaces. Accueillir cet appel et ses conséquences demande à chacun de nous de renouveler la sainte passion pour le salut de la jeunesse que vivait Don Bosco lui-même ; cette passion nous rendra courageux et nous fera surmonter la crainte de ne pas être compris ou bien d'être marginalisés ou repoussés par ce monde, qui est le nôtre, laïcisé et porté à tout désacraliser, ce monde qui refuse la diversité, supprime le surnaturel et marginalise le croyant.
Vivons donc, sans peur, un style de vie qui fasse la contestation de ce monde et de cette société qui ne permettent pas le développement et la croissance intégrale de la personne humaine ; un style de vie qui stimule à vivre avec joie et enthousiasme la vocation personnelle et à proposer à des jeunes et à des adultes, des hommes ou à des femmes, à des garçons et à des filles, la vocation salésienne comme réponse adéquate de salut donnée à ce monde d'aujourd'hui et comme projet de vie capable de contribuer positivement au renouveau de la société actuelle. Ainsi s'exprime l'article 28 des Constitutions des Salésiens de Don Bosco : "Nous sommes persuadés que beaucoup de jeunes sont riches de ressources spirituelles et présentent des germes de vocation apostolique. Nous les aidons à découvrir, à accueillir et à mûrir le don de la vocation, qu'elle soit laïque, consacrée ou sacerdotale, pour le bien de toute l'Eglise et de la Famille salésienne". Cet engage‑
. MB XVIII, p. 530.
ment a été un but de la Congrégation avant même son approbation' et aujourd'hui il devient, d'une façon extraordinaire, urgent et nécessaire (cf. Const. 6), comme nous le rappelle l'Eglise maintes fois.
2. Une urgence préalable : établir et fomenter une culture de la vocation'
"Il est nécessaire de développer une culture de la vocation qui sache reconnaître et accueillir cette aspiration profonde de l'homme qui le porte à découvrir que seul le Christ peut lui dire toute la vérité sur sa vie"." Parler de culture de la vocation, comme a été le premier à le faire Jean-Paul II, est de nos jours non seulement pertinent, mais aussi urgent. Nous remarquons, en effet, que parfois il y a une coupure entre ce qui est accompli par des personnes, même généreuses et bien inspirées, et la mentalité collective, entre des initiatives personnelles et des comportements sociaux, entre la pratique et ses fondements. Ainsi dans la Congrégation, comme dans la Famille Salésienne, nous remarquons qu'il peut y avoir un certain travail sur le plan de la vocation de la part de personnes choisies, que l'on désigne comme délégués pour les vocations, mais dans le même temps, dans les communautés ou dans les groupes, on perçoit qu'il n'existe pas de véritable culture de la vocation.
La culture, en effet, fait penser non' pas à des actions individuelles, même nombreuses, mais à une mentalité et à un compor‑
9 Même si un article sur les petits séminaires manque dans le premier texte constitutionnel existant, à savoir le manuscrit de Don Rua de 1858, il fut déjà introduit par Don Bosco dans la rédaction de 1860. Cf. G. Bosco, Costituzioni della Società di S. Francesco di Sales {1858 — 1875. Edition critique de Francesco MOTTO, Rome, LAS, 1982, pp. 76-77.
" Pour cette section je prends librement l'article "Cultura della Vocazione" , du P JUAN E. VECCHI, dans Dizionario della Pastorale Vocazionale, Librairie-Maison d'Éditions Rogate, Rome, 2002, pp. 370-382.
" JEAN-PAUL II, Message pour la XXX"" Journée Mondiale des Vocations (8 septembre 1992),
tement partagés par un groupe ; elle concerne non seulement des intentions et des projets de particuliers, mais l'emploi systématique et rationnel des énergies dont dispose la communauté. Les contenus d'une culture de la vocation, ainsi comprise, concernent trois domaines : le domaine anthropologique, le domaine éducatif et le domaine pastoral. Le premier se rapporte à la façon de concevoir et de présenter la personne humaine comme une vocation ; le deuxième vise à favoriser une proposition de valeurs qui convienne à la vocation ; le troisième fait attention à la relation entre la vocation et la culture objective et en tire des conclusions pour le travail sur le plan de la vocation.
La vie est une vocation
Nous savons qu'à toutes les interventions éducatives et pastorales est sous-jacente une image de l'homme, surgie spontanément ou après réflexion. Le chrétien l'élabore à partir de son vécu, avec l'effort rationnel d'en comprendre le sens et grâce à l'éclairage de la foi. Les trois éléments — vécu personnel, recherche de sens et discernement par la foi — sont indispensables et reliés entre eux. La révélation ne doit pas être comprise comme quelque chose qui de l'extérieur vient s'ajouter à l'expérience et à ce que l'homme a compris de cette dernière, mais précisément comprise comme un dévoilement de son sens le plus profond et définitif. Il faut donc en premier lieu dépasser une manière de penser et de parler au sujet de la vocation comme si elle était un surplus, un stimulant ne concernant que certains, un fait fonctionnel en vue du recrutement pour un état de vie, plutôt qu'un élément en relation essentielle avec la réalisation elle-même de la personne. La crise des vocations, en effet, peut être due aussi au style de vie qu'elles présentent. Mais plus profondément elle est due à une vision de l'existence humaine dans laquelle la dimension pour celle-ci d'être un "appel", c'est-à-dire de devoir se concrétiser en écoute d'un autre et en dialogue avec lui, non seulement est exclue de fait, mais ne peut même pas être insérée d'une manière significative. Cela se produit dans les visions de
l'homme qui mettent la satisfaction des besoins de l'individu au-dessus de tout, en proposant l'autoréalisation comme unique but de l'existence ou en concevant la liberté comme pure autonomie. Ces sensibilités sont de nos jours répandues, elles exercent une certaine fascination et, même quand elles ne sont pas assumées d'une manière intégrale, elles influent sur la forme des messages de la communication et sur les orientations éducatives.
Une première tâche de la culture de la vocation est, alors, d'élaborer et de répandre une vision de l'existence humaine conçue comme "un appel et une réponse", une vision qui vienne en tant que conclusion d'une réflexion anthropologique fondée. Vers cette conclusion conduisent l'expérience de la relation, l'exigence éthique qui en découle, les interrogations existentielles. Ce sont donc les voies à parcourir pour déterminer quelques contenus de la culture de la vocation qui nous préoccupe. La personne a conscience de son unicité. Elle comprend que son existence est exclusive, qualitativement différente d'autres, ne pouvant pas être ramenée au niveau de tout le monde. Cette existence lui appartient totalement, mais elle a les caractéristiques d'un don, d'un fait qui précède tout désir ou tout effort.
Ouverte aux autres et à Dieu
Dans le même temps l'homme se rend compte qu'il fait partie d'un réseau de relations, non optionnelles ou secondaires, parmi lesquelles celle avec les autres personnes est immédiatement évidente et occupe une place privilégiée. La première chose que la personne perçoit n'est pas le moi avec ses potentialités, mais l'interdépendance avec les autres qui demandent à être acceptés dans leur réalité objective et reconnus dans leur dignité. Dans cette optique la responsabilité apparaît comme une capacité de percevoir des signaux qui proviennent des autres et de leur donner des réponses. Il s'agit d'un appel éthique parce qu'il comporte des exigences de responsabilité et d'engagement. L'homme s'éveille à l'existence personnelle quand les autres cessent d'être vus seulement comme des moyens dont on peut se servir.
Une culture de la vocation doit mettre en garde le jeune contre une conception subjectiviste qui fait de l'individu le centre et la mesure de lui-même, qui conçoit la réalisation personnelle comme une défense et une promotion de soi, plutôt que comme une ouverture et un don. Et ainsi également contre ces conceptions qui dans la relation intersubjective demeurent emprisonnées dans la seule complaisance, sans en voir le caractère éthique. L'expérience relationnelle et sa composante éthique orientent déjà vers le "Transcendant", parce qu'en elles apparaît quelque chose d'inconditionné et d'immatériel. En effet, les autres ne demandent pas seulement que l'on vienne à leur rencontre avec des objets et des structures ou que l'on interagisse avec eux au moyen de réflexes instinctifs. Ils sollicitent la reconnaissance du mystère de leur personne et demandent donc le respect, la gratuité, l'amour, le développement de valeurs morales et spirituelles.
