Nº 5 Janvier 2013 3ème année
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Editorial 3-4
De la Nouvelle évangélisation à l’éducation de la foi.
Pensée salésienne 5-14
Le nouveau langage de la foi, exigence ac-tuelle de la Nouvelle évangélisation.
La pédagogie salésienne à l’heure de la Nou-velle évangélisation.
Réponse salésienne à la nouvelle évangélisation : le système préventif de Don Bosco.
Théologie 15-26
Nouvelle évangélisation : origine , sens du concept et place donnée aux jeunes.
Nouvelle évangélisation : la place de l'Afrique !
Nouvelle évangélisation : quelle responsabilité pour l’Afrique ?
Dialectique d’une évangélisation et témoignage d’une radicalité évangélique.
Société et développement 27-29
Le chrétien et le développement des institutions de Bretton woods.
Ephémérides 30
Flash infos 31 …
Directeur de publication : P. Grégoire KIFUAYI; Administration : P. Marco Porfirio DIAZ; Rédacteur en chef : Gildas SANT’ANNA . Maquette - Mise en page : Fidélius-Marie ADJANOHOUN; Mathieu POLA
Rédaction : Arnaud BIDOUZO; Jonathan POULI; Narcisse BADIATA ; Paul TEGUE; Christophe TCHAWO; Emmanuel THÉRA; Théophile KPABA; Manuel LUCAS.
Ebugu Janvier 2013
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EditorialEditorialEditorial
Père Grégoire Marie KIFUAYI, sdb, directeur du théologat
D ans sa Lettre apostolique Porta fidei du 11 octobre 2011, le Pape Benoît XVI a proclamé une Année de la foi. Elle s’ouvrira le 11 octobre 2012 et s’achèvera le 24 novembre 2013, Solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’univers.
Le début de l’Année de la foi coïncide avec le souvenir recon-naissant de deux grands événe-ments qui ont marqué le visage de l’Église en nos jours : le cinquan-tième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, voulu par le bienheureux Jean XXIII (11 octobre 1962) et le vingtième anniversaire de la promulgation du Catéchisme de l’Église catholique, offert à l’Église par le bienheureux Jean-Paul II (11 octobre 1992).
Le Concile, selon le Pape Jean XXIII, a voulu « transmettre la doctrine dans sa pureté et dans son intégrité, sans atténuations ni alté-rations», s’efforçant afin que «cette doctrine certaine et im-muable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et pré-sentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque ». À cet égard, l’importance du début de la
De la nouvelle évangélisation à l’éducation à la foi
Constitution Dogmatique sur l’Église reste décisive : «Lumen gentium ».
Pour favoriser la réception correcte du Concile, les Souverains Pontifes ont convoqué à plusieurs reprises le Synode des Evêques, institué par le Serviteur de Dieu Paul VI en 1965, proposant à l’Église des orientations claires par le biais des diverses Exhortations Apostoliques Post-Synodales. Et la dernière Assemblée Générale du Synode des Evêques, au mois d’octobre 2012, avait pour thème : La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne.
Cette année sera une occa-sion propice pour que tous les fi-dèles chrétiens comprennent plus profondément que le fondement de la foi chrétienne est « la rencontre avec un événement, avec une Per-sonne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive ». Fondée sur la rencontre avec Jésus-Christ ressuscité, la foi pourra être redécouverte dans son intégrité et dans toute sa splen-deur. « De nos jours aussi, la foi est un don à redécouvrir, à cultiver et dont il faut témoigner», afin que le Seigneur «accorde à chacun de nous de vivre la beauté et la joie d’être chrétiens ».
Pour nous salésiens l’évan-gélisation et l’éducation concer-nent notre identité missionnaire; elles touchent fondamentalement notre être salésien. Dans sa lettre «Luvenum Patris», Jean Paul II af-firmait que « Saint Jean Bosco est
encore actuel [… parce] qu’il en-seigne à intégrer les valeurs perma-nentes de la tradition avec les nou-velles solutions, pour affronter de manière créatrice les demandes et les problèmes urgents : en ces temps difficiles que sont les nôtres, il continue à être un maître, propo-sant une nouvelle éducation qui soit à la fois créatrice et fidèle ». Le CG 23 nous a rappelé à bon droit que « personne et société sont transfor-mées par une nouvelle culture» (CG 23, 4) et cela comporte nécessaire-ment « une nouvelle éducation », car l’éducation est le fondement de toute culture. C’est pourquoi, on comprend bien que « l’éducation des jeunes à la foi » présente au-jourd’hui un des traits de la nou-velle évangélisation et qu’elle exige une nouvelle éducation à la foi.
Photo: DR
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«Cette Société était à ses origines un simple catéchisme. Pour nous aussi, l'évangélisation et la catéchèse sont la dimension fondamentale de notre mission. Comme Don Bosco, nous sommes appelés, tous et en toute occasion, à être des éducateurs de la foi» (Const. Art. 40).
Au coeur du projet éducatif et pastoral salésien, se trouvent l'an-nonce de Jésus Christ et l'initiation à son mystère. L'évangélisation et la catéchèse sont la dimension fonda-mentale de notre mission. En quali-fiant ces dimensions de «fondamentales», les Constitutions en-tendent moins souligner la propor-tion de nos oeuvres orientées dans cette direction que l’option qui ins-pire tout notre travail d'éducation : l'éducation est positivement orientée vers le Christ. «La pratique de l'éduca-tion salésienne trouvera toutes ses motivations et toutes ses inspirations dans le Christ et son Évangile de la joie».
L’éducation théonomique fon-dée dans l’agapè est le fondement du système pédagogique de Don Bosco. Tout le système de Don Bosco repose sur une conviction profonde : l’amour de Dieu précède l’homme et le sauve. En témoigne cette citation de Don Bos-co : «La pratique de cette méthode pédagogique repose tout entière sur ces mots de Saint Paul : la charité est longanime et patiente. Elle souffre tout, espère tout, supporte toutes les contrariétés». Le système éducatif salésien est totalement sous la grâce : la grâce d’abord en tant que précé-dence gratuite; la grâce en tant qu’ex-périence esthétique procurant la paix et la joie. Nous faisons résider la sain-teté, répète Don Bosco, à être tou-jours joyeux. D’où l’environnement théonomique des institutions salé-siennes et surtout la hiérarchie des deux finalités : d’abord « être un bon chrétien, un saint, c’est ce qui permet
de devenir un bon citoyen et non pas l’inverse».
La pédagogie salésienne est donc d’abord une évangélisation. Le «éduquer en évangélisant» précède logiquement et chronologiquement le « évangéliser en éduquant.» Nous pourrions même ajouter que l’évan-gélisation précède ontologiquement l’éducation. Faisant référence à la distinction latine entre « primatus et prius », nous pouvons dire que structurellement dans la perspective actuelle, l’éducation a la priorité (prius) mais le principe de la mission salésienne selon Don Bosco donne la primauté (primatus) à l’évangélisation. Si l’éducation a la priorité, l’évangélisation a la primauté. Dans ce rapport dialectique, l’évangéli-sation est l’évangélisation de l’éducation et l’éducation s’élargit dans l’évangélisation.
La pédagogie de Don Bosco est une pédagogie d’un don aux autres qui est radicalement expérience d’abandon à Dieu. D’où l’extrême impor-tance de la confiance en la Providence qui rejaillira en manifestation de confiance au jeune, objet et sujet de cette Providence. Il faut dire que Don Bosco met en place une spiritualité éducative qui, comme toute spi-ritualité, conduit à vivre un cercle herméneutique. C’est à partir de l’ex-périence de Dieu que l’on saisit son expérience humaine dans sa vérité et c’est à partir de l’expérience humaine que l’on saisit ce qu’il en est de Dieu, de Dieu dont on fait l’expérience. L’expérience de Dieu conduit Don Bosco à soutenir et à affiner son expérience éducative des jeunes et sa pédagogie. Mais son expérience éducative et sa pédagogie le condui-sent à affiner sa connaissance de Dieu.
