Début de l'enquête diocésaine: le 17 septembre 2003
Conclusion de l'enquête diocésaine: le 24 mai 2011
Né à Królewska Huta (Haute Silésie) le 29 avril 1877, de Mathieu et de Françoise Rother; mort martyrisé au camp de concentration d’Oswiecim (NdT: plus connu sous son nom allemand d’Auschwitz) le 27 juin 1941, à l’âge de 64 ans, dont 42 de profession religieuse et 38 de sacerdoce.
Depuis plusieurs années des informations arrivaient en Haute Silésie à propos de Don Bosco et de ses œuvres, spécialement l’Institut Salésien de Valsalice qui acceptait des jeunes polonais désireux de devenir prêtres.
Jan Swierc arriva à Valsalice en 1894, où il fit ses études secondaires. Il fit ensuite le noviciat à Ivrea, puis la philosophie et la théologie à Turin; il y servait aussi de secrétaire au Recteur Majeur pour le courrier en polonais. Il fut ordonné prêtre à Turin par le Cardinal Richelmy le 6 juin 1903.
Retourné en Pologne, il se lança dans le travail pédagogique salésien avec beaucoup de zèle; il y fit preuve de grande compétence et de solides vertus religieuses.
Il fut directeur à Oswiecim dès les débuts de l’œuvre, juste après don Manassero; ensuite à Cracovie à l’Institut Lubomirski. Après un passage à Przemysl (paroisse et Oratoire), il retourna à Oswiecim, puis de nouveau à Przemysl; ensuite à Lviv (NdT: aujourd’hui en Ukraine), à Notre-Dame Ostrobramska; et enfin à Cracovie Debniki. Il fut sans discontinuer membre du Conseil provincial, dès sa mise en place, jusqu’à sa mort.
Il s’est toujours comporté en religieux et en salésien exemplaire; il aimait la Congrégation et Don Bosco: son comportement témoignait qu’il en possédait à fond l’esprit. Très compétent et prudent, c’était toujours à lui que l’on confiait les affaires les plus difficiles et les plus délicates.
Le 23 mai 1941, alors qu’il était Directeur et curé de Cracovie Debniki, il faut arrêté, en compagnie des autres confrères, par la Gestapo (NdT: Police secrète d’Etat nazie) et emprisonné à Cracovie; de là il fut, à la fin de juin, transféré au camp de concentration d’Auschwitz, où l’attendait une mort atroce, qu’on peut considérer comme un martyre.
Nous nous permettons de rapporter ici la déposition, traduite du polonais, d’un témoin oculaire.
Le P. Jan Swierc et les autres confrères «furent emmenés enchaînés depuis la prison de Montelupi à Cracovie, le 26 juin 1941, en compagnie de Juifs. Ils étaient 12. Sur la place où l’on faisait l’appel, on leur enleva les chaînes; après avoir été battus à sang, ils furent envoyés avec les Juifs à la «compagnie des punis » dans le «bloc de la mort » du camp de concentration d’Auschwitz.
Le commandant du bloc interrogea chacun des nouveaux arrivants. Le premier, ce fut le P. Jan Swierc : «Quel est ton métier? ». En entendant la réponse: «Prêtre catholique », le commandant se montre fou de rage; il lui envoie deux coups de botte dans le ventre et le frappe de son fouet en plein visage, au point que le sang coule. Furieux, il rugit des injures: «Toi, sale curé! Voleur! Salaud! Imposteur!... Vous allez tous crever, chiens de porcs! Tout ce qui vous attend, c’est le crématoire ».
Le lendemain, ils partent tous au travail, bien qu’ils soient épuisés, affamés et presque asphyxiés par la fumée nauséabonde qui s’échappe de la cheminée du four crématoire.
Ceux de la «compagnie des punis » doivent travailler dans la carrière de graviers derrière la cuisine. Prêtres et Juifs sont séparés et confiés à la garde de Kapo (NdT: «Camarade Policier »; nom donné dans les camps nazis à des détenus chargés de surveiller d’autres détenus) sadiques.