Mais l'appel à la transcendance devient plus évident quand la personne est capable de s'ouvrir aux interrogations fondamentales de l'existence et en saisit la densité réelle. Apparaît alors son ouverture à l'Au-delà, déjà entrevu dans ses réalisations positives et dans ses limites. Elle comprend qu'elle ne peut pas s'arrêter à ce qui lui est immédiatement perceptible ni se limiter à l'aujourd'hui. La personne est un mystère infini que seul Dieu peut expliquer et que le Christ seul peut satisfaire. C'est pourquoi elle est naturellement poussée à chercher le sens de la vie et à se projeter dans l'histoire. Elle doit décider son orientation à long terme, en se trouvant devant différentes alternatives. Et elle ne peut pas parcourir sa vie deux fois : elle doit faire un pari ! Dans les valeurs qu'elle préfère et dans les choix qu'elle fait sont mis en jeu sa réussite ou son échec dans la ligne d'un projet, ainsi que la qualité et le salut de sa vie. Jésus l'exprime d'une manière très claire : "Qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile, la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie ?" (Mc 8,3536). La tâche d'une culture de la vocation, c'est de sensibiliser à
l'écoute de ces interrogations, de rendre quelqu'un capable de les approfondir. La tâche d'une culture de la vocation, c'est aussi de faciliter la croissance et les choix d'une personne par rapport au Bonum [Bien], au Verum [Vrai], au Pulchrum [Beau], dans l'accueil desquels consiste son épanouissement total.
Vécue comme don et comme tâche
Tout cela demande un approfondissement de la notion de vocation dont se sert la personne comme définition de son existence, perçue comme un don et un appel, guidée par la responsabilité, projetée avec liberté. Le moyen le plus fécond pour découvrir ce principe de base est de lire l'Ecriture Sainte comme lieu où est révélé le sens de la vie de l'homme. Dans l'Ecriture l'être et les relations constitutives de la personne sont définis par sa condition de créature, ce qui n'indique pas une infériorité ou une dépendance, mais un amour gratuit et créatif de la part de Dieu.
L'homme n'a pas en lui-même la raison de sa propre existence ni de sa propre réalisation. Il la doit à un don dont il tire profit en s'en rendant responsable. Le don de la vie contient un projet ; celui-ci est révélé dans le dialogue que la personne accomplit avec elle-même, avec l'histoire, avec Dieu et il exige une réponse personnelle. Cela définit la place de l'homme par rapport au monde et à tous les êtres qui le composent. Ces derniers ne peuvent pas combler ses désirs et donc l'homme ne leur est pas assujetti.
Un exemple typique de cette structure de la vie est l'alliance entre Dieu et ,son peuple telle qu'elle est présentée dans la Bible. Elle résulte d'un choix gratuit de la part de Dieu. L'homme doit en prendre conscience et l'assumer comme projet de vie, guidé par la Parole qui l'interpelle et le met dans la nécessité de choisir. Dans le Christ la vérité sur l'homme, que la raison perçoit vaguement et que la Bible révèle, trouve son illumination totale. Le Christ, par ses paroles mais surtout en vertu de son existence humano-divine, dans laquelle se manifeste la conscience de Fils de Dieu, ouvre la personne à la pleine compréhension d'elle-même et
de son destin. En Lui nous sommes constitués fils et appelés à vivre comme tels dans l'histoire.
La vocation chrétienne n'est pas un ajout de luxe, un complément extrinsèque pour la réalisation de l'homme. Elle est au contraire son accomplissement pur et simple, l'indispensable condition d'authenticité et de plénitude, la satisfaction des exigences les plus radicales, celles dont est formée de façon essentielle sa structure même de créature. De la même façon, s'insérer dans la dynamique du Royaume, auquel Jésus invite les disciples est l'unique forme d'existence qui répond à la destinée de l'homme en ce monde et dans l'au-delà. La vie se déroule ainsi entièrement comme un don, un appel et un projet.
Prendre tout cela comme base et inspiration de l'action, le diffuser de manière qu'il devienne une mentalité de la communauté éducative et pastorale, et en particulier de ceux qui sont chargés des vocations, avec les conséquences éducatives et pratiques, c'est ce qui constitue la "culture" dont la pastorale a un besoin urgent.
Voici les attitudes de fond qui donnent vie à une culture de la vocation et que nous voudrions privilégier :
- La recherche de sens. Le sens est la compréhension des buts immédiats, à moyen terme et surtout ultimes des événements et des choses. Le sens se situe dans une pure intuition de la relation que la réalité et les événements ont avec l'homme et avec son bien. La maturation du sens comporte un exercice de la raison, un effort d'exploration, une attitude de contemplation et d'intériorité. On le découvre dans différents domaines dans l'expérience personnelle, dans l'histoire, dans la Parole de Dieu. Tout converge vers une sagesse tant personnelle que communautaire qui s'exprime dans la confiance et l'espérance devant la vie. "Du reste, nous savons que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu" (Rm 8,28).
La durée de la maturation du sens peut être longue. L'important est de ne pas renoncer et de ne pas se fermer devant la perspective de découvertes ultérieures et plus riches. La culture contemporaine est traversée par des courants qui ignorent, quand ils ne refusent pas, tout sens qui transcende l'expérience immédiate et subjective. Elle conduit ainsi à une vision incomplète de la réalité, qui rend la personne incapable de maîtriser les mille événements de la vie quotidienne, d'aller au-delà de ce qui est épidermique ou sensationnel. La maturité culturelle comporte une synthèse, un cadre de référence au-delà des connaissances particulières, pour réussir à s'orienter et à ne pas rester prisonnier des faits. La qualité de la vie décline quand elle n'est plus soutenue par une certaine vision du monde. Et avec la qualité tombent les raisons pour l'engager au service de nobles causes.
- Ouverture à la transcendance, au surnaturel ["surhumain", "au-delà de l'homme"], à l'acceptation de la limite, à l'accueil du mystère, à l'accueil du sacré dans ses aspects tant subjectifs qu'objectifs, à la réflexion et au choix religieux.
C'est un horizon qui apparaît dans toutes les activités de l'homme jusqu'à en être une dimension constitutive : dans l'exercice de son intelligence, dans la tension de sa volonté, dans les désirs du cœur, dans la dynamique de ses relations, dans la réalisation de ses entreprises. L'existence de l'homme est ouverte sur l'infini, et la perception qu'il a de la réalité l'est de même. Il y a de nos jours des orientations culturelles qui, consciemment ou non, conduisent à s'enfermer dans les horizons "rationnels" et temporels et rendent incapable d'accueillir sa vie comme mystère et don. Prendre en considération la transcendance veut dire accepter des interrogations, aller au-delà du visible et du rationnel. Les expériences, les besoins, les perceptions immédiates peuvent être des points de départ pour s'ouvrir à des valeurs, à des exigences et à des vérités ultérieures et plus exigeantes, qui ne sont pas ressenties comme une négation des impulsions personnelles, mais comme leur libération et leur accomplissement. Comme le révéla Jésus à la femme samaritaine : "Si tu savais le don de
Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c'est toi
qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive" (Jn 4,10).
- Une mentalité "éthique", qui rend quelqu'un capable de discerner entre le bien et le mal et de savoir s'orienter vers le bien. Cette culture est éclairée par la conscience morale, centrée sur les valeurs plutôt que sur les moyens, et elle assume comme point fondamental la primauté accordée à la personne. La culture porte toujours au-dedans d'elle une impulsion éthique et elle est en elle-même une valeur morale, parce qu'elle cherche à réaliser la qualité humaine de chacun et de la communauté. Mais sur elle se répercutent les limites de l'homme.
Certaines de ses tendances et de ses réalisations, quand ce n'est pas la totalité de ses systèmes, apparaissent sous le signe de l'ambiguïté morale. Et cela dans la dimension objective comme dans la dimension subjective. Le fait devient grave quand dans le dynamisme même d'élaboration de la culture, le critère éthique disparaît ou se trouve subordonné à d'autres. La référence au bien et au mal n'a plus alors le moindre impact, et prévalent d'autres exigences, comme l'utilité, le plaisir, le pouvoir. Le langage, ces derniers temps, a forgé une série d'expressions qui mettent en évidence, dans un jeu d'opposition, la primauté ou l'absence d'une référence éthique valable dans l'évolution de la culture : culture de l'être et de l'avoir, de la vie et de la mort, de la personne et des choses. Développer la culture avec une mentalité éthique voudra dire non seulement la faire croître dans tous les cas, mais aussi confronter ses conceptions et ses réalisations à la conscience éclairée par la foi pour la purifier et la libérer de l'ambiguïté et la pousser dans la direction des valeurs.
- L'élaboration de projets. L'apathie devant le sens se change souvent en indifférence envers l'avenir. Sans une vision de l'histoire il n'apparaît pas de buts désirables pour lesquels s'engager, excepté ceux qui concernent le bien-être individuel.