Le coeur du Système Pédagogique : raison-religion-amorevolezza. «Cette méthode, dit Don Bosco, s’appuie tout entière sur la raison, la religion et l’amorevolezza, c'est-à-dire la bonté affectueuse». Ces trois éléments du Système Préventif, «raison-religion-amorevolezza», sont de part en part informés par l’agapè évangélique qui est leur fondement.
Il ne s’agit donc pas d’un système purement ancré dans le passé, mais d’un système ouvert à des directions de marche audacieuses, à des constantes mises à jour, à des initiatives courageuses et à des nouvelles frontières pour l’éducation, sans pour cela abandonner les principes fon-damentaux qui le régissent. La gamme potentiellement universelle des intentions de Don Bosco en faveur des jeunes, proportionnellement aux groupes limités dont il s’occupa et aux institutions fondées par lui au XIXe siècle (Oratoires, Écoles, Internats…) a déjà conduit au cours du XXe siècle des éducateurs à étendre cette possibilité de la réalisation du Sys-tème Préventif. À son tour le XXIe en marche devrait prendre encore da-vantage conscience du fait que la prévention a aujourd’hui pris des di-mensions incomparables par rapport aux réalisations et aux formulations de Don Bosco.
Il reste toujours vrai que le Système Préventif de Don Bosco, in-culturé et actualisé, peut renforcer le bagage de songes avec lesquels les nouvelles générations se présentent à la vie. Ce que Don Bosco définissait comme «l’art difficile d’éduquer la jeunesse» est à juste titre un défi à révéler comme tel et à vaincre si possible, dans l’horizon de la nouvelle évangélisation pour une éducation renouvelée à la foi…
Ebugu Janvier 2013
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Pensée salésiennePensée salésienne
Fr Jacques NAGALO, sdb, (Burkinabé)
Le nouveau langage de la foi, exigence actuelle de la nouvelle évangélisation
L e contexte actuel de l’Année de la foi se pré-sente comme une occa-sion favorable pour toute l’Eglise qui peut ainsi mieux redécouvrir son adhé-sion au message évangélique. Pour ce qui concerne la Congrégation salésienne, au nom de sa mission d’éducation et d’évangélisation des jeunes, cette année consacrée à la foi lui permet d’envisager avec une nouvelle énergie la relation que les jeunes entretiennent avec la foi. Il est vrai que le sujet des jeunes face à la foi est très vaste et peut laisser libre cours à plusieurs pistes de ré-flexion.
En fait, comment les jeunes chrétiens présents dans les diffé-rentes Eglises locales d’Afrique ren-dent-ils compte de la foi au Christ Jésus ? De quelle manière compren-nent-ils leur foi ? Les contenus de foi tels que présentés aujourd’hui sont-ils significatifs pour eux ?
Il y a plus de vingt ans, le CG 23, en abordant le thème de l’éducation des jeunes à la foi, éta-blit une classification des jeunes en
fonction de leurs attitudes face à la foi. Il distingue : les jeunes éloi-gnés de la foi, les jeunes ouverts au discours religieux, les jeunes qui ont une pratique religieuse, les jeunes engagés, les jeunes d’autres dénominations chrétiennes, les jeunes des autres religions (1). Cette classification qui révèle le paysage diversifié en matière de religion reste d’une étonnante actualité, quoique les proportions de jeunes, à l’intérieur de chaque « groupe », aient subi des mutations.
L’intelligence de la foi dont il est question ici concerne d’abord les jeunes qui ont une pratique religieuse dans l’Eglise catholique et les jeunes qui y sont extérieurement engagés. Il s’agit de voir comment ils compren-nent et formulent leur foi au Christ Jésus dans un contexte marqué par la pluralité de références religieuses.
La crise de la foi qui marque diverses aires géographiques de par le monde n’épargne pas l’Afrique actuelle. Dans plusieurs milieux africains, les relations des jeunes en face de la foi ont subi des changements considé-rables. On assiste désormais à la montée du phénomène des nouveaux mou-vements religieux, allant des mouvements à caractère chrétien aux groupes ésotériques. Cependant, en plus des jeunes qui manifestent une certaine expression de la foi, il y a ceux qui se tiennent bien loin de tout discours religieux. Il n’est pas difficile de constater que ce contexte marqué par la cohabitation entre diversité et indifférence en matière de foi fragilise da-vantage l’expression de la foi des jeunes chrétiens. De manière générale, il y a une situation de crise qui est due au fait que la foi est peu ou mal com-prise.
Actuellement, beaucoup de jeunes, chrétiens ou non, évoluent dans les études universitaires. Cependant, un déséquilibre notoire se constate entre les connaissances acquises dans le cursus de la formation intellec-tuelle et l’expression conceptuelle des contenus de la foi. Le jeune étu-diant chrétien n’a pas souvent les moyens nécessaires pour mieux dire sa foi, tout comme il serait en mesure de parler de politique, de vie sociale,
Photo: Modeste GAGLO, Sdb
Ph. Jerry
Les salésiens rejoignent les jeunes dans leur milieu
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de culture etc. Nombreux sont ceux qui marquent une dis-tinction presque radicale entre la foi, rangée à la paroisse, et l’expérience vitale de tous les jours.
Le contact avec les contenus de la foi se fait, au ni-veau de l’Eglise, d’abord par la catéchèse et les célébrations liturgiques communautaires, les rencontres des groupes et mouvements de jeunes. Pendant le cheminement de la for-mation à la vie chrétienne, très souvent, les contenus de la foi sont exprimés de façon laconique et se limitant à des connaissances à mémoriser pour passer un examen en vue de la réception des sacrements. La pédagogie catéchétique dé-ployée dans plusieurs Eglises locales est donc mise en cause. Pour ce qui concerne les célébrations eucharistiques, la foi est exprimée par exemple dans le credo, mais tout ce qui y est dit est-il compris à sa juste valeur ?
Les expressions langagières des contenus de foi signi-fient peu de choses pour beaucoup de jeunes chrétiens. Ces énonciations sont donc faites de manière vague. En fait, les formulations de la foi ne tiennent pas suffisamment compte des contextes et cultures actuels de nos sociétés et des lan-gages qui sont en vigueur. La foi a donc du mal à s’enraciner dans le contexte actuel parce qu’elle s’exprime avec des concepts qui peinent à entrer dans les schèmes de pensée de la génération nouvelle. Par exemple, que signifie pour les jeunes chrétiens en Afrique la doctrine de la rédemption ou encore celle de la création du monde à partir de Genèse 1 et 2 ? «Le catholique moyen d’aujourd’hui ne nie pas le purga-toire, Dieu nous en préserve ! Mais croire que la moyenne de nos chrétiens de grande ville y croit existentiellement, ce serait un optimisme bien naïf» (2).
La lourde responsabilité qui incombe à l’Eglise au-jourd’hui revient à rendre plus significative sa présence dans «le monde de ce temps» (3). Au sein de l’Eglise, les Salé-siens de Don Bosco, dans le projet apostolique initié par le fondateur, sont « signes et porteurs de l’amour de Dieu pour les jeunes, surtout les plus pauvres » (4). Ainsi, ils sont ap-pelés à accompagner les jeunes pour une expression renou-velée de leur foi au Dieu qui les aime et leur donne le salut.
