1. Comment Jean Bosco s'est préparé à son apostolat
SOMMAIRE
1. Le rêve des neuf ans, premiére annonce de sa vocation: "Pais mes brebis"
2. Trois présences formatrices: maman Marguerite, don Calosso, Louis Comollo
3. L'apprentissage du "cetera tolle"
4. L'apprentissage de l'apostolat comme pur service de Dieu ("Tu, da mihi animas")
5. L'expérience et le choix héroique des jeunes pauvres
2. Don Bosco: devenir un saint en vivant pour et avec les jeunes
SOMMAIRE
A. L'originalité de don Bosco: "le saint des jeunes"
1. Une vie entiérement conçue en fonction des jeunes
2. La conviction et la motivation de fond: serviteur appelé et envoyé
3. Son chemin de sainteté: serviteur fidéle, instrument docile
B. La sainteté de serviteur vécue par don Bosco dans la pratique de la méthode préventive
1. Son regard de foi pastorale sur les jeunes
2. Son comportement de charité pastorale parmi les jeunes
3. Son attitude d'espérance pastorale á l'égard des jeunes
L'eucharistie dans la pratique salésienne
SOMMAIRE
A. La pratique eucharistique promue par don Bosco
1. Pour don Bosco, l'eucharistie est le Christ vivant et présent ici et au-jourd'hui
2. Don Bosco encourage á la communion "fréquente", faite avec une vraie foi et avec fruit
3. Don Bosco encourage á la visite "quotidienne" au Saint-Sacrement
B. La pratique de don Bosco est á insérer aujourd'hui dans l'ampleur retrouvée du mystére eucharistique
1. Elargissement extraordinaire de la vision théologique de l'eucharistie
2. Le point de vue du salésien éducateur, coopérateur du projet de Dieu (Const. 87-89)
C. Quel sens donner aujourd'hui á l'adoration eucharistique et á la dévotion au Coeur du Christ
1. Signification de l'adoration eucharistique aujourd'hui
2. Signification de la dévotion au Coeur transpercé du Christ.
Nous allons réfléchir, dans cette conférence, sur la maniére providentielle dont Jean Bosco s'est préparé à son ministére envers les jeunes, sur ce qu'il a vécu en profondeur lorsqu'il avait quinze ans, vingt ans, vingt-cinq ans, lorsqu'il portait en son coeur le grand projet de donner sa vie entiére pour les jeunes. Une telle réflexion est toujours éclairante: pour vivre les valeurs de la vocation salésienne, rien de mieux que de regarder vers le fondateur précisément au moment oú lui-même "devenait" salésien, orientant non sans un effort remarquable (nous le verrons) toutes ses ressources dans le sens d'une pleine disponibilité à sa mission.
Pour réfléchir sur cette période de sa vie, nous possédons un document d'une valeur unique: ses souvenirs personnels, rédigés par lui-même sur ordre explicite du pape Pie IX, et intitulés: Memorie dell'Oratorio di S. Francesco di Sales, dal 1815 al 1855. Il écrivit ces pages entre 1873 et 1875 (il avait donc prés de soixante ans). Les réservant à ses fils, non seulement il ne les publia pas de son vivant, mais il interdit formellement qu'on les publiât aprés sa mort. Dans l'introduction à l'édition établie avec soin en 1946 (celle que nous citerons), don Ceria explique pour quelles raisons on a cru bon de ne pas obéir sur ce point au fondateur désormais canonisé. Aujourd'hui nous pouvons tous lire ces Memorie dans leur intégralité[1]. Ces souvenirs sont vraiment à méditer. Non seulement parce qu'ils sortent de la plume du fondateur lui-même, mais parce qu'en aucun autre écrit don Bosco n'a aussi intimement parlé de lui, de son âme profonde. Nous assistons ici à l'éveil de sa conscience intensément apostolique et à ses premiéres options décisives [2].
A partir de ce texte, je voudrais mettre en relief quelques aspects de la vocation, de la formation et de l'âme de Jean Bosco futur prêtre et jeune prêtre. Et je distinguerai cinq aspects et étapes.