Dans des périodes précédentes, les idéologies, avec ce qu'elles portaient d'utopique, repoussèrent l'élaboration sociale de projets et elle favorisa même la penchant personnel à s'impliquer dans un projet historique.
Il peut y avoir de nos jours une contraction de l'avenir, en même temps qu'une dilatation du présent, qui conduit vers une culture de l'immédiat. Les projets sont épuisés en un temps très bref et accomplis dans les espaces réduits de l'expérience individuelle. Les initiatives de bien elles-mêmes peuvent se réduire à vouloir corriger quelque chose, à une recherche d'autoréalisation subjective, à un enthousiasme éphémère. Projeter veut dire organiser ses ressources et son temps en correspondance avec les grandes urgences de l'histoire et avec les demandes des communautés pour atteindre des objectifs conçus dans la pensée et dignes de l'homme. Cela requiert une conscience critique pour résister à des impératifs apparents, une capacité de discernement pour démasquer des pressions psychologiques, une générosité motivée pour aller au-delà des horizons immédiats.
- Engagement pour la solidarité, en opposition à cette culture qui conduit à l'égocentrisme. Des projets personnels généreux ne peuvent émerger que là où la personne admet que sa réalisation est liée à celle de ses semblables. La solidarité est une aspiration diffuse qui monte des profondeurs des consciences, du coeur des événements historiques et se manifeste sous des formes inédites et presque inattendues. Elle apparaît comme une réponse à des macro phénomènes préoccupants, tels que le sous-développement, la faim, l'exploitation. Elle inspire des initiatives exemplaires comme les plans d'aide, le volontariat et les mouvements d'opinions, qui modifient le rapport existant jusqu'alors entre la personne et la société. Tout cela dans des milieux proches et dans des mondes lointains. En conséquence, elle mobilise l'esprit de service et pousse à une action.
Mais la culture de la solidarité est souvent négligée ou se trouve affaiblie par de forts courants économiques et culturels. Elle suppose une vision du monde et de la personne qui considère l'interdépendance comme une clé interprétative des phénomènes, tant positifs que négatifs, de l'humanité. Aucune réalité n'a son explication concluante ou une solution convenable si elle est considérée d'une manière isolée. Pauvreté et richesse, sous-alimentation et gaspillage sont des phénomènes corrélés. Entre ces éléments opposés, servent à la médiation et se placent non seulement la tendresse et la compassion, mais aussi la responsabilité humaine. La personne ne peut pas être considérée comme un être qui d'abord se constitue par lui-même et, seulement dans un deuxième temps, s'oriente vers les autres. La personne réussit à être elle-même seulement quand elle assume solidairement le sort de ses semblables.
3. Aspects qui ont une particulière signification dans l'animation et dans la proposition de la vocation
Favoriser une culture de la vocation tâche essentielle de la Pastorale des Jeunes
Toute la pastorale, et en particulier la pastorale des jeunes, est radicalement liée à la vocation : la dimension de la vocation constitue son principe inspirateur et son débouché naturel. Il faut, donc, abandonner la conception réductrice de la pastorale des vocations, qui se préoccupe seulement de la recherche de candidats pour la vie religieuse ou sacerdotale. Au contraire, comme il est dit plus haut, la pastorale des vocations doit établir les conditions appropriées pour que tout jeune puisse découvrir, assumer et suivre de façon responsable sa vocation.
La première condition consiste, sur l'exemple de Don Bosco, dans la constitution d'un milieu dans lequel on puisse vivre et transmettre une véritable "culture de la vocation", c'est-à-dire
une manière de concevoir et d'affronter la vie comme un don reçu gratuitement ; un don à partager au service de la plénitude de la vie pour tous, en dépassant une mentalité individualiste, préoccupée d'utiliser immodérément les biens de consommation, relativiste, et en dépassant la culture de l'autoréalisation. Vivre cette culture de la vocation demande l'effort de développer certaines attitudes et certaines valeurs, comme l'encouragement à mettre en place et à défendre la valeur sacrée de la vie humaine, la confiance en soi et dans le prochain, l'intériorité qui permet de découvrir en soi et chez les autres la présence et l'action de Dieu, la disponibilité à se sentir responsable et à se laisser mettre à contribution pour le bien des autres dans une attitude de service et de gratuité, le courage de rêver et de désirer en grand la solidarité et la responsabilité envers les autres, surtout ceux qui sont le plus dans le besoin,'2 A l'intérieur de ce contexte ou de cette culture de la vocation la pastorale des jeunes doit proposer aux jeunes les différents chemins de vocation - mariage, vie religieuse ou consacrée, service sacerdotal, engagement social et engagement ecclésial - et les accompagner dans leur engagement de discernement et de choix.
Toute communauté éducative et pastorale doit être consciente des caractéristiques de son milieu culturel et de l'action éducative et pastorale qu'elle mène dans le travail quotidien avec les jeunes. Tout cela dans le but de favoriser et de développer les éléments typiques d'une culture de la vocation, qui souvent n'est pas acceptée par le milieu dans lequel les jeunes eux-mêmes vivent.
Je vous indique ici deux éléments qui peuvent aider le développement d'une culture de la vocation :
- Faire de la communauté éducative et pastorale un milieu empreint d'une ambiance familiale avec des témoins significatifs au sujet de la vocation.
12 Cf. JEAN-PAUL II, Message pour la XXX1'"2 Journée Mondiale des Vocations (8 septembre 1992).
Les jeunes vivent dans un milieu uniformisé, dans lequel ils ne se sentent pas reconnus ni accueillis ; ils doivent tout se procurer et tout conquérir, de sorte que les plus faibles ou les moins préparés restent marginaux et délaissés. Dans ce milieu il s'avère presque impossible de vivre la vie comme un don à partager ; elle apparaît plutôt comme une lutte pour l'existence ou une course pour la conquête du bien-être et de la réalisation individuelle. Dans le milieu typiquement salésien, empreint d'une ambiance familiale, le jeune se sent accueilli et apprécié gratuitement ; il fait l'expérience de relations de confiance avec des adultes significatifs ; il se sent plongé dans la vie de groupe ; il devient protagoniste et responsable ; il apprend à construire la communauté éducative et à se sentir coresponsable du bien commun ; il trouve des moments de réflexion, de dialogue et de sereine confrontation. C'est le meilleur milieu pour le développement d'une culture de la vocation.
- Assurer l'orientation et l'accompagnement des personnes.
Dans un milieu uniformisé ou dans lequel les relations sont seulement fonctionnelles le développement d'une vision de la vie sous l'angle de la vocation sera très difficile. En effet, ce processus demande que des éducateurs soient présents au milieu des jeunes et proches d'eux, surtout dans les moments les plus spontanés et gratuits ; qu'ils connaissent la vie des jeunes et lui portent intérêt ; qu'ils soient capables de relations personnelles, même si elles sont ponctuelles et spontanées ; qu'ils réservent des moments, partagés en commun, de dialogue et de réflexion qui aident à faire une lecture de la vie dans une optique positive sous l'angle de la vocation ; qu'ils ménagent des espaces et des temps pour des rencontres plus systématiques d'accompagnement personnel.
L'éducation à l'amour, à la chasteté
Dans l'orientation et l'animation des vocations l'éducation à l'amour a une grande importance. Il est nécessaire d'aider l'ado
lescent à intégrer sa croissance affective et sa croissance sexuelle dans le processus éducatif et aussi dans le parcours d'éducation à la foi. Cela afin qu'il puisse vivre l'affectivité et la sexualité en harmonie avec les autres dimensions fondamentales de sa personne, en maintenant des attitudes d'ouverture, de service et d'offrande.
De nos jours, l'adolescent doit affronter un contexte culturel et social, ramenant tout aux problèmes de sexe, qui transmet ses messages continuels dans la rue, à la télévision, dans le monde de l'informatique. Il s'agit de suggestions qui poussent à une pratique sexuelle immodérée dans la consommation et orientée vers la satisfaction immédiate du plaisir. La tendance sociale qui l'emporte dans ce domaine est celle de la permissivité, et les contenus suscités par le désir dans cette omniprésence du sexe deviennent le motif d'un triste commerce. Le tout donne lieu à une confusion sur le plan des valeurs et à un grand relativisme éthique. Il arrive souvent que l'on favorise un usage prématuré de la sexualité lors des relations d'amitié ou dans la simple recherche de la satisfaction compulsive du plaisir. Les jeunes font un pari sur l'amour avec une grande détermination, en défiant les préjugés et les censures, entraînés qu'ils sont par leur avidité d'aller au-devant de leurs besoins affectifs et par leur sensibilité à la valeur d'une communication ouverte et sans limites. Mais dans ce domaine très souvent ils ne disposent pas d'une orientation et d'un guide qui puissent les aider à comprendre leur affectivité et leur sexualité selon une vision intégrale de la personne, en développant d'une manière constante et claire un projet d'éducation à l'amour qui puisse les orienter vers une construction harmonieuse de la personnalité et en rendant possible de voir la vie comme un don et un service.