Un autre constat concerne la faible con-naissance des sources de la foi chrétienne que sont la Bible, la Tradition et le Magistère. De ma-nière générale, la Bible est très peu lue en milieu catholique. Et lorsqu’elle est lue, elle fait l’objet d’une compréhension limitée et non éclairée par les recherches exégétiques actuelles. Du coup, les fondements scripturaires de la foi en Jésus-Christ sont vaguement évoqués dans l’expression de la foi. Cet éloignement vis-à-vis des Ecritures donne beaucoup de chances aux nouveaux mouvements religieux dont la grande partie est composée d’an-ciens chrétiens catholiques et surtout des jeunes. La Tradition de l’Eglise et le Magistère sont da-vantage peu connus. Le concept même de Tradi-tion jouit aujourd’hui d’une audience restrictive et en gros négative. Aussi les documents du Magis-tère sont très peu connus. Que signifie par exemple, Gaudium et Spes ou Africae Munus pour les jeunes chrétiens des Eglises d’Afrique aujour-d’hui ?
La foi est une grâce que seul Dieu con-fère. Pour mieux aider la jeunesse africaine à mieux l’accueillir, il convient de la présenter en des termes nouveaux, à l’endroit de ceux qui dé-veloppent des attitudes hostiles tout comme pour ceux qui l’accueillent comme don de Dieu en Jé-sus-Christ. «Ce contexte est un vrai défi à la théo-logie qui est une exigence de la foi. Il oblige à trouver de nouveaux paradigmes pour penser la Révélation de Dieu dans les langages de notre temps» (5).
A l’égard des jeunes chrétiens, l’Eglise en Afrique comme partout ailleurs est appelée à leur proposer une catéchèse actualisée et adaptée à leur situation dans le fond du contenu de foi et dans sa forme, c’est-à-dire dans la manière de la présenter. Le contenu de la foi, dans ce qu’il pos-sède d’essentiel ne doit pas être édulcoré ni pure-ment être remplacé, par simple souci de « conformité » avec le monde. Les dogmes doi-vent être redéfinis en termes nouveaux sans en atténuer ni surévaluer le sens des concepts tradi-tionnels devenus quelque peu caducs. « Il ne
Jeunes étudiantes ayant participé à une formation chrétienne
Ph.Arnaud
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s’agit pas d’une simple question de vocabulaire mais plus largement des représentations, des concepts tradi-tionnels, des formules de foi et des codes moraux » (6)
La forme de présentation du message évangé-lique, doit prendre en compte tous les moyens « externes » qui facilitent son accès à la jeunesse. Les sites internet, les réseaux sociaux ainsi que les autres médias modernes constituent des terrains favorables qui restent encore à explorer par l’oeuvre d’évangélisa-tion des jeunes.
Par ailleurs, les diverses expériences de groupes proposées aux jeunes dans les milieux salésiens doivent reprendre un souffle nouveau. Dans les paroisses, les écoles, «les oratorio» et centre de jeunes, l’accent doit davantage être mis sur l’accompagnement des groupes qui fécondent les propositions et le vécu de la foi.
Les sources chrétiennes que sont la Bible, la Tradition et le Magistère doivent être accessibles aux jeunes à travers des présentations ou synthèses adap-tées par le biais des multiples possibilités qu’offre la communication sociale aujourd’hui. De manière parti-culière, la Bible pour jeunes doit être vulgarisée et ex-pliquée pour éviter des lectures dépourvues de toute intelligence des Ecritures. La Tradition et les docu-ments du Magistère sont appelés à déborder le cercle très souvent étanche des théologiens, des pasteurs et des personnes consacrées pour atteindre tous les chré-tiens et spécialement les jeunes qui devront désormais faire l’objet d’une attention particulière de l’Eglise en Afrique aujourd’hui. Il s’agit surtout, de manière géné-rale, de s’adonner à une herméneutique actualisée et contextualisée qui demande une grande capacité de synthèse et une aptitude à communiquer afin de se faire proche des nouvelles générations.
Quant aux jeunes qui sont « éloignés » de la foi, pour mieux entrer en dialogue avec eux, l’Eglise est tenue de leur adresser un discours cohérent en langage nouveau avec les différents moyens que les cultures actuelles proposent. Ce discours cherchera davantage à mieux articuler foi et raison, Dieu et la science, en cherchant toujours à donner des réponses solides à leur quête de sens. Surtout, c’est le témoignage de vie chrétienne de l’Eglise tout entière, et particulièrement
Notes bibliographiques
1. Cf. Chapitre Général des Salésiens de don Bosco 23, 64-74.
2. Karl Rahner, Eléments de théologie spirituelle, Paris, Desclée, 1963, p. 176 cité par Jean Marc Ela, Repenser la théologie africaine, p. 41.
3. Cf. Gaudium et Spes
4. Constitutions, 2.
5. Joseph Ratzinger, Sel de la terre, p.44.
6. Jean Marc Ela, Repenser la théologie africaine, Paris, Karthala, 2003, p. 29.
7. Extraits des Lineamenta du Synode des Évêques : La Nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, 23 § 3.
celui des jeunes qui cheminent déjà dans la foi au Christ ressuscité qui constitue un moyen efficace de proposition de foi à cette catégorie de jeunes.
La foi, expérience vitale d’un individu ou d’une communauté, n’est pas strictement une affaire de mots ou de concepts ni même de langage. Elle ne peut donc pas s’enfermer dans le cadre trop restreint du langage, au contraire, elle peut et devrait même atteindre la sphère de l’ « indicible ». Cependant, une foi qui s’ex-prime à travers des éléments d’un langage étranger à la situation du croyant est vraiment en difficulté. Une foi qui n’exprime pas la relation avec Dieu à travers un an-crage profond dans la réalité de l’existence est faible.
La foi est en crise d’une manière générale dans plusieurs contextes actuels, même dans les milieux in-soupçonnés comme l’Afrique par exemple. L’Année de la foi ainsi que le Synode sur la nouvelle évangélisation se justifient donc dans le temps nouveau que vit l’Eglise, afin de donner une nouveauté à l’annonce de l’Evangile. Proposer aux jeunes la foi chrétienne en termes nou-veaux ne signifie nullement proposer une nouvelle foi, de même que «nouvelle évangélisation » ne renvoie pas à un «nouvel évangile» (7).
A coup sûr, la foi à proposer aux jeunes, en Afrique et ailleurs, demeure la foi de l’Eglise. De même, l’évangile à annoncer reste celui de Jésus-Christ mort sur la croix et ressuscité. Cependant, le langage nouveau qui s’impose désormais à l’expression de la foi, pour mieux remplir sa fonction de « signifiant » doit partir de la réa-lité actuelle des jeunes, de leur expérience concrète de vie pour prétendre exprimer convenablement ce qu’il veut signifier.
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Fr Emmanuel THÉRA, sdb, (Malien)
La pédagogie salésienne à l’heure de la nouvelle évangélisation mission évangélisatrice n’est pas une invention de l’Église à un moment donné de l’histoire. Elle est née de la volonté du Christ Jésus. C’est un mandat que l’Eglise a reçu de son Seigneur : «Allez dans le monde entier, pro-clamer l’évangile à toute la créa-tion» (Mc 16,15). Elle ne dépend pas du bon vouloir des apôtres ou de leurs successeurs, c’est un ordre du Seigneur pour tout chré-tien et pour l’Église en général. L’évangélisation est donc une réa-lité intrinsèquement liée à l’exis-tence de l’Eglise et marque son identité. L’Eglise ne peut se ré-clamer d’être l’Église du Seigneur si elle n’est pas évangélisatrice.
Avec le Synode sur la Nou-velle Évangélisation qui s’est tenu cette année à Rome, l’Église uni-verselle s’est résolument engagée sur cette voie. Désormais tous les chrétiens sont appelés où qu’ils soient à oeuvrer pour une nouvelle annonce de l’Evangile de Jésus Christ à travers le monde entier.