1. Le rêve des neuf ans, premiére annonce de sa vocation: "Pais mes brebis"
domboscoLe premier fait décisif est l'appel mystérieux de Dieu à travers le fameux songe des neuf ans, qui, reléve don Bosco, "me resta toute ma vie profondément gravé dans l'esprit" (MO 22; éd. fr. 31). Il a conditionné la façon de vivre et de penser de don Bosco, et, en particulier, sa façon de percevoir la présence de Dieu dans la vie de chacun et dans l'histoire du monde. C'est un songe de caractére profondément biblique. Il s'est déroulé en deux phases: dans la présence du Seigneur, puis aussi de sa mére.
"Apparut un homme d'aspect imposant, dans la force de l'âge et magnifiquement vêtu. Un manteau blanc l'enveloppait tout entier. Son visage était si éclatant que je ne pouvais le regarder. Il m'appela par mon nom ['vocation'] et m'ordonna de me mettre à la tête de ces enfants ['mission']. Puis il ajouta: 'Ce n'est pas avec des coups, mais par la douceur et par la charité que tu devras gagner leur amitié' ['méthode']. - Mais vous me commandez l'impossible! - Je te donnerai la maîtresse sous la conduite de laquelle tu peux devenir sage, et sans laquelle toute sagesse devient sottise ['guide'].
"A cet instant, je vis à côté de lui une dame d'aspect maje stueux, vêtue d'un manteau qui resplendissait de toutes parts... Elle me fit signe d'approcher, et me prenant par la main avec bonté, elle me dit: Regarde, [et les enfants devinrent les animaux les plus divers]. Voilà ton champ d'action... Ce que tu vois arriver à ces animaux, tu devras le faire pour mes fils [et les animaux se transformérent en doux agneaux]... A ce moment-là je me mis à pleurer... Alors, elle me posa la main sur la tête, en me disant: 'En son temps tu comprendras tout'".
Scène merveilleuse, qui rappelle le "Pais mes agneaux, pais mes brebis" de l'Evangile (Jn 21), mais avec l'indication immédiate de la méthode d'apostolat qui devra être employée. Jean sera un jour berger d'un immense troupeau de jeunes, au nom du Bon Pasteur et de celle qui, dans un autre rêve, sera appelée "la pastourelle" ou "la bergère" (MO 135-136; éd. fr. 141-143). Lorsque nous disons que la méthode salésienne est une méthode "pastorale", tout imprégnée de "charité pastorale" (cf. Const. SDB 10), nous devons, pour comprendre ces expressions dans leur plénitude, remonter à ce premier rêve. Il me semble que la vocation de tout salésien se développe en cette double présence: celle de Jésus bon pasteur, et celle de Marie bonne bergère.
2. Trois présences formatrices: maman Marguerite, don Calosso,
Louis Comollo.
Mais à côté de ces deux présences célestes, la providence du Pére a disposé des présences humaines visibles, pour aider le petit Jean Bosco à persévérer dans sa vocation au milieu de conditions particuliérement difficiles. Trois de ces présences ont été importantes, parce que Jean en avait trés spécialement besoin. Une vocation, pour réussir, réclame tant d'appuis amoureusement offerts et acceptés!
En premier lieu, maman Marguerite.
Extrêmement profonde a été l'influence de maman Marguerite dans la formation spirituelle de son fils, autant par son exemple que par ses paroles. Paysanne remplie de sagesse chrétienne, elle l'ouvrit au sens du travail et du devoir, mais aussi au sens de Dieu, à la priére, à la pratique des sacrements, à la dévotion envers Marie. Elle intervint aux moments décisifs de sa vocation; don Bosco raconte en particulier comment elle le prépara à sa premiére communion à onze ans, et comment elle stimula sa ferveur à son entrée au séminaire de Chieri: "J'aime mieux avoir un fils simple paysan qu'un fils prêtre négligent de ses devoirs" (MO 89; éd. fr. 97-98).
A 14 ans, don Calosso, pére et guide spirituel.