Il y a déjà plusieurs années, le CG23 indiquait aux Salésiens l'éducation à l'amour comme étant l'un des trois pôles importants autour desquels est rendue possible et se réalise la synthèse entre la foi et la vie. Il ne s'agit pas, disait-il, "de points particuliers, mais d'« espaces » où se rencontrent la signification, la force et le
caractère conflictuel de la foi"."
Aujourd'hui cette importance est encore plus grande, surtout quand on veut développer avec efficacité la dimension de vocation que revêt la vie et établir un milieu dans lequel il soit possible au jeune de mûrir un projet de vocation, d'une manière spéciale quand il s'agit de vocations demandant un engagement particulier, qui maintes fois comportent une option de célibat. En effet, beaucoup de jeunes se trouvent dans un milieu très peu favorable à une vision intégrale et positive de l'amour. Et beaucoup parmi eux vivent des déficiences considérables que l'éducateur doit connaître pour les aider à les surmonter.
A beaucoup d'entre eux il manque une expérience d'amour gratuit dans leur famille, dans laquelle ils doivent supporter des tensions et des accrochages entre les parents qui bien souvent finissent par le choix de la séparation ou du divorce. La relation d'amitié qu'ils vivent entre eux est superficielle et tout cela fait qu'au lieu de résister aux propositions séduisantes du milieu, ils restent conquis par elles. Ainsi, très vite, plusieurs d'entre eux s'engagent dans une relation de couple qui les ferme aux autres et à la vie du groupe. L'urgence qu'ils ressentent de vivre une relation pleine avec leur partenaire les conduit à une pratique désordonnée de la sexualité. Certainement, dans tout cela, pèse le manque d'un véritable parcours d'éducation à l'amour : on évite le sujet ou on le traite d'une manière moralisatrice et négative, ce qui, au lieu d'aider, suscite le refus de l'adolescent.
Notre Système Préventif et l'esprit de famille caractéristique de notre milieu peuvent établir les conditions pour pouvoir mettre en pratique, d'une manière heureuse, ce parcours d'éducation."
" CG23, 181.
Un simple, mais encore actuel, itinéraire d'éducation à la chasteté a été exposé par le 231'' Chapitre Général : cf. CG23, 195-202.
L'éducation à la prière
La prière est un élément essentiel et premier dans l'orientation et dans le choix de la vocation parce que celle-ci, qui est un don de Dieu librement offert à l'homme, ne peut être découverte et assumée qu'avec l'aide de la grâce. Donc une pastorale des vocations ne peut pas être efficace et profonde à l'avantage des jeunes, si on ne les fait pas entrer et si on ne les accompagne pas dans une pratique assidue de la prière.
La première communauté chrétienne attend en priant le jour de la Pentecôte, jour de la naissance de l'Eglise évangélisatrice (Ac 1,14). Jésus, lui-même, a prié avant de choisir les apôtres (Lc 6,12ss) et il leur a enseigné à prier pour que vienne le Royaume de Dieu (Mt 6,7ss). Le commandement "Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson" (Mt 9,38 ; Lc 10,2) est à comprendre dans toute sa valeur et dans toute son urgence à la lumière de l'exemple et des enseignements du Christ. La prière est le chemin privilégié et la meilleure pastorale des vocations.
Une fois considérée cette place centrale de la prière dans le parcours de foi, il est important d'aider les jeunes à s'introduire et à s'initier dans une véritable et profonde vie de prière : c'est seulement ainsi que pourra mûrir en eux la possibilité d'une vocation à une consécration spéciale."
Les jeunes, de nos jours, vivent souvent dans un milieu très peu favorable à la vie spirituelle. Ils sont plongés dans une culture qui porte à l'utilisation immodérée des biens de consommation et à la recherche du profit, du plaisir personnel et de la satisfaction immédiate des désirs ; la vision superficielle de la vie est dominée par des critères éthiques et moraux subjectifs, maintes fois opposés et même contradictoires. Le milieu dans lequel ils vont et viennent favorise un rythme de vie agité : ils y vivent de multiples
" "Encourager les vocations consacrées exige quelques choix fondamentaux : la prière constante [...] Le prière doit être un engagement quotidien des communautés et doit impliquer les jeunes, les familles, les laïcs, les groupes de la Famille salésienne" (CG26, 54).
expériences sans pouvoir en approfondir aucune. "La crise de la famille, la mentalité courante qui est empreinte de relativisme et qui porte à un usage immodéré des biens de consommation, l'influence négative des médias sur la conscience et sur les comportements constituent un obstacle fort pour la culture des vocations"."
D'autre part, nous rencontrons chez des adolescents et des jeunes une recherche d'intériorité, un effort pour saisir leur identité et aussi une ouverture et une recherche sincère d'une expérience de Transcendance. Même si, maintes fois, ce chemin est conçu d'une manière subjective et en lien avec leurs besoins, il faut dire qu'il présente une bonne occasion pour les aider à découvrir le Dieu de Jésus. Se multiplient les groupes et les mouvements qui en des manières très diverses encouragent des expériences de spiritualité et les jeunes sont largement présents dans ces groupes. Il suffirait de penser à la communauté de Taizé !
Tout cela constitue une condition favorable pour offrir aux jeunes la possibilité de commencer un parcours d'éducation à l'intériorité capable de les conduire graduellement à découvrir et à goûter la prière chrétienne, surtout en ce qui constitue son originalité et sa vraie richesse : la rencontre avec la personne de Jésus qui nous révèle l'amour de Dieu, qui nous invite et nous offre la grâce d'une relation personnelle avec Lui. Voilà pourquoi, dans un milieu si profondément imprégné d'esprit laïque et de mentalité superficielle, il est urgent de favoriser cette éducation à l'intériorité et d'offrir à nos jeunes une vie spirituelle forte et profonde. "Aujourd'hui les temps exigent un retour plus explicite à la prière [...] C'est une prière qui s'accorde au réveil de la foi : être des croyants engagés et pas simplement des fidèles habitudinaires, cela comporte un dialogue plus explicite, plus intense et plus fréquent avec le Seigneur. Lorsqu'on vit en climat de sécularisation, on ressent fortement la nécessité de méditer et d'approfondir la foi"."
16 CG26, 57.
1' EGIDIO VIGANÔ, Notre prière pour les vocations, ACG 341 (1992), pp, 28-29.
L'éducation à la prière doit favoriser les conditions qui portent la personne du jeune à assumer une attitude d'authenticité. Ce sont : le silence, la réflexion, la capacité de lire sa vie, la disponibilité à l'écoute et à la contemplation, la gratuité et la confiance. A un jeune qui vit dans l'agitation d'une vie débordante d'activités il n'est pas facile d'établir en son for intérieur ce silence et de favoriser un cheminement d'intériorité qui puissent le porter à une rencontre vraie avec lui-même. Ce sera même l'un des buts qu'il faudra chercher à atteindre. D'où l'importance de commencer les temps de prière par un moment de calme, de silence, de sérénité, qui permette à nos jeunes d'arriver à se rencontrer avec eux-mêmes et, en partant de cette expérience, d'assumer leur vie pour la placer devant le Seigneur.
Le coeur de la prière chrétienne est l'écoute de la Parole de Dieu. Celle-ci doit être la grande maîtresse de la prière chrétienne, qui ne consiste pas à "parler" à Dieu, mais plutôt à "l'écouter" et à s'ouvrir à sa volonté (cf. Lc 11,5-8 ; Mt 6,9ss). "Dans vos groupes, très chers jeunes, — écrivait Jean-Paul II — multipliez les occasions d'écoute et d'étude de la Parole du Seigneur, surtout par le moyen de la lectio divina : vous y découvrirez les secrets du Cœur de Dieu et en tirerez du fruit pour le discernement des différentes situations et la transformation de la réalité"." Normalement on devra initier le jeune à cette écoute, en l'aidant à comprendre le sens de la Parole qu'il écoute ou lit. On doit aussi reconnaître que la Parole de Dieu est efficace en elle-même et, donc, il faudra parfois la laisser agir toute seule dans le coeur des jeunes, sans trop la forcer avec nos schémas : maintes fois elle les guidera toute seule vers le dialogue personnel avec Jésus.