L’Afrique n’est pas en reste dans ce renouveau. Dans leur message final, les pères syno-daux ont interpelé le continent sur ses priorités et sur les efforts que les chrétiens africains doivent fournir pour que Jésus Christ soit «chez lui» en Afrique.
Photo : Rigobert F. , Sdb
Par ailleurs en ce qui con-cerne la Congrégation salésienne, une lettre du père Egidio Vigano fut dédiée à la question de la nou-velle évangélisation sous le titre : Spiritualité salésienne pour la nou-velle évangélisation. Datée de 1990, elle montre comment la Con-grégation est depuis plusieurs an-nées en avant-garde de la nouvelle évangélisation. Est-ce que cela est le cas en ce qui concerne la Con-grégation en Afrique? Quelles orientations la Congrégation salé-sienne pourrait-elle prendre en vue d’une inculturation véritable du charisme salésien en Afrique ?
La nouvelle évangélisation
Selon le professeur Messomo Augustin, la nouvelle évangélisa-tion doit s’entendre comme la pé-riode où les chrétiens africains
prennent l’entière responsabilité dans l’annonce de l’évangile dans leur continent, la période où se concrétise le voeu du pape Paul VI exprimé en Ouganda en 1969 «Africains, soyez vos propres missionnaires». Dans ce sens com-ment entendre la nouvelle évan-gélisation à la salésienne? Celle-ci sans nul doute bien qu’étant enra-cinée dans l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ, trouve sa concré-tisation dans la pédagogie salé-sienne. Celle-ci est l’axe principal de ce chantier qu’est la nouvelle évangélisation en Afrique, du moins en ce qui concerne la Con-grégation salésienne. C’est pour-quoi le père E. Vigano pouvait dire : «la Congrégation se situe au coeur de l'Église précisément pour servir la nouvelle évangélisation». C’est ainsi que les papes n’ont pas
Modeste, salésien au milieu des jeunes pendant la rencontre des animateurs sur la pédagogie salésienne
Ph.Mathieu
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hésité en s’adressant à la Congré-gation à diverses occasions de re-lever la tâche qui est la sienne dans l’éducation de la jeunesse dans l‘Église. D'abord dans la lettre du Centenaire, le pape Jean-Paul II disait ceci : «L'originalité et l'audace de la proposition d'une "sainteté juvénile" est intrinsèque à l'art éducatif de ce grand Saint (Don Bosco) qui peut être juste-ment défini "maître de spiritualité Juvénile». Ensuite dans son mes-sage au CG23 il poursuivait : «un aspect à approfondir avec soin, (c'est) la "spiritualité des jeunes". (...) Il ne suffit pas de s'appuyer sur la simple rationalité d'une éthique humaine (...). Il faut éveiller des convictions person-nelles profondes qui poussent à un engagement de vie inspiré des valeurs éternelles de l'Évangile». Enfin dans le discours de sa visite au Chapitre il ajoutait: «Comme l'Église a besoin aujourd'hui que nous éduquions les jeunes (...) à vivre une "spiritualité" concrète!»
Avec ces différentes exhor-tations, il est sans doute clair que la congrégation salésienne a un rôle important à jouer dans la nouvelle évangélisation et surtout en ce qui concerne l’éducation des jeunes, tout d’abord à la foi et ensuite en d’autres domaines.
En Afrique cette tâche s’avère urgente et prioritaire. Et pour ce faire, le salésien doit être une fidèle incarnation de notre Père bien-aimé pour devenir, comme lui, un signe de l’amour de Dieu, spécialement en faveur des jeunes. Ceci demande une articu-lation très osée entre le charisme salésien et les cultures africaines.
Ni le message de l’Évangile ni le charisme salésien ne pour-ront s’enraciner en terre africaine
si ceux-ci ne sont pas inculturés. Sans inculturation, ses beaux messages resteront superficiels et ne toucheront jamais la femme et l’homme afri-cains dans leur être profond. Le charisme salésien demande une véritable insertion dans les cultures africaines pour qu’elles en soient transformées et que la société s’en trouve transformée par le même fait.
Comme nous l’avons dit plus haut, l’Eglise est essentiellement mis-sionnaire de même que la Congrégation salésienne. Et cette tâche ne peut réussir sans inculturation. Comme l’affirme le Recteur majeur, l’insertion du charisme salésien dans la culture «est une tâche dont je perçois de plus en plus l’extrême urgence à mesure que j’avance en con-naissance de la réalité de la Congrégation tout entière».
Voilà pourquoi nous estimons qu’une nouvelle évangélisation à la salésienne n’est possible que si les salésiens en Afrique peuvent articuler identité salésienne et attention aux réalités sociales présentes. Car com-ment faire pour ne pas renoncer à l’identité propre pour adopter celle de la société et pour ne pas non plus s’enfermer au point de devenir des fon-damentalistes. En ce qui concerne l’articulation entre l’identité charis-matique et l’ouverture à la société, il faudra donc prendre en compte deux aspects. Le premier qui consiste à rester fidèle à l’Evangile et aux inspirations fondamentales de don Bosco tandis que le second relève de la pertinence sociale de la mission. Ces deux pôles ne sont nullement à op-poser en cherchant à savoir celui sur lequel il faut insister ou celui qu’il faut privilégier. Il s’agit en notre sens d’articuler les deux faces d’une même réalité afin de les harmoniser. Une rigidité statique sur le plan identitaire rendrait stérile la mission qui ne pourra plus s’adapter aux ré-alités de la société et donner réponse aux préoccupations des jeunes. Une saine articulation entre l’identité charismatique et la pertinence sociale est le gage d’une pertinence et de la crédibilité de l’oeuvre salésienne et c’est en cela qu’on pourra parler d’inculturation.
L’inculturation du charisme salésien en Afrique
« Apparu en 1975 environ dans le vocabulaire de la missiologie chrétienne et, depuis 1977, dans les textes officiels de l'Église catholique, le terme d'inculturation répond au souci des missionnaires de prendre en compte la spécificité des cultures locales au lieu de leur imposer le mo-dèle ecclésial des communautés européennes, » nous apprend une ency-clopédie indépendante.
Le mot «inculturation» est entré en 1971 dans le vocabulaire offi-ciel salésien sous la pression des représentants de l'Inde (Bangalore), pen-dant le chapitre général spécial et lors de la préparation lointaine de l'ar-ticle 7 des constitutions de 1984 de la Société de St François de Sales. Cet article est intitulé «notre Société dans le monde contemporain». À partir du rectorat de don Viganó et de la naissance du Projet Afrique de la Con-grégation (1978), le terme inculturation est devenu d'usage courant dans le monde salésien.
Dans le contexte salésien, on a essayé de trouver une définition qui puisse correspondre avec la réalité de l’inculturation. C’est ainsi que le terme a été défini comme : «l'insertion de la vie et du message chrétien dans une aire culturelle concrète, de façon à ce que cette vie et ce mes-sage non seulement parviennent à s'exprimer dans les éléments propres à
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la culture en question, mais aient aussi une fonction inspira-trice, normative et unificatrice, qui transforme et recrée cette culture, donnant origine à une nouvelle création.»
En effet, il s’agit de s’identifier en Afrique avec le charisme de don Bosco afin que celui-ci soit chez lui en Afrique, se sente en harmonie avec eux et que ceux-ci se sentent en harmonie avec lui pour un enrichissement et une purification des cultures dans lesquelles le charisme se trouve inséré. C’est une tâche ardue devant laquelle il ne faut pas reculer sous peine d’avoir un charisme salésien à la périphérie des cultures africaines qui demeurera étranger. C’est pourquoi selon don Chavez «une mission insérée non adéquatement dans la culture est, sans aucun doute, une mission ratée : la “manière appropriée [‘accomodata praedi-catio’ : la prédication adaptée, l’annonce ‘ajustée à la cul-ture’] de proclamer la parole révélée doit demeurer la loi de toute évangélisation».