Arrivé à quatorze ans, Jean n'avait pas encore pu commencer ses études secondaires; l'horizon était bouché, et son coeur en grande inquiétude. Alors le Seigneur met sur sa route un prêtre de soixante-dix ans, le nouveau chapelain de Morialdo: don Calosso. C'est le premier prêtre qui entre vraiment dans sa vie. Pendant une année, ce saint veillard initie Jean au latin, et plus encore à la réflexion spirituelle. Mais surtout, entre eux deux, s'établit une communion d'âme extrêmement profonde, une relation de pére à fils de réelle tendresse: le style même du récit à cet endroit indique le caractére nouveau et inoubliable de cette expérience de l'adolescent avide de se confier: "Don Calosso était devenu pour moi une idole. Je l'aimais plus qu'un pére... Je n'étais jamais aussi heureux que lorsque je me fatiguais pour lui, et j'allais dire, quand je dépensais ma vie pour lui faire plaisir" (MO 40; éd. fr. 49). La mort soudaine de don Calosso fut pour Jean une épreuve terrible, "un désastre irréparable". "Je pleurais, in-consolable..." (MO 43; éd. fr. 52). Mais ce fut aussi l'occasion de s'abandonner à nouveau aux mains de la Providence.
De 19 à 24 ans, Louis Comollo, ami trés précieux
A la fin de ses étude secondaires, à dix-neuf ans, Jean rencontre un compagnon de deux ans plus jeune, timide et pâle, mais tout brùlant d'amour de Dieu: Louis Comollo. Aprés don Calosso "pére" trés aimé, Comollo sera l'"ami" trés précieux, le "merveilleux, l'incomparable compagnon" (MO 94; éd. fr. 103), que Dieu lui offre pour le faire progresser dans l'esprit sacerdotal. Leur amitié dura quatre ans et demi, s'étant prolongée au grand séminaire de Chieri, jusqu'à la mort de Comollo (2 avril 1839). Pour tous les deux, ce fut une expérience trés profonde. En particulier, Jean trouva en son ami de quoi nourrir sa faim d'admiration et d'affection, un encouragement à l'intimité avec Dieu et à l'ascése, une force équilibrante de son tempérament tourné vers l'extérieur. Sur un seul point il refusa de le suivre: les mortifications afflictives (MO 95; éd. fr. 103). Retenons ce fait: l'amitié, cordiale et spirituelle, a joué, dans le cheminement de don Bosco, un rôle tout à fait remarquable.
Maman Marguerite, Don Calosso, Louis Comollo: la mére, un pére, un ami: ces trois présences ont été formatrices parce qu'elles ont comblé en même temps le coeur trés sensible de Jean Bosco et son âme généreuse, invitée à cultiver davantage les réalités spirituelles, l'attention à Dieu, la réflexion personnelle. On pourrait les appeler "les trois tendresses" de don Bosco en sa jeunesse. Elles ont marqué profondément son expérience d'homme, d'éduca-teur, de saint. Elles représentent aussi, me semble-t-il, ce qui arrive pour toute vocation à la vie consacrée: y interviennent de façon décisive presque toujours un membre de la famille (souvent la maman ou une soeur), un prêtre de grande intériorité, un ami. Le don de soi à Dieu fleurit sur le terrain de l'affection reçue et restituée.
3. L'apprentissage du "cetera tolle"
La figure de notre fondateur se présente à nous sous le signe d'une bonté souriante, d'une trés grande spontanéité et liberté de mouvement. D'autres saints se présentent avec une certaine raideur ou contrainte, sous le signe d'une ascése continuellement sévére: pensons, par exemple, aux portraits qu'on nous a laissés du saint Curé d'Ars. En don Bosco au contraire, tout semble aller de soi, il laisse une impression de liberté et d'allégresse.