Chacun d’eux reçoit une brouette en fer, une pelle et une pioche...
Le travail consistait à casser les pierres avec la pioche, à les charger dans la brouette et aller les déverser dans un trou profond de 8 mètres. Et cela, au pas de course. Les Kapo qui surveillaient le travail étaient munis de solides bâtons avec lesquels ils frappaient sans pitié, spécialement les prêtres. Très vite, ces derniers eurent les mains couvertes de cloches et de blessures; et ils ne tenaient plus sur leurs jambes.
Un premier obstacle et le P. Jan Swierc tombe. «Ah! Tu ne veux pas travailler! - crie le Kapo - je vais t’aider tout de suite ». Ce disant, il le frappe à la tête et aux épaules avec un gros bâton. Le pauvre Père se relève et avec le peu de forces qui lui restent, il pousse la brouette dans le trou. Entre-temps, le Kapo n’arrête pas de lui asséner des coups de pieds pour qu’il se relève. Ce jeu brutal a bien duré un heure. Le Père n’en peut plus. Il vacille. À chaque coup de bâton, il lève les yeux au ciel et dit: «Mon Jésus! Mon Jésus! » Le Kapo devient furibond et rugit: «Je vais te le faire voir, moi, ton Jésus. Dieu, ça n’existe pas! Ce n’est pas lui qui va t’arracher de mes griffes! »
Tout en vomissant des jurons obscènes, il lui envoie un coup violent dans la figure, qui fait sortir un oeil de son orbite et fait jaillir le sang. D’un second coup, il lui brise les dents et déchire toute la joue droite. Le pauvre Père faisait vraiment pitié à voir, vraiment massacré et tout dégoulinant de sang. On n’entendait plus que ses faibles gémissements: «Mon Jésus! Mon Jésus, pitié! » Une dernière fois, il lève la tête vers nous et vers le collège aimé dominé par la statue de bronze doré du Saint Rédempteur, que l’on voyait depuis le camp. Ce fut son au revoir.
Furieux, le Kapo décide de donner le coup de grâce à sa première victime prêtre de la journée: il le soulève et, de toutes ses forces, il le jette contre la brouette chargée de grosses pierres. Le coup fut si terrible que le Père eut la colonne vertébrale brisée et que sa tête pendait de la brouette. Pour l’achever, la brute lui écrasa la tête avec une grosse pierre. «Voilà un coup de maître! » hurlaient, en rigolant, les soldats qui n’arrêtaient pas de se rassasier de ce spectacle macabre. »
Le P. Jan Swierc était mort! Son corps encore chaud fut chargé sur la brouette et jeté dans le four crématoire, tandis que son âme allait recevoir la palme de la victoire des mains de son Divin Sauveur.
Le P. Ignace Antonowicz était né en 1890 à Wieslawice. Il fut élève du Collège de Oswiecim de 1901 à 1904. Il était entré dans la Congrégation à Daszawa en 1905; il prononça ses premiers voeux à Oswiecim en 1906. Il fut ordonné prêtre à Rome en 1916. Il a travaillé d’abord en Italie avant de revenir en Pologne. Il fut entre autres Recteur du Séminaire de Cracovie (scolasticat de théologie). Il fut arrêté le 23 mai 1941 et emprisonné. Par la suite, il fut transféré à Auschwitz. Il y mourut le 21 juillet 1941, dans l’hôpital du camp où il avait été amené à la suite des coups et des mauvais traitements reçus.
Le P. Ignace Dobiasz était né en 1880 à Ciochowice. Entre 1894 et 1898, il fréquenta le Collège Salésien de Turin. Entré ensuite dans la Congrégation, il émit ses premiers voeux en 1900; il fut ordonné prêtre à Foglizzo en 1908. Après son retour au pays, il travailla à Oswiecim, à Przemysl , à Varsovie et à Cracovie. Il fut arrêté le 23 mai 1941 et, après un mois de prison, il fut transféré à Auschwitz. Il y fut tué dans la gravière le 27 juin 1941.