Cette tâche est impossible si l’évangélisateur ne prend pas le temps de connaître la culture qui l’accueille. Il doit comme saint Paul s’identifier pleinement avec ses des-tinataires afin d’en gagner un plus grand nombre au Christ. Nous trouvons ici le modèle du missionnaire : il est celui qui s’identifie, d’une manière totale, avec chacun de ses desti-nataires, dans l’unique but d’en gagner le plus grand nombre possible à son Seigneur !
Aujourd’hui, à l’heure de la nouvelle évangélisation, il est impératif pour les salésiens en Afrique de prendre à coeur l’insertion du charisme salésien. Dans ce sens, com-ment faire pour que le charisme salésien ne soit compris tout simplement comme une oeuvre caritative, mais comme un véritable «chemin de libération» comme le dit monseigneur Bakolé Wa Ilunga dans un livre qui porte ce titre. Une des propositions qu’il fait, porte sur l’éducation. Nous le savons tous, l’éducation dont les salésiens détiennent l’expertise reconnue doit devenir en Afrique le lieu où cette incultura-tion se réalise. Car quand nous parlons d’inculturation du charisme salésien nous supposons que celui-ci est en lien étroit avec l’Evangile et donc en annonçant ce qui est salé-sien on annonce forcément l’Evangile de Jésus-Christ.
Il ne s’agit donc pas de s’arrêter aux salésiens afri-cains ou de réduire ce travail à la Famille salésienne qui certes est aussi comprise dans cette entreprise. Car les va-leurs salésiennes sont un tremplin qui peut aider à libérer les jeunes Africains de tant de servitudes qui rendent leur épa-nouissement difficile, voir hypothéqué.
En effet «dans un continent saturé de mauvaises nou-velles, comment le message chrétien est-il “Bonne Nouvelle ” pour notre peuple ? Au milieu d’un désespoir qui envahit tout, où sont l’espérance et l’optimisme qu’apporte l’évan-gile» (Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n°133). Ces mots du pape doivent être aujourd’hui les nôtres. Car il ne s’agit pas seulement de soulager les souffrances des personnes mais de
préparer les hommes et les femmes de demain. Des gens qui seront capables de relever les défis du développement, de la paix, de la solidarité, etc. Le lieu le plus influent où l’on puisse mettre cela en oeuvre est certainement celui de l’éduca-tion. C’est en cela que le Système pédagogique salésien axé sur le système préventif est le bien-venu.
Le «nouveau système» préventif
Le cadeau le plus précieux que le cha-risme salésien puisse faire à l’Afrique salésienne et ecclésiale est le système préventif. Celui-ci est et demeure un, cependant il peut avoir plusieurs façons de le vivre. De même que Don Vigano, a eu l’intuition du «nouveau système préventif», de même il nous paraît judicieux en terre africaine de mettre en oeuvre le «nouveau système préventif» salésien. Il ne s’agit pas d’inventer un autre système préventif mais de rénover, d’inculturer ou tout simplement d’insé-rer. S’exprimant à ce propos, don Vigano disait ceci : «Je crois être le premier à user de l'ex-pression «le nouveau Système Préventif », jamais entendue chez d'autres. Je me réjouis de ce pri-mat, que je mets en parallèle avec la «nouvelle évangélisation » et la «nouvelle éducation», nou-veautés de valeurs permanentes». C’est dire combien la pédagogie salésienne est intrinsèque-ment liée à la nouvelle évangélisation et doit en être un des moteurs. C’est en cela que les salé-siens sont des acteurs de premier de ce champ de la nouvelle évangélisation.
En parlant de nouveau «système préven-tif», il ne s’agit pas une fois encore de créer quelque chose d’autre différent du système de don Bosco si cher à la Congrégation salésienne. Ici, il faudrait, en tenant compte du milieu et du contexte, faire une réflexion qui puisse aboutir à une façon authentique de vivre le système de Don Bosco. La réalité africaine doit susciter une touche particulière voire un enrichissement du système pédagogique salésien et c’est en ce mo-ment qu’adviendra véritablement la nouvelle évangélisation à la salésienne.
Il est clair que rien ne pourra venir ex nihilo, voilà pourquoi il faut s’inspirer des expé-riences des autres. Mais ces expériences fussent-elles une réussite totale ne peuvent être appli-quées en Afrique comme du “copier-coller”. Il
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faut une originalité africaine, autrement dit le système pédagogique ne fécondera pas les cultures.
Le père Vigano justifiait son « nouveau système préventif » par le fait de la liberté évangélique. C’est cette même liberté évangélique bien comprise qui doit présider à la rénovation contextuelle, à l’insertion de la pédagogie salésienne dans le contexte africain. Le thème de la liberté et de la libération est certainement un thème qui résonne fort dans le coeur des Africains.
Ce travail demande au préalable une maîtrise parfaite tant au plan théorique que pratique de la pédagogie salésienne dans son essence. Cela revient à dire une fois de plus que l’identité fondamentale ne doit souffrir d’aucune ambigüité. Elle demeure la base de toute rénovation, de tout enrichissement par les cultures africaines. De plus, il faut favoriser sur tous les plans la réflexion et surtout la créativité.
Don Bosco nous rappelle qu’il a fait confiance aux jeunes et c’est cela qui nous a valu la Congrégation salésienne. Les jeunes confrères qui sont tout de même des jeunes pourraient jouer un rôle inestimable dans ce travail s’ils étaient stimulés. C’est le cas pour nous ici de mentionner l’importance du rôle de la formation initiale dans cette tâche. Rien ne se fera si la formation n’éveille chez les salésiens le désir de s’approprier le charisme salésien et de l’africaniser. Le désir né, il pourra être encadré.
Dans une société où la parole n’est pas souvent donnée aux jeunes, où ils n’ont rien à dire, la Congrégation salésienne, connaissant la valeur que peut revêtir les jeunes pour la construction d’une meilleure société, doit promouvoir, en commençant par leurs propres structures, la réflexion et l’action chez eux.
Le charisme salésien doit par ailleurs entrer dans les milieux uni-versitaires. Partout où il y a des jeunes, il faudra voir dans quelle mesure ceux-ci peuvent bénéficier des apports du Système préventif de don Bos-co. Les milieux estudiantins en Afrique, pour la plupart des cas sont des milieux populaires. La présence des salésiens dans ces endroits sera une richesse incommensurable.
Il nous apparaît clairement qu’il y a un lien indissoluble entre la
nouvelle évangélisation dans l’ambiance de la quelle nous vi-vons plus consciemment aujour-d’hui en raison de l’invitation que l’Église lance à ce propos à tous les fidèles chrétiens, et le cha-risme salésien. C’est dans cette optique que l’inculturation de l’Évangile sous son régime salésien dans les cultures africaines est in-contournable. Ceci demande une connaissance non seulement de la société, de ses besoins mais aussi de mieux connaître le monde des jeunes et lui être présent d'une manière plus effective en donnant à chacune de nos activités un ca-ractère à la fois spirituel, pastoral et pédagogique.
La pédagogie salésienne est un véritable terreau de valeurs humaines et chrétiennes qu’il faut extraire afin de les offrir aux jeunes africains. C’est pourquoi les salésiens en Afrique doivent avoir une connaissance parfaite de don Bosco, de la pédagogie salésienne afin de faire ressortir leur identité charismatique surtout en vue de l’inculturation.
Le « nouveau système pré-ventif » ne pourra être réalité que si et seulement si les salésiens sont fidèles au charisme de don Bosco et attentifs aux signes des temps. L’Église d’Afrique a besoin de ce charisme pour que la nouvelle évangélisation qui est en marche se réalise complètement et en pro-fondeur chez elle, surtout chez les jeunes qui constituent l’Eglise de demain.