Eh bien, nous ne devons jamais oublier que ce type de comportement a été le fruit d'une dure conquête, réalisée précisément au cours des six années d'études de philosophie et de théologie au grand séminaire. Nous connaissons bien les devises ou mots d'ordre oú don Bosco lui-même a voulu traduire l'idéal salésien: Da mihi animas, cetera tolle, Travail et tempérance. Ce sont des formules à deux membres contrastés, positif et négatif, on pourrait presque dire de valeur pascale: une résurrection s'opérant à partir d'une mort. Qui veut vivre sérieusement le da mihi animas, le zéle pastoral fécond, doit accepter comme condition le renoncement du cetera tolle. Qui veut travailler avec fruit au bien des âmes doit accepter comme condition l'ascése de la tempérance.
Or ces formules, don Bosco le tout premier les a inscrites dans sa vie, et tout d'abord dans son programme de formation sacerdotale. Lui-même nous confie dans les Memorie dellOratorio qu'il avait, entre autres, deux graves défauts ou au moins deux tendances qui font obstacle à la disponibilité sacerdotale:
- il était orgueilleux, il éprouvait de la répugnance à obéir, à recevoir des autres; il avait, en effet, une forte personnalité, un caractére indépendant, un don naturel de chef et d'entraîneur, une tendance à dominer et à commander, et même à se mettre en colére;
- il était "dissipé", nous dirions aujourd'hui "extraverti", tempérament de paysan piémontais pratique, habile dans les choses matérielles, intéressé par toutes les réalités visibles de ce monde, prédisposé à entrer facilement en relation avec les autres, éloquent et convaincant dans la discussion. En outre son tempérament passionné le portait à l'action immédiate et réalisatrice.
Jean Bosco séminariste a compris que, pour devenir un véritable serviteur de Dieu, il devait non pas supprimer ces forces, mais les purifier, les dompter, les transformer en moyen de mieux aimer et de mieux servir. Comment? Par un double effort vigoureux d'humilité et de douceur d'une part, de détachement et d'intériórité d'autre part.
L'acceptation de la dure vie du séminaire.
Ce double effort, il l'a accompli en acceptant avec loyauté les conditions exigeantes de la vie du séminaire, dans un pays et à une époque oú l'ascése sacerdotale était sévére, tout imprégnée de jansénisme. Mais probablement, plus que de la rigueur du réglement, le séminariste Bosco a alors souffert de trois choses:
- du comportement froid et distant des supérieurs (cf MO 91; éd. fr. 99-100);
- du mauvais esprit d'un certain nombre de ses compagnons, qui semblaient ne pas prendre au sérieux leur vocation et situation de séminaristes (cf ibidem);
- enfin de la méthode d'enseignement: la théologie de l'époque était fortement spéculative, on discutait de questions abstraites et subtiles, et les études ne préparaient pas vraiment les futurs prêtres à leur rôle de pasteurs (cf MO 121; éd. fr. 127).
En un mot, le séminariste Bosco a souffert alors dans son coeur, qui n'a pas trouvé l'esprit de famille, et dans son intelligence, qui penchait vers les problémes concrets, d'histoire et de pastorale. Or, de tout cela il a fait une occasion continue de purification et de croissance spirituelle.
Les résolutions d'entrée au séminaire (1835) et de sacerdoce (1841)
Mais plus significatives encore sont pour nous les deux séries de résolutions qu'il prit, à six ans de distance, à l'entrée au séminaire et au début du sacerdoce: elles disent à l'évidence que le séminariste Bosco ne s'est pas contenté d'accepter les dures conditions de la vie du séminaire: il s'est tracé un programme personnel de conversion dans les deux directions indiquées plus haut: humilité-douceur, détachement-intériorité. Les six années de séminaire sont marquées par une tension de sévére autocontrôle et par un effort d'ascése accentué et précis. Le jeune Bosco se prépare en somme à être un "homme de Dieu": tout ce qui est ou semble incompatible avec cet idéal est sacrifié; et tout ce qui peut être utilisé est rectifié et orienté vers cet idéal. Les six années de séminaire de don Bosco m'apparaissent comme une étape décisive de sa vie, comme une saison de dur hiver qui a préparé le printemps et l'été: obscurément, avec vigueur et continuité, il a réalisé cette trés grande chose: l'unification de son être dans la ligne de sa vocation. Il a concentré ses forces, jusqu'alors encore dispersées, et il a acquis sa figure fondamentale définitive: prêtre et rien d'autre, homme de Dieu pour les âmes et rien d'autre, homme du da mihi animas.