Une autre grande école de prière est la vie liturgique et sacramentelle de l'Eglise : il faut aider le jeune à y participer de plus en plus consciemment, en comprenant les signes et les symboles de la liturgie. Une éducation à la foi qui oublierait ou repousserait la rencontre sacramentelle des jeunes avec le Christ, n'est pas la voie
18 JEAN-PAUL II, Message à l'occasion de la XIP"'" Journée Mondiale de la Jeunesse (15 août 1996).
pour le trouver et moins encore elle indiquera la possibilité de le suivre. "Les jeunes, comme nous pouvons le faire aussi, trouvent Jésus dans la communauté ecclésiale. Dans la vie de cette dernière, toutefois, il y a des moments pendant lesquels il se révèle et se communique à chacun en particulier : ce sont ceux des sacrements, et spécialement de la Réconciliation et de l'Eucharistie. Sans l'expérience qui s'effectue en eux, la connaissance de Jésus devient inadéquate et maigre, jusqu'au point de ne pas permettre de le distinguer parmi les hommes comme le Sauveur ressuscité [...] On dit avec raison que les sacrements sont la mémoire vraie de Jésus : de ce qu'il a accompli et opère encore aujourd'hui pour nous, de ce qu'il signifie pour notre vie ; ils raniment donc notre foi en lui, c'est pourquoi nous le percevons mieux dans notre existence et dans les événements.
Ils sont aussi porteurs de la révélation de ce qui semble caché dans les replis de notre existence, c'est pourquoi nous en prenons conscience [...] Dans la Réconciliation nos yeux s'ouvrent et nous voyons ce que nous pouvons devenir selon le projet et le désir de Dieu ; nous est redonné l'Esprit qui nous purifie et nous renouvelle. On a dit qu'elle est le sacrement de notre avenir de fils, plutôt que de notre passé de pécheurs. Dans l'Eucharistie le Christ nous incorpore à son offrande au Père et renforce notre dévouement aux hommes. Elle nous inspire le désir et nous donne l'espérance que tous les deux, l'amour envers le Père et l'amour envers les frères, deviennent une grâce pour tous et pour tout : nous annonçons sa mort, nous proclamons sa résurrection, viens Seigneur Jésus"."
Parmi les nombreux parcours d'initiation à la prière, la Spiritualité Salésienne des Jeunes offre sa grande richesse et un style spécifique de vie spirituelle, avec une manière caractéristique d'exprimer la prière et une façon actuelle d'organiser la vie autour de quelques perceptions de foi, de quelques options de valeurs et d'attitudes. En elle on retrouve certaines caractéristiques
" JUAN E. VECCHI, Lo riconobbero nello spezzare il pane [Ils le reconnurent à la fraction du pain], Note di Pastorale Giovanile, 1997, n. 8 (novembre) pp. 3-4.
propres de la prière salésienne : c'est une prière simple, sans complications inutiles, en lien étroit avec la vie de chaque jour, que l'on présente et que l'on offre au Seigneur ; une prière débordante d'espérance, qui favorise une vision pascale de la vie, dans un dialogue personnel avec le Seigneur Ressuscité, vivant et présent parmi nous ; une prière qui conduit à la célébration des sacrements, surtout de l'Eucharistie dans laquelle se vit la rencontre personnelle avec Jésus ; une prière qui aide à découvrir la présence de Jésus dans tous les jeunes, spécialement dans les plus pauvres, et pousse à s'engager dans leur éducation et leur évangélisation.
Il est donc important d'être attentif à ces caractéristiques dans notre parcours d'éducation à la prière, pour aider le jeune à les vivre et, de cette façon, l'introduire dans la Spiritualité Salésienne des Jeunes : c'est un parcours de vie chrétienne qui peut conduire également des adolescents et des jeunes au grand but de la sainteté."
Nous devons en être certains : ce n'est qu'avec une vie de prière de plus en plus centrée sur le Christ que le jeune pourra éclairer et consolider son choix de vocation, surtout s'il s'agit d'une vocation de consécration spéciale.
L'accompagnement personnel
Un autre élément fondamental dans la pastorale des vocations est l'accompagnement personnel régulier du jeune. Il devra être respectueux, avec une juste compréhension de la maturité et du parcours spirituel de la personne que l'on accompagne. Un accompagnement capable d'aider à intérioriser et à personnaliser les expériences vécues et les propositions reçues ; de stimuler et de guider dans l'initiation à la prière personnelle et à la célébration des sacrements ; d'orienter vers un projet personnel de vie
" Cf. La Spiritualité Salésienne des Jeunes, présentée par le CG23 : numéros 158-180 et en particulier 173-177.
qui soit comme un instrument concret de discernement et de maturation de la vocation. La grâce de l'Esprit qui opère dans le coeur des personnes a besoin de la collaboration de la communauté et d'un maître spirituel. C'est pourquoi à côté de chaque saint il y a un maître spirituel qui l'accompagne et le guide.
L'accompagnement est encore plus important dans le système éducatif salésien, qui a pour fondements la présence de l'éducateur au milieu des jeunes et une relation personnelle basée sur la connaissance mutuelle, sur la compréhension et la confiance.
Quand nous parlons d'accompagnement, nous ne faisons pas seulement allusion au dialogue individuel, mais à tout un ensemble de relations personnelles qui aident le jeune à assimiler personnellement les valeurs et les expériences vécues, à adapter les propositions générales à sa situation concrète, à éclairer et approfondir les motivations et les critères.
Ce processus comprend des expériences et des niveaux successifs encouragés par la communauté salésienne pour assurer une ambiance éducative, capable de favoriser la personnalisation et la croissance dé la vocation. A titre d'exemple :
ri la présence au milieu des jeunes, avec la volonté de les connaître et de partager la vie avec eux, avec une attitude de confiance ;
ri la mise en place de groupes, où les jeunes sont suivis par l'animateur et par les compagnons eux-mêmes ;
n des contacts brefs, occasionnels, qui montre l'intérêt pour la personne et son monde ; et, en même temps, une attention éducative à certains moments revêtant une signification particulière pour le jeune ;
Ci des moments de dialogue personnel courts, fréquents, systématiques, selon un plan concret ;
[71 le contact avec la communauté salésienne, au moyen d'expériences de partage de la vie de prière, de fraternité et d'apostolat ;
in la possibilité fréquemment offerte du sacrement de la Réconciliation ; l'intervention attentive et amicale du confesseur s'avère souvent décisive pour orienter un jeune vers son option pour la vocation.
Dans la pratique de l'accompagnement, surtout dans le dialogue personnel, il convient d'autre part de fixer l'attention sur quelques points fondamentaux pour la croissance humaine et chrétienne du jeune et le discernement des signes de vocation. En voici notamment quelques-uns :
- Eduquer à la connaissance de soi, pour découvrir les valeurs et les qualités que le Seigneur a données à chacun, mais aussi les limites ou les ambivalences dans la manière personnelle de vivre ou de penser. Combien de jeunes n'ont pas accueilli l'appel de la vocation, non parce qu'ils étaient peu généreux ou étaient indifférents, mais simplement parce qu'ils n'ont pas été aidés à se connaître et à découvrir la racine ambivalente et païenne de certains schémas mentaux et affectifs, ou parce qu'ils n'ont pas été aidés à se libérer de leurs peurs et de leurs réactions de défense vis-à-vis de la vocation elle-même.
- Mûrir la reconnaissance de Jésus, comme le Seigneur Ressuscité et comme sens suprême de sa propre existence. Les motivations de la vocation doivent être fondées sur la reconnaissance accordée à l'initiative de Dieu qui nous a aimés le premier. Comme l'expliquait le Pape Benoît XVI aux jeunes de Rome et du Latium : "le Seigneur est toujours présent et regarde chacun de nous avec amour. Mais c'est nous qui devons trouver ce regard et le rencontrer. Comment faire? Je dirais que le premier point pour rencontrer Jésus, pour vivre l'expérience de son amour est de le connaître [...] Pour connaître une personne, surtout la grande personne de Jésus, Dieu et homme, il faut également la raison, mais, dans le même temps, aussi le coeur. Ce n'est qu'en ouvrant son coeur à Lui, avec la connaissance de l'ensemble de ce qu'il a dit et de ce qu'il a fait, avec notre amour, avec notre cheminement vers lui, que nous pou‑
vons peu à peu le connaître toujours mieux et ainsi faire aussi l'expérience d'être aimés [...] Dans un véritable dialogue, nous pouvons trouver toujours davantage cette voie de la connaissance, qui devient amour. Naturellement il ne faut pas seulement penser, pas seulement prier, mais agir est également une partie du chemin vers Jésus : faire de bonnes choses, s'engager pour son prochain",21
- Eduquer à lire l'expérience de sa vie personnelle et les événements de l'histoire comme un don de Dieu et comme un appel à se mettre à la disposition de la mission pour le Royaume de Dieu. Pour cela, aider les jeunes à éclairer leur existence avec la Parole de Dieu, en faisant constamment référence à Jésus Christ, vu comme le Seigneur de la vie qui propose un projet particulier pour chacun de nous. "Ma vie est voulue par Dieu depuis l'éternité. Je suis aimé, je suis nécessaire. Dieu a un projet pour moi dans la totalité de l'histoire ; il a un projet propre pour moi. Ma vie est importante et même nécessaire. L'amour éternel m'a créé en profondeur et m'attend. Donc, voilà le premier point : connaître, chercher à connaître Dieu et comprendre ainsi que la vie est un don, qu'il est bon de vivre. [...1 Il y a donc une volonté fondamentale de Dieu pour nous tous, qui est identique pour nous tous. Mais son application est différente dans chaque vie, car Dieu a un projet précis pour chaque homme. [...] Ne pas « avoir » la vie, mais faire de la vie un don, ne pas me chercher moi-même, mais donner aux autres. Tel est l'essentiel"."