Les jeunes réfléchissent sur l’actualité du système préventif
Ph: DR
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Fr Narcisse BADIATA, Sdb, (Congolais)
Réponse salésienne à la nouvelle évangélisation : le système préventif de Don Bosco
C ’est au coeur des boulever-sements sociaux du XIXème siècle, que don Bosco va mettre en oeuvre une pratique éducative spécifique appelée Sys-tème préventif, qui unit sans con-fondre l’évangélisation et l’édu-cation. Ce système pédagogique tire sa source dans l’Evangile qui façonnera le coeur oratorien de don Bosco comme éducateur et évangélisateur. Aujourd’hui en Afrique comme ailleurs, beaucoup d’oeuvres salésiennes ont une ac-tion qui se déroule dans un con-texte socio-culturel en perpé-tuelle mutation, qui présentent de nouveaux défis et de nouvelles occasions à l’évangélisation. De là jaillit une difficulté particulière pour proposer l’Evangile et pour éduquer à la foi. D’où la nécessi-té d’une nouvelle évangélisation.
Dans ces conditions, la nouvelle évangélisation serait donc la contextualisation de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, et aussi le fait de proposer des réponses adaptées aux signes du temps. Déjà en 1883 Don Bosco disait : «Il faut connaître notre temps et nous y adapter». (Morand Wirth, 2010 : 34). S’il est vrai que nous vivons dans un monde en perpétuelle évolution, il est tout de même réel que les milieux changent selon les con-textes, d’un continent à un autre et d’une culture à une autre. Les scénarios sociaux, économiques, politiques et religieux, changent aussi: d’où l’appel à vivre d’une
manière renouvelée toute approche pédagogique dans la perspective d’une nouvelle évangélisation. Comme agent de l’éducation et de l’évangélisa-tion, l’éducateur salésien par exemple doit tenir compte de ce que le monde est aujourd’hui et comment les jeunes s’y engagent. Dans ces con-ditions, se ressent le besoin de raviver une foi qui risque de s’obscurcir en des contextes culturels qui entravent la clarté de son contenu. Il s’agit modestement dans cet article de voir dans quelle mesure nous pouvons considérer le Système préventif de don Bosco comme réponse à la nouvelle évangélisation. Ainsi, en quoi le Système préventif peut-il être un outil efficace pour la nouvelle évangélisation ?
Aspects du système préventif de Don Bosco
Le Système préventif s’appuie sur la raison, la religion et l’affection. En effet, il est la source de la spiritualité salésienne. Selon l’article 20 des constitutions de la Société de saint François de Sales : le système préventif est une «façon de vivre et de travailler, en vue d’annoncer l’Evangile et de sauver les jeunes, avec eux et par eux. C’est un esprit qui imprègne nos rela-tions avec Dieu, nos rapports personnels et notre vie de communauté, dans la pratique d’une charité qui sait se faire aimer». En effet, la mission salé-sienne est intimement liée à la pratique du Système préventif : «pour ac-complir notre service éducatif et pastoral, don Bosco nous a transmis le Sys-tème préventif. (…). Celui-ci fait appel non aux contraintes, mais aux res-sources de l’intelligence, du coeur et du désir de Dieu, que tout homme porte au plus profond de son être. Il associe dans une unique expérience de vie les éducateurs et les jeunes dans un climat de famille, de confiance et de dialogue. Le père Carlo Nanni est persuadé que le système hérité de Don Bosco a encore quelque chose à dire aujourd’hui en éducation. Ni répressif ni «permissif», le Système pré-ventif conjugue deux aspects à savoir : affectivité et autori-té en privilégiant l’accompa-gnement des jeunes avec un projet et des convictions. Ain-si, la pédagogie de la bonté fait de l’éducateur salésien un artisan efficace de la nouvelle évangélisation.
Quelques caractéristiques générales de la Nouvelle évangélisation
La question de la nou-velle évangélisation n’est pas nouvelle. L’Evangile n’est-il pas toujours nouveau ? De quoi s’agit-il ? L’Evangile est-il encore le même ? Disons tout simplement que la nou-
Photo: Jerry MATSOUMBOU, Sdb
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velle évangélisation ne signifie pas que l’évangile a changé. Car l’auteur sacré dans sa lettre aux hébreux, déclare : «Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui» (He 13, 8). Dans ces conditions, Jésus est Lui-même l’Evangile, la Bonne Nouvelle. Ainsi, l’Evangile ne change pas.
Le concept «nouvelle évan-gélisation » fût évoqué pour la pre-mière fois par le pape Jean Paul II en 1979 à Nowa Huta, lors de son premier voyage en Pologne, au cours d’une visite pastorale (Revue Lumen Vitae, no 2, 2012). Jean Paul II fait le constat que la nouvelle évangélisation est déjà engagée. Elle est engagée face à l’athéisme, au communisme et au sécularisme. Dans ce contexte précis il y a une nouvelle manifestation de la vie et du témoignage de l’Evangile, qui s’accompagne d’action, de signe et d’engagement au coeur de la socié-té. Plus de trente ans après l’homé-lie de Jean Paul II à Nowa Huta, la nouvelle évangélisation trouve une nouvelle actualité dans la décision de Benoît XVI de réunir la XIIIe As-semblée générale du Synode des Evêques sur le thème de la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne (octobre 2012).
Ainsi Denis Villepelet estime que, «l’Evangile est toujours nou-veau et c’est Dieu qui, en son Fils, évangélise, c’est-à-dire rend pré-sent cet Evangile en tout temps et en tout lieu» (Villepelet, 144, 2012). L’Evangile est alors une force de «proposition, d’interpréta-tion, une puissance de renouvelle-ment qui appelle les hommes, tout être humain à une remontée aux sources de la vie» (Les Evêques de France. Dagens, 1996). Ainsi donc, la nouvelle évangélisation est en-tendue comme proclamation de la Bonne Nouvelle, dans le processus de discernement des signes de temps. Le P. Joseph Marie Ndi-Okala, expert au Synode des Evêques sur la nouvelle évangélisa-tion, estime que la nouvelle évan-gélisation relève aussi du fait que,
dans certains cas, c’est revenir à la première annonce, dans d’autres cas, elle consiste à prolonger et à appro-fondir cette première annonce par l’approfondissement de la catéchèse et des sacrements. Tout compte fait, la nouvelle évangélisation, est cen-trée sur le Christ et sur l’attention à la personne humaine, en vue de per-mettre une rencontre réelle avec lui. Cela veut autant dire que la nouvelle évangélisation veille avec un soin par-ticulier au dialogue avec les cultures, dans la ferme confiance qu’elle trou-vera en chacune d’elles les «semences du Verbe». Bref, pour le Synode, «la nouvelle évangélisation a besoin d’envisager un rapport renou-velé entre la foi et la raison, dans la conviction que la foi a assez de res-sources pour accueillir tous les fruits d’une raison saine, éclairée et ou-verte à la transcendance, et qu’elle possède le pouvoir de porter remède aux limites et aux contradictions dans lesquelles la raison peut tomber».
La XIIIe assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques définit les finalités de la nouvelle évangélisation en ces termes : La nouvelle évangéli-sation a pour finalité la transmission de la foi chrétienne afin de conduire les hommes et les femmes de notre temps à Jésus, à la rencontre avec lui. C’est la rencontre personnelle avec Jésus-Christ dans l’Eglise. La nouvelle évangélisation passe par le biais de la vie liturgique, la caté-chèse, la prière familiale quoti-dienne, la solidarité entre les fa-milles. Elle est par conséquent la construction d’une Eglise «famille de Dieu». Les évêques de l’assemblée synodale ont invité les chrétiens d’Afrique à renforcer l’identité de la famille.