Elles valent la peine d'être étudiées, ces deux séries de résolutions, qui vont dans le même sens et ont des contenus semblables. Les sept résolutions de la prise de soutane sont portées à maturité dans les neuf résolutions de l'ordination:
- dans la premiére série (cf MO 87-88; éd. fr. 96): trois résolutions de renoncement irrévocable à certains comportements "légers" du passé, trois autres de discipline personnelle, de mortification et de recueillement, une enfin de zéle envers le prochain;
- dans la seconde série (cf MO 114-115 note 51; éd. fr. 121 note 1) : deux résolutions centrales de dévouement total à la mission en esprit salésien (3. Souffrir, agir, s'humilier en tout et toujours, quand il s'agit de sauver des âmes. - 4. Que la charité et la douceur de St François de Sales me guident en toute chose), et sept résolutions "périphériques" de soutien à cette donation: priére centrée sur l'eucharistie (8 a) et six points d'ascése impressionnants.
En outre, dans les deux séries, on est frappé par le ton absolu des formules: jamais, jamais plus, de toutes mes forces, au prix de n'importe quel sacrifice rigoureusement, en tout et toujours, en toute chose...: don Bosco n'est pas homme de demimesures. On découvre alors que son zéle souriant a fleuri sur les épines du plus authentique renoncement: cetera toile.
4. L'apprentissage de l'apostolat comme pur service de Dieu
("Tu, da mihi animas")
On est frappé aussi par un autre élément de la vie spirituelle de don Bosco durant sa formation sacerdotale, un élément plus décisif encore que les renoncements ascétiques précédents, ou, si l'on veut, le renoncement le plus profond exigé de celui qui met au service de Dieu: don Bosco séminariste et jeune prêtre a acquis le sens authentique de l'apostolat.
L'apostolat, en effet, n'est pas une activité comme les autres qui permettent à l'initiative de l'homme de se manifester librement. L'étymologie même du mot le dit: il est l'accomplissement d'une mission. L'apôtre se livre à son apostolat non pas parce que cela lui plaît ni parce qu'il l'a décidé, mais parce que Dieu l'envoie, et l'envoie travailler dans un champ, dans une vigne qui demeure la propriété de Dieu. En un mot, l'apôtre est un serviteur toujours aux ordres de Dieu.
Or nous voyons que Jean Bosco jeune prêtre s'est installé clairement dans cette perspective. La chose mérite d'être relevée, car il était par tempérament homme d'action, et doté d'un ensemble de dons naturels et surnaturels qui lui permettaient de bien réusir en toutes ses entreprises. Il était par instinct homme d'initiative, sans peur, sans hésitations.
Or paradoxalement, à certaines heures décisives de ces années, nous le voyons hésiter, attendre, chercher... Quoi donc? Des signes, même externes, de la volonté de Dieu. Il ira travailler pour les âmes avec tout l'élan de sa ferveur, certes, mais seulement quand Dieu lui aura donné l'ordre d'y aller, seulement quand il se saura "envoyé". A trois moments de sa vie se manifeste ce type de réaction, en particulier sous la forme du recours à un guide spirituel, de l'obéissance à la parole d'un représentant de Dieu.
Au moment du sous-diaconat, qui était alors l'étape de l'engagement définitif, il ouvre son coeur à son directeur spirituel et à un confesseur extraordinaire, et demande à être jugé et conseillé:
"Pour l'ordination des quatre-temps d'automne, je fus admis au sous-diaconat. A présent que je connais les vertus exigées pour ce pas si important, je demeure convaincu que je n'étais pas assez préparé: mais n'ayant personne qui prît soin directement de ma vocation, je consultai D. Caffasso, qui me dit d'aller de l'avant et de me reposer sur sa parole. Au cours des dix jours de retraite préparatoire suivie à la maison de la Mission à Turin, je fis une confession générale, afin que le confesseur p