Le P. Karol Golda était né en 1914 à Tychy. Entre 1927 et 1931, il fut élève du Collège salésien d’ Oswiecim . Il entra dans la Congrégation salésienne en 1931; il y prononça ses premiers voeux en 1932, à Czerwinsk. À partir de 1935, il étudia à Rome, où il fut ordonné prêtre en 1938. Après son retour en Pologne, il travailla à Poznan puis à Oswiecim. Il fut arrêté le 31 décembre 1941 et emmené au camp d’Auschwitz. Il y fut condamné à mort pour avoir confessé des soldats allemands. Il fut exécuté le 14 mai 1942.
Le P. Franciszek Harazim était né en 1885 à Osiny. En 1901, il entra au Collège salésien d’Oswiecim. Il entra dans la Congrégation salésienne en 1906; il y prononça ses premiers voeux en 1907, à Daszawa. Il étudia ensuite en Italie, où il fut ordonné prêtre en 1915. Après son retour en Pologne, il travailla entre autres à Oswiecim et à Cracovie. Il fut arrêté le 23 mai 1941, et, après un mois de prison, il fut transféré au camp d’Auschwitz. Il y mourut le 27 juin 1941, assassiné dans la carrière de graviers.
Le P. Franciszek Miska était né le 5 décembre 1898 à Swierczyniec (Haute Silésie). Après ses études secondaires au Collège salésien d’Oswiecim, il entra au noviciat à Pleszów. Il prononça ses premiers voeux à Oswiecim en 1923. Il alla ensuite à Turin-Crocetta pour y suivre les études de théologie. Il fut ordonné prêtre le 10 juillet 1927. Retourné en Pologne, il travailla d’abord dans l’orphelinat de Przemysl, ensuite à Vilnius (NdT: aujourd’hui en Lituanie), à l’école professionnelle. En 1931, il fut nommé Directeur à Jaciazek, puis à Lad. C’est là qu’il fut arrêté et emmené au camp de Dachau, où il mourut à cause des mauvais traitements subis, le 30 mai 1942.
Le P. Ludwik Mroczek était né en 1905 à Kety. Il fut élève du Collège salésien d’Oswiecim de 1917 à 1921. Il fit son noviciat à Klecza Dolna, où il prononça ses premiers voeux en 1922. Il a ensuite étudié à Cracovie et à Przemysl, où il fut ordonné prêtre en 1933. Il a travaillé entre autres à Lviv (NdT: aujourd’hui en Ukraine), Czestochowa et Cracovie. Arrêté le 22 mai 1941, il resta emprisonné un mois avant d’être transféré au camp de concentration d’Auschwitz. Frappé au cours d’un appel, il fut conduit à l’hôpital du camp, où il mourut le 6janvier 1942.
Le P. Wlodzimierz Szembek était né en 1883 à Poreba Zegoty. Il entra dans la Congrégation salésienne en 1929, à Czerwinsk, où il prononça ses premiers voeux en 1930. Il fit sa théologie à Cracovie, où il fut ordonné prêtre en 1934. Il a travaillé entre autres à Cracovie, d’abord à la Maison provinciale, et ensuite au scolasticat de théologie; puis à Skawa. C’est là qu’il fut arrêté le 9 juillet 1942 et emmené, d’abord à Zakopane, puis à Tarnów et enfin transféré au camp d’Auschwitz. Il y mourut le 22septembre 1942, par suite des tortures subies au cours des interrogatoires.
Le P. Kazimierz Wojciechowski était né en 1904. Entre 1912 et 1920, il fut élève dans les écoles salésiennes de Cracovie et d’Oswiecim. Il fit le noviciat à Klecza Dolna, où il prononça ses premiers voeux en 1921. Il fut ordonné prêtre à Cracovie en 1935. Comme prêtre salésien, il a travaillé alors à Oswiecim et à Cracovie. Il fut arrêté le 23 mai 1941 et emmené au camp d’Auschwitz. Il y mourut le 27 juin 1941, assassiné sur le lieu du travail dans la gravière.