La nouvelle évangélisation est appelée à décoller. Il s’agira de mieux prendre en compte la réalité sociale, de scruter les pratiques et les attitudes du non croyant, du proche croyant, du mal croyant et de l’indif-férent. Le corollaire pour la nouvelle évangélisation sera donc de mieux être à l’écoute, d’accentuer l’an-nonce et le témoignage de la foi, et
d’inscrire une pédagogie foi et cul-ture en dialogue.
Quelle lecture salésienne ?
Les similitudes entre la nou-velle évangélisation et le modèle éducatif salésien sont évidentes :
En premier lieu, il faut rele-ver dans les deux modèles la cen-tralité d’une éducation intégrale, matérielle et spirituelle. Don Bosco résumait cela en un slogan : faire des jeunes de «bons chrétiens et d’honnêtes citoyens». Car pour don Bosco pratiquer le Système préven-tif est un chemin de sainteté.
On retrouve dans les évan-giles les trois piliers du Système préventif (considéré comme la syn-thèse de la pédagogie salésienne) : La Raison, la Religion et l’Affection. Car, la nouvelle évangélisation, intègre à la fois, foi et culture . Elle suppose la rencontre de la foi et de la raison, comme nous l’avons mon-tré plus haut. Chez don Bosco, «la raison ne s’oppose pas à la religion, et elle doit aller de pair avec l’af-fection. La religion, bien qu’elle dépasse la raison humaine, doit gar-der un aspect raisonnable et elle doit savoir se rendre aimable. L’af-fection a besoin d’équilibre que lui donne la raison et servir à la reli-gion» (Morand Wirth, 37, 2010).
L’évangile de Jésus est un message de paix et de joie (Jn 15, 11 ; 16, 22). L’optimisme, l’espé-rance, la joie et l’allégresse sont des valeurs qui caractérisent le Sys-tème éducatif de Don Bosco. Il vou-lait d’ailleurs que, la joie, l’allé-gresse et le sens de la fête envahis-sent le milieu de l’Oratoire. Aussi bien, dans son système éducatif, les rapports entre les jeunes et les éducateurs sont marqués par cet esprit de famille et d’amitié qui aide le jeune à croître dans la joyeuse liberté. De son côté, la nouvelle évangélisation passe par le canal d’une Eglise famille de Dieu. Enfin, tout le Système préventif consiste dans le fait de développer progressivement ces «sources vives que tout homme porte au plus pro-fond de lui-même» (Const.39). Par-
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lant de la joie, Don Bosco disait :«ici, nous faisons consister la sainteté dans le fait d’être joyeux». La joie est alors le fruit de l’espérance et nait de la conviction que Dieu nous aime.
Parler de la nouvelle évangélisation c’est aussi faire mention des jeunes. La formation des jeunes à la foi est une partie vitale de la nouvelle évangélisation ; elle présente des traits particuliers : elle exige une «nouvelle éducation» (CG 23, 208). D’ailleurs, les textes de Mt 19, 14 ; Mc 20 ; Lc 8, 49-56, témoignent de la bienveillance de Jésus envers les enfants et les jeunes : «laissez venir à moi les enfants…», dit Jésus aux apôtres. Aus-si, dans la conversation avec le jeune homme qui demande à Jésus ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle, l’évangéliste fait remarquer : «Jésus fixa son regard sur lui, l’aima et lui dit…». Il est donc clair que plusieurs passages des évangiles manifestent clairement la prédilection de Jésus pour les enfants, les jeunes, les marginaux et les délaissés de la société juive de son temps. La vie de Don Bosco était marquée par un don spécial de Dieu, la prédilection pour les jeunes : «il suffit que vous soyez jeunes, pour que je vous aime beaucoup». Cet amour pour les jeunes imprègne toute la façon de penser et d’agir du salésien ou de l’éducateur salésien. Ce dernier puise cette prédilection dans l’amour même que le Christ témoigne envers les en-fants et les jeunes. Jésus-Christ, le modèle parfait, nous indique comment être disponibles, ouverts, bienveillants et accessibles.
L’enseignement du saint piémontais est une invitation à la vie ver-tueuse. L’esprit salésien a comme composantes essentielles entre autres : l’amorevolezza (proximité aimante), la confiance, la piété filiale envers Dieu, le dynamisme, la générosité : ce sont des valeurs essentiellement évangéliques. On connaît l’insistance de Don Bosco sur la beauté de la ver-tu : «Ce n’est pas la science qui fait les saints, disait-il, mais la vertu» (MB, VIII, 931). Parmi les vertus qu’il admirait le plus il y a la pureté et l’obéis-sance (l’obéissance à Dieu, aux parents et aux supérieurs) : «La vertu qui resplendit le plus au paradis est la pureté» (MB, VII, 857) ; «Celui qui n’est pas obéissant sera privé de toute vertu » (MB, VI, 442). Ainsi que nous l’avons abondamment montré, l’évangile du Seigneur, à travers la péricope des béatitudes est une forte invitation à la vie vertueuse.
Enfin, la charité évangélique inspire l’agir de l’éducateur salésien. Au coeur de son système, don Bosco mettait la «charité», l’amour éducatif à la suite et à l’exemple du Christ.
Par ailleurs, la pédagogie de l’Amorevolezza est un autre trait de la pédagogie salésienne. Don Bosco disait : «Si tu veux être obéi et respecté, fais-toi d’abord aimer» (MB, XIII, 826). Le père Bouquier écrivait cependant en bon salésien avec insistance : « …l’assistant salésien, devra donc se faire aimer de façon sensible et palpable ; il devra se faire aimer…» (Morand Wirth, 33, 2010). L’Evangile de Jésus-Christ recommande aussi de manière constante cette bonté affectueuse envers les autres. Par exemple, à l’ora-toire, nous découvrons en Don Bosco non pas le gestionnaire brillant d’une entreprise, mais le génie créateur que la charité pastorale rend capable de lire les situations et d’y répondre. Prendre l’oratoire comme critère de réfé-rence s’applique bien au discernement qu’au renouvellement de nos oeuvres dans la perspective de la nouvelle évangélisation. Dès lors, le discernement implique donc le renouvèlement et le réajustement permanent de nos oeuvres et nos activités à la condition des jeunes et aux transformations cul-turelles. Rénover et discerner : deux mots d’ordre dans l’esprit du Valdocco.
Parvenu au terme de notre réflexion, on ne le dira jamais assez : le Système préventif de Don Bosco est plus actuel que jamais, surtout dans la perspective de la nouvelle évangélisation et jouit en tout lieu d’une force d’attraction. La méthode mise en place par Don Bosco pour l’éducation est toujours d’actualité, un siècle et demi après; elle est toujours pertinente, parce qu’elle part du jeune qui est au centre de l’éducation, le jeune avec
son intelligence, son coeur, son corps, le jeune dans ses loisirs, en relation avec sa famille. Bref, elle est une méthode éducative qui prend le jeune dans son intégralité. La pé-dagogie divine que nous lisons à tra-vers les évangiles s’inscrit dans la même dynamique. Ainsi penser une nouvelle évangélisation dans la pers-pective salésienne c’est vraisembla-blement une manière de redonner l’élan au Système préventif.