- Approfondir l'assimilation personnelle des valeurs évangéliques considérées comme critères permanents qui orientent pour les choix à effectuer dans la vie quotidienne. Il sera ainsi plus facile de résister à la tentation de suivre d'une manière conformiste ce que tout le monde fait. Comme je l'ai déjà dit plus haut, un point, sur lequel nous devons porter une atten‑
" BENOÎT XVI, Rencontre avec les jeunes de Rome et du Latium en préparation à la Journée Mondiale de la Jeunesse, 25 mars 2010. 22 BENOÎT XVI, Ibidem.
tion spéciale en ce domaine, sera celui de l'éducation à l'amour et à l'affectivité.
Place centrale et rôle de la consécration religieuse dans la mission de la Famille Salésienne
La mission salésienne est, au service des jeunes, une mission d'éducation (en vue d'une promotion intégrale de la personne) et une mission d'évangélisation. Ces deux dimensions de notre mission salésienne (à savoir l'éducation et l'évangélisation) sont essentielles et doivent être vécues dans une mutuelle complémentarité et un enrichissement réciproque.
La Famille Salésienne, dans le respect du charisme des différents groupes qui la composent, est l'agent de cette mission et doit veiller à l'intégralité de cette unité organique ; c'est pourquoi, c'est une richesse qu'en elle soient présentes d'une façon significative les deux manières complémentaires de vivre la vocation : "sans consécration religieuse" ou "avec consécration religieuse", et qu'en chacune de ces manières soient présentes la forme laïque et la forme sacerdotale.
Mais il est indispensable de considérer de façon consciente et de mettre en évidence la valeur fondamentale de la vie consacrée dans la réalisation de la mission salésienne. "Don Bosco — affirme le CG24 — a voulu des personnes consacrées au centre de son œuvre, orientée vers le salut des jeunes et leur sanctification"."
La forme laïque de la vocation salésienne, dans ses différentes expressions à l'intérieur de la Famille Salésienne, rappelle les valeurs de la création et des réalités d'ici-bas, présente une sensibilité particulière pour le monde du travail, porte une attention spécifique au pays où l'on vit, souligne les exigences de ce qui concerne la profession exercée ; chez les membres non prêtres de la Famille Salésienne (religieux, consacrés ou non) la laïcité montre à
23 CG24, 150.
tous comment vivre le dévouement total à Dieu pour la cause du Royaume dans ces valeurs et ces occupations d'ici-bas. L'autre forme est la forme sacerdotale, qui rappelle le but ultime de toute l'action éducative ; les prêtres, appartenant aux différents groupes de la Famille Salésienne, accomplissent un sacerdoce pleinement inséré dans l'engagement éducatif : en offrant la Parole de Dieu non seulement dans la catéchèse, mais aussi dans le dialogue et l'action éducative, ils construisent la communauté chrétienne par le canal de la construction de la communauté éducative.
On doit retrouver dans la Famille Salésienne la valeur de la consécration religieuse. En effet, sa place est d'être un signe nécessaire : tandis qu'il spécifie l'identité de ceux qui ont fait un choix total à la suite de Jésus, il indique dans le même temps aux laïcs qui partagent notre charisme que leur intervention dans la mission n'est pas simplement une aide complémentaire, mais plutôt une expérience particulière de Dieu, dans le partage d'une même spiritualité et d'une même mission. "Il n'y a pas d'espoir d'avenir pour un profil religieux qui n'exprimerait pas immédiatement, et presque sentimentalement, une signification transcendante, qui ne serait pas comme une flèche pointée vers le divin et vers l'amour du prochain, qui naît du divin"."
Très souvent dans notre vision de la vocation salésienne et dans sa présentation nous donnons l'impression de privilégier les aspects liés à une fonction, en laissant dans l'ombre ou en donnant comme allant de soi ou sous-entendus ceux de la vie consacrée. "Mettre entre parenthèses la consécration religieuse pour raisonner en termes d'activités et de fonctions, c'est non seulement confondre les plans, mais modifier les dimensions".25
Dans sa tâche spécifique la Famille Salésienne est enrichie de la présence significative et complémentaire de prêtres, de religieux,
" JUAN E. VECCHI, Béatification du Coadjuteur Artémide Zatti : une nouveauté explosive, ACG 376 (2001), p. 44.
26 JUAN E. VECCIII, Ibidem.
de personnes consacrées et de laïcs. Ensemble ils représentent une collection complète inhabituelle d'énergies employées pour le témoignage et la mission éducative ; les diverses vocations laïques non consacrées enrichissent le témoignage de ceux qui sont membres de la vie consacrée et la fonction animatrice que comme tels ces derniers doivent remplir dans la Famille Salésienne et dans le Mouvement salésien.
Ce rapport n'a donc pas son fondement dans les différents rôles ou dans les fonctions diverses que chacun peut remplir (bien souvent ces rôles sont les mêmes), mais dans les dons spécifiques de vocation au moyen desquels chacun contribue à la mission commune. Le don que chacun fait de sa vie doit être identique, parce qu'il est total, mais la manière de la donner n'est pas la même.
Le Mouvement Salésien des Jeunes, lieu privilégié de vocation
Le Mouvement Salésien des Jeunes (MSJ) est une réalité pleine de vie, présente dans les cinq continents. Il représente une expression significative de la forte attraction que la personne de Don Bosco et son charisme exercent sur les jeunes. Dans les différentes rencontres nationales et internationales du MSJ est accomplie une expérience vive et forte d'un courant de communion qui a sa source dans la personne de Don Bosco, dans les valeurs de sa pédagogie et de la Spiritualité Salésienne des Jeunes.
Ce développement du MSJ, avec sa variété de groupes et d'associations, avec la présence de nombreux animateurs, la diversité d'initiatives et de propositions de formation, est pour nous, membres de la Famille Salésienne, une grâce de Dieu et en même temps un appel. Le Seigneur nous envoie tous ces jeunes pour que nous les aidions dans leur chemin de croissance en tant que personnes jusqu'à ce qu'elles atteignent la plénitude de la vie chrétienne.
La tendance à s'associer, la vie de groupe, le penchant vers ce qui est communautaire ont été une expérience presque spontanée dans la vie de Don Bosco. Il y avait en lui une inclination naturelle à la socialité et à l'amitié. Que les jeunes se regroupent dans des associations est donc une exigence indispensable dans la proposition éducative voulue par Don Bosco. Au moyen d'une pluralité de groupes et d'associations de jeunes nous avons la possibilité d'assurer une présence éducative de qualité dans les nouveaux espaces de socialisation des jeunes. Et cette expérience devient significative au moment où les jeunes sont appelés à comprendre la réalité ecclésiale et à s'engager en elle comme membres vivants dans le "corps" de la communauté chrétienne.
Parfois, il peut sembler que les jeunes de nos milieux et de quelques-uns de nos groupes sont superficiels, surtout quand ils apparaissent dans leur style bruyant et festif. En réalité, beaucoup d'entre eux sont profondément imprégnés de bonté et de spiritualité. Ils manifestent une grande soif de Dieu, du Christ, d'évangile vécu dans la simplicité et dans la normalité de la vie quotidienne. Don Bosco avait la conviction que, dans un pourcentage élevé, les jeunes envoyés par le Seigneur dans nos maisons ont des dispositions favorables pour suivre, s'ils sont motivés et accompagnés convenablement, une vocation d'engagement social." C'est justement parce que souvent ils vivent dans un milieu peu favorable au silence et à l'intériorisation qu'ils recherchent notre aide, notre soutien et notre accompagnement dans le parcours de maturation de leur vie. La Spiritualité Salésienne des Jeunes, le style de vie chrétienne vécu par Don Bosco et par les jeunes de l'Oratoire de Valdocco, constitue alors une ressource à offrir à ces jeunes.
Dans plusieurs parties du monde beaucoup de vocations à la vie religieuse ou sacerdotale et aussi à la vie laïque engagée dans la Famille Salésienne fleurissent dans les groupes et les associations du MSJ, surtout parmi les animateurs. C'est un fait dont
2° Cf. MB XI, p. 266.
nous devons tenir compte, en mettant en valeur et en accompagnant beaucoup mieux cette expérience associative. Nous devrons sans doute être plus convaincus que nos jeunes, surtout les jeunes animateurs, ont le droit de recevoir de nous une impulsion qui les amène à penser à leur vie et à leur engagement sous l'angle de la vocation ; dans leur accompagnement personnel nous devons poser avec clarté la question de la vocation et encourager leur réponse généreuse.
Voilà un devoir important et urgent pour tout salésien et pour tout membre de la Famille Salésienne dans leur contact quotidien avec les jeunes des groupes et dans les différents engagements d'animation. S'il y a une occasion propice et la possibilité que le jeune soit disponible, c'est le moment pour proposer un engagement de vocation. Dans cette proposition nous devons parler librement et courageusement, en faisant confiance à l'action de l'Esprit, qui souvent nous surprendra par son intervention.
De nos jours l'âge des options de vie à prendre dans la ligne de la vocation est en train de se déplacer et, même si la graine est jetée immédiatement avant l'adolescence ou pendant l'adolescence, elle mûrit souvent dans des moments ultérieurs, quand les jeunes se trouvent à l'université ou dans les premières expériences de travail. Il est important de favoriser de manière concrète des propositions, des temps et des lieux qui nous permettent de les accompagner en ces moments décisifs pour leur avenir. Parmi ces jeunes nous devons porter une attention spéciale à ceux qui sont plus proches de nous, aux animateurs, aux volontaires, aux collaborateurs de nos oeuvres qui partagent généreusement beaucoup d'aspects de la mission salésienne, ont une authentique volonté de service et sont en recherche d'un projet de vie significatif. Il faut assurer que l'expérience d'animation ou de volontariat les aide à organiser leur vie selon une ligne de recherche de leur vocation et de disponibilité en vue de cette vocation.
Nous remarquons que, parmi les groupes du MSJ, sont en train de se développer d'une manière admirable les groupes du
Volontariat. Ceux-ci constituent un premier débouché du parcours de formation précédemment accompli dans les groupes. Les jeunes, dans l'option pour le volontariat, découvrent un espace d'initiative et de service qui devient une contestation courageuse de la mentalité qui empoisonne insidieusement de nombreuses réalités sociales : une mentalité qui est empreinte d'individualisme et qui porte à un usage immodéré des biens de consommation. En même temps, cette option les aide à mûrir, dans la perspective de la vocation, une vision de la vie, considérée comme un don et comme un service.
On doit cueillir ce "signe des temps" en en explicitant les multiples qualités et vertus, spécialement dans l'éducation à la solidarité et dans la richesse qu'il contient au point de vue de la vocation.
Don Bosco savait engager ses garçons, souvent très jeunes, dans des tâches de volontariat presque héroïques. Il suffit d'évoquer les jeunes "volontaires" à l'époque du choléra à Turin. Au moyen de ces engagements de service il les aidait à faire mûrir une option de vie dans la perspective de la vocation. La mise directe à contribution des jeunes eux-mêmes dans leur propre éducation et dans la transformation de l'ambiance fut pour Don Bosco une des clefs fondamentales de son système éducatif, en plus d'être une véritable école pour devenir de bons citoyens et des saints.
Nous aussi aujourd'hui, au moyen du volontariat, nous voulons de nouveau proposer, dans la perspective de la vocation, une vision de la vie, inspirée de l'Evangile vécu selon la Spiritualité Salésienne des Jeunes. Le/la volontaire concrétise ces valeurs et ces attitudes, précédemment soulignées, qui caractérisent une "culture de la vocation", telles que le développement et la défense de la vie humaine, la confiance en soi et dans le prochain, l'intériorité qui permet de découvrir en soi et chez les autres la présence et l'action de Dieu, la disponibilité à se sentir responsable et à se laisser mettre à contribution pour le bien des autres dans une
attitude de service et de gratuité. Ces valeurs doivent être cultivées pendant la formation des volontaires et inspirer leurs projets et leur manière de servir, de telle sorte que l'expérience de volontariat conforme leur vie à celle de citoyens et de chrétiens engagés et ne se réduise pas à être au contraire une expérience parmi tant d'autres vécues au temps de leur jeunesse.
De cette façon le volontariat devient une véritable école de vie ; il contribue à éduquer les jeunes à une culture de solidarité vis-à-vis des autres, surtout de ceux qui sont le plus dans le besoin. Il fait grandir en eux l'esprit d'accueil, l'ouverture vers l'autre, et invite presque naturellement à l'ouverture du don total et gratuit d'eux-mêmes.
Il est donc important de développer le volontariat dans la Famille Salésienne. C'est une proposition qu'il faut connaître, mettre en valeur, accompagner. Il constitue par lui-même une expérience typique dans laquelle on peut développer de manière appropriée une culture de la vocation.
4. Conclusion. Beauté et actualité de la vocation salésienne
Lors de mes visites à la Congrégation et à d'autres groupes de la Famille Salésienne présents dans la région contactée j'ai pu constater l'énorme force d'attraction et l'enthousiasme que suscite la personne de Don Bosco, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes, chez les gens simples, comme également parmi les autorités, dans le monde politique, chez les opérateurs sociaux, dans les différentes cultures et aussi chez des personnes d'autres religions. En parlant avec beaucoup d'entre eux, j'ai pu percevoir la reconnaissance qu'ils manifestent pour la présence salésienne et l'ceuvre salésienne. Tous se sentent fiers d'être anciens ou anciennes élèves et d'avoir fait l'expérience de la pédagogie salésienne. Fréquemment le souvenir de Don Bosco suscite un grand enthousiasme parmi les populations et les mobilise en grand
nombre. C'est ce qui se produit, par exemple, à Panama au cours de la neuvaine et de la fête en l'honneur de Don Bosco. Ce même phénomène, nous sommes en train de le percevoir pendant le passage de la châsse de Don Bosco, qui voyage en ce moment à travers les différents continents. Sa pédagogie et son style éducatif, surtout quand ils sont connus et appréciés, sont considérés comme un trésor qu'il faut à la fois faire connaître et conserver. En effet, ils représentent une réponse appropriée aux défis et aux attentes des jeunes d'aujourd'hui.
Tout cela nous encourage à vivre notre vocation avec de dignes sentiments de fierté et de reconnaissance, bien conscients d'être les héritiers et les continuateurs d'un charisme particulier que Dieu a suscité en faveur des jeunes, surtout de ceux qui sont le plus exposés à la pauvreté et au risque. En ces 150 années d'histoire salésienne, à partir de la fondation de la Congrégation et de la Famille Salésienne, nous voyons se réaliser le rêve de Don Bosco de mettre en jeu un vaste mouvement de personnes qui, en partageant son esprit, s'engagent dans la mission auprès des jeunes. Tous nous sommes les acteurs et la preuve de l'accomplissement de ce rêve.
Nous devons donc vivre notre vocation salésienne avec un grand sens de remerciement et le premier signe de reconnaissance est notre fidélité personnelle, vécue avec joie dans un témoignage porteur de lumière. Nous devons parler de notre vocation. Nous devons parler de Don Bosco et de sa mission. Nous devons mettre en évidence ce que la Famille Salésienne, grâce à ses groupes, a réalisé et réalise dans le monde et encourager beaucoup de personnes de bonne volonté à offrir non seulement leur coopération mais aussi leur propre vie elle-même pour que la mission salésienne puisse continuer dans le monde en faveur des jeunes tant aimés par Dieu.
Tous nous pouvons avoir la connaissance et rappeler le souvenir de frères et de soeurs, de communautés et de groupes qui ont vécu et vivent leur vocation d'une manière merveilleuse et at
trayante. Leurs vies suscitent l'estime de nombreuses personnes qui sont entraînées à les imiter. Je pense en ce moment à Don Cimatti qui par sa sympathie, son amabilité et son talent musical fit connaître et apprécier Don Bosco et son oeuvre au Japon, en suscitant de nombreuses vocations ; ou au P Carrerio qui en Inde, en compagnie d'autres grands missionnaires a fait connaître et aimer la vocation salésienne, en entraînant de très nombreux jeunes et en mettant en route un mouvement axé sur la vocation dont encore aujourd'hui nous recueillons des fruits abondants. Je rappelle aussi le souvenir de la Bienheureuse Soeur Maria Romero, qui fut une femme apostolique infatigable au Costa Rica, ou la personne rayonnante de Soeur Eusebia Palomino, ou celle du Coopérateur Salésien Attilio Giordani, ou encore celle de l'ancien élève Alberto Marvelli, ou celle d'Alexandrina da Costa, ou celle de Nino Baglieri.
Même dans des situations très difficiles, comme celle des pays communistes, les membres de la Famille Salésienne n'ont pas accepté d'être effrayés et découragés par les obstacles et ils n'ont pas reculé, en attendant des jours meilleurs, mais ils ont cherché à vivre fidèlement leur vocation, en s'aidant réciproquement persévérer dans des situations presque impossibles et en mettant en place des formes originales qu'inspirait la créativité afin de réaliser, dans la clandestinité, un travail pastoral selon l'esprit salésien. De cette façon, même dans ces circonstances contraires, ils ont été en mesure de susciter de nombreuses vocations vers la vie religieuse et vers la Famille Salésienne.
Je suis sûr que chacun de vous, dans les différents groupes et dans les congrégations et les instituts de la Famille Salésienne, a connu des frères et des soeurs autour desquels se sont développées de nombreuses vocations à la vie religieuse. D'autres auront favorisé l'engagement de nombreux laïcs pour la mission de Don Bosco. Cette force d'animation a l'une de ses sources dans la personne de notre Père, qui fut si grand, Don Bosco. Encore aujourd'hui, chaque fois que nos collaborateurs laïcs connaissent bien la physionomie de Don Bosco, ainsi que son Système Educa‑
tif et sa Spiritualité, ils en restent profondément enthousiasmés et ressentent le désir de les faire connaître à d'autres.
Nous devons donc être fiers de notre vocation salésienne ; connaître de plus en plus Don Bosco et, surtout, vivre et communiquer avec enthousiasme son esprit et la mission salésienne. Comme marque de gratitude pour le don de la vocation salésienne reçue, nous nous engageons à la faire connaître à tous, surtout aux jeunes. Nous en parlerons, chaque fois que cela sera possible, à nos collaborateurs et aux amis qui entrent en contact avec nous. Notre vie, notre enthousiasme, notre fidélité manifesteront pleinement que nous croyons dans la beauté et dans la valeur de la vocation que nous avons reçue. Nous croyons dans son actualité et nous la vivons intensément pour répondre avec joie aux besoins et aux attentes des jeunes et de la société d'aujourd'hui.
Le Seigneur Jésus et Marie Auxiliatrice nous ont confié ce don précieux pour le salut des jeunes. C'est un don que nous gardons avec amour, que nous vivons avec intensité, que nous communiquons avec joie.
Je conclus, comme d'habitude, par une fable qui me semble très stimulante pour la réflexion qu'elle nous propose sur le thème de la "sequela Christi", du chemin à parcourir, de l'option fondamentale pour la vie et le Seigneur, en les considérant comme l'unique bien suprême et la vraie perle précieuse, comme ce pour quoi il vaut la peine de tout vendre. Ce sont des éléments qui, tous, ont quelque chose à voir avec la conception de la vie envisagée comme vocation.
LA CARAVANE DANS LE DÉSERT
Dans le lointain Orient, vivait un empereur riche et puissant. Dans toutes les cours du monde on tressait les louanges de son royaume, de ses palais, de sa sagesse. Mais les bardes et les ménestrels qui allaient de château en château célébraient surtout
ses immenses richesses.
« A eux seuls, les bijoux de son diadème feraient vivre une ville ! », déclamaient-ils.
Comme il arrive toujours, tout cela fomenta l'envie et la convoitise d'autres rois et d'autres peuples. Quelques tribus de barbares féroces et violents s'amassèrent aux frontières et envahirent le royaume.
Personne ne réussissait à les arrêter.
L'empereur décida de se réfugier parmi les tribus fidèles qui vivaient dans les montagnes, au-delà du terrible désert.
Une nuit, il quitta le palais impérial suivi d'une alerte caravane qui transportait son fabuleux trésor de piastres d'or, de bijoux et de pierres précieuses. Pour rendre la marche plus rapide, l'accompagnaient seulement ses gardes d'élite et les pages, qui lui avaient juré fidélité absolue jusqu'à la mort.
La piste à travers le désert serpentait entre des dunes de sable brûlées par le soleil, des étranglements étroits et des passages escarpés. Une piste que peu connaissaient.
A mi-route, tandis qu'ils grimpaient sur une pente graveleuse, épuisés par la fatigue et par la réverbération torride des rochers, quelques chameaux de la caravane s'écroulèrent agonisants et ne se relevèrent plus.
Les coffres-forts qu'ils transportaient roulèrent à travers les flancs de la dune, se disloquèrent et répandirent tout leur contenu de pièces de monnaie, de bijoux et de pierres précieuses, qui se glissèrent entre les pierres et dans le sable.
Le souverain ne pouvait pas ralentir la marche. Les ennemis s'étaient probablement déjà aperçus de sa fuite.
Avec un geste qui tenait à la fois du regret et de la générosité, il invita ses pages et les gardes à conserver pour eux les pierres précieuses qu'ils réussissaient à ramasser, et à les emporter avec eux. Une poignée de ces précieux objets assurait la richesse pour le reste de la vie.
Tandis que les jeunes se jetaient avidement sur le riche butin et fouillaient anxieusement dans le sable et entre les pierres, le souverain continua son voyage dans le désert.
Il s'aperçut cependant que quelqu'un continuait à marcher derrière lui.
Il se retourna et vit que c'était l'un de ses pages, qui le suivait haletant et suant.
« Et toi », lui demanda-t-il, « tu ne t'es pas arrêté à ramasser quelque chose ? ».
Le jeune le regarda fixement ayant un regard serein, pleinement rempli de dignité et de fierté, puis il répondit
« Non, sire. Je reste à la suite de mon roi ».
Ce récit nous rappelle le passage capital de l'Evangile selon saint Jean qui rapporte le moment fondamental de distinction et de séparation opérées dans l'histoire de Jésus
« Beaucoup de ses disciples se retiraient et cessaient de faire route avec lui. Alors Jésus dit aux Douze : "Voulez-vous partir, vous aussi ?".
Mais Simon-Pierre lui répondit : "Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Quant et nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu" » (Jn 6,66-69).
Un choix aussi engageant de remettre sa vie entre les mains de Dieu n'est possible que si nous sommes capables de danser en nous laissant guider par l'Esprit Saint : c'est que Madeleine Delbrêl écrit dans les deux passages que nous citons de son commentaire sur "Le bal de l'obéissance" ; nous les appellerons.
La Danse de la Vie
"Pour être un bon danseur, avec vous comme ailleurs, il ne faut
Pas savoir où cela mène.
Il faut suivre,
Etre allègre,
Être léger;
Et surtout ne pas être raide.
Il ne faut pas vous demander d'explications
Sur les pas qu'il vous plaît de faire.
Il faut être comme un prolongement,
Agile et vivant de vous,
Et recevoir par vous la transmission du rythme de l'orchestre.
Il ne faut pas vouloir à tout prix avancer,
Mais accepter de tourner, d'aller de côté.
Il faut savoir s'arrêter et glisser au lieu de marcher.
Et cela ne serait que des pas imbéciles
Si la musique n'en faisait une harmonie.
Mais nous oublions la musique de votre esprit,
Et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique ;
Nous oublions que, dans vos bras, elle se danse,
Que votre Sainte Volonté
Est d'une inconcevable fantaisie."
"Si nous étions contents de vous, Seigneur,
Nous ne pourrions pas résister
A ce besoin de danser qui déferle sur le monde,
Et nous arriverions à deviner
Quelle danse il vous plaît de nous faire danser
En épousant les pas de votre Providence."
Chers frères et soeurs, je souhaite à vous tous cette expérience exaltante de vous laisser conduire par l'Esprit. Notre vie se remplira de joie et d'enthousiasme et alors nous pourrons devenir, comme Jean-Baptiste, des maîtres capables d'aider leurs propres disciples à devenir des disciples et des apôtres du Seigneur Jésus.
Tous mes voeux fortement exprimés pour une année 2011 sereine et abondante en vocations à l'adresse de toute la Famille Salésienne.
Père Pascual Chavez Villanueva
Recteur mcdeur