Le système préventif est sans doute un outil et une réponse cré-dible à la nouvelle évangélisation. Mais, cela n’est possible qu’à condi-tion, d’une démarche rigoureuse qui exige d’une part, une connaissance dynamique du charisme dans sa subs-tance en vue de discerner les signes de temps, d’évangéliser courageuse-ment la culture et d’autre part, l’éducateur salésien est appelé à «connaître et à comprendre les cul-tures, les langues, les religions et les traditions locales pour y insérer l’Evangile» (CG 26, 41). Dans cette perspective, la responsabilité qui nous est assignée, à nous éducateurs salésiens, c’est de «fonder une nou-velle fois l’oratoire» ! (CG 23, 206). Ainsi, la nouvelle évangélisation in-terroge la capacité des oeuvres salé-siennes à être ces lieux de vie chré-tienne adaptés aux temps qui sont les nôtres et à la société actuelle. Avec ses présupposés, l’oratoire de-meure le symbole où s’intègre et se vit le système préventif, l’éducation et l’évangélisation.
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THEOLOGIETHEOLOGIETHEOLOGIE
Fr Sèdolo HONFO, Sdb, (Béninois)
L ’Eglise du Christ, parce que faite d’hommes, a conti-nuellement besoin de se réformer pour être fidèle à sa mission. C’est pour-quoi, à chaque époque de renou-veau, l’Esprit Saint suscite des maîtres et des témoins qui en-traînent l’Eglise sur le chemin d’une «nouvelle évangélisation». Celle-ci peut revêtir alors des aspects différents selon les époques, les lieux et les cul-tures. Quoiqu’il en soit, il s’agira toujours avec la force que donne l’Esprit Saint, de témoigner et d’annoncer le Christ.
En effet, le Bienheureux Pape Jean-Paul II lançait, il y a quelques années, l’idée d’une «nouvelle évangélisation». Or depuis les origines du christia-nisme l’évangélisation a été pour l’Eglise et pour les chrétiens, une mission de première importance. Alors pourquoi parler de «nouvelle évangélisation»? Ou mieux quel sens revêt ce concept de «nouvelle évangélisation»? Quelle place ou importance ac-corde-t-elle aux nouvelles géné-rations sinon aux jeunes? Avant d’esquisser quelques tentatives de réponses, nous voudrions dans un premier moment faire quelques clarifications sur l’ori-gine du concept de «nouvelle évangélisation».
Photo: Fidélius-M A., Sdb
Origine du concept
Selon Jean Rigal (1) l'idée de la «nouvelle évangélisation» vient tout à la fois du pape Paul VI et du pape Jean-Paul II. Qu’il nous souvienne qu’en 1975, un an après le synode sur l’évangélisation, Paul VI publiait son exhortation apostolique «Evangelii Nuntian-di» (2). Ce texte cristallise d’une part la réflexion du Concile Vati-can II sur la mission prioritaire, théologique et pastorale de l’Église et marque, d’autre part, une étape importante dans la pré-paration de l’Église entrant dans le 3ème millénaire. Le Pape Paul VI parle des «temps nouveaux pour l'évangélisation». Il précise que les conditions de la société
nous obligent à réviser les mé-thodes, à chercher par tous les moyens, à étudier comment faire arriver à l'homme moderne le message chrétien. Il lançait ainsi un appel à un renouveau mission-naire.
En effet, Evangelii nuntian-di éclaire sur ce qui constitue le coeur, l’essence même de la vie de l’Église. Il nous offre les outils de réflexion pour mettre en oeuvre une espérance forte, un dynamisme inépuisable pour le renouveau de l’Église. Une vision globale de l’évangélisation est présentée avec clarté. Une vision qui appelle l’Esprit Saint pour que, malgré nos pauvretés et nos limites, l’Église devienne réelle-ment ce qu’elle doit être, ainsi
Jeunes animateurs salésiens en réflexion sur leur place au sein de l’Eglise.
Ph.Mathieu
Nouvelle Évangélisation :
origine , sens du concept
et place donnée aux jeunes
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qu’il est dit dans Lumen Gen-tium : " Le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain " (LG, 1). Le Pape Paul VI résume les 7 étapes de ce renouveau évangélique: «renouveau de l’hu-manité, témoignage, annonce ex-plicite, adhésion du coeur, entrée dans la communauté, accueil des signes, initiative d’apostolat» (EN, 24).De fait, dans «Tertio Millenio Adveniente», Jean-Paul II, au nu-méro 21, confirmera son prédé-cesseur : «Le thème fondamental est celui de l’évangélisation, et même de la nouvelle évangélisa-tion, dont les bases ont été posées par l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de Paul VI».
Le 9 juin 1979, soit quatre ans après la publication d’Evangelii Nuntiandi, alors qu'il est en voyage en Pologne, le pape Jean-Paul II emploie pour la première fois, de manière explicite, l'ex-pression «nouvelle évangélisa-tion» (3). Un peu plus tard, en 1983, nous retrouvons Jean-Paul II à Port-au-Prince, dans le cadre du 500ème anniversaire du travail mis-sionnaire en Amérique latine. Il parlait en ces termes : «La com-mémoration du demi-millénaire d'évangélisation aura sa pleine signification dans la mesure où elle est un engagement [...] non de ré-évangélisation, mais d'une nouvelle évangélisation. Nouvelle en son ardeur, dans ses méthodes, dans son expression» (4).
Au fil des années, Jean-Paul II va populariser l'expression nouvelle évangélisation ».
En effet tout au long de son pontificat il a redéployé le con-cept de «nouvelle évangélisa-tion», à l’instar de l'exhortation apostolique post-synodale Christi fideles laici «sur la vocation et la mission des laïcs dans le monde», donnée le 30 décembre 1988. Pour lui, les laïcs doivent jouer un rôle
central dans la nouvelle évangéli-sation, notamment par le biais d'associations de tout type. Et dans l'introduction de sa lettre encyclique Redemptoris mis-sio (1990) il exprime sa profonde conviction: «Aucun de ceux qui croient au Christ, aucune institu-tion de l'Église ne peut se sous-traire à ce devoir suprême: an-noncer le Christ à tous les peuples.» (5) En 1992, il évoque neuf fois la « nouvelle évangélisa-tion» dans son exhortation apos-tolique post-synodale Pastores dabo vobis, appelant les prêtres à en être des «ministres fervents et convaincus». Enfin, en 2000, Jean-Paul II exhorte les diacres de l'Église catholique à être «des apôtres actifs de la nouvelle évangélisation» lors du Jubilé des diacres.
La même préoccupation sera portée par son successeur le Pape Benoît XVI. Pour ce dernier en effet la nouvelle évangélisa-tion doit constituer une réponse rapide à ce qu'il appelle l'«éclipse du sens de Dieu» qui est, selon lui, le défi majeur du début du troisième millénaire. Pour preuve, le 21 septembre 2010 le Saint-Siège a rendu public une
lettre apostolique en forme de motu proprio Ubicumque et sem-per (6), par lequel le pape a insti-tué le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation. Cette création est l'aboutissement du processus de réflexion entamé lors de la fondation de la Congré-gation pour l'évangélisation des peuples en 1965. Dans ce texte, Benoît XVI évoque la nécessité de reformuler la Bonne Nouvelle de l'Évangile à cause du phénomène d'acculturation des pays de longue tradition chrétienne. Aussi affirmera-t-il le 9 mars 2012 que la nouvelle évangélisation partait également du confessionnal, un lieu de réconciliation entre le fidèle et Dieu (7).
Ainsi que nous pouvons le constater, depuis le Pape Paul VI passant par Jean-Paul II jusqu’à Benoît XVI, le concept de «Nouvelle évangélisation» a évo-lué, et progressivement s’est don-né comme une préoccupation, voire une urgence à laquelle l’Eglise doit répondre, et dont le dernier synode des évêques est un pas décisif. Mais quel est le sens de l’expression «Nouvelle Evangélisation»?
Animateurs salésiens, joyeux d’être rejoints par l’Evangile.
Ph: Mathieu P.
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Le sens du concept
Pour comprendre le sens de cette expression, il nous semble utile de passer par son contraire, c'est-à-dire, l'évangélisation plus traditionnelle, ou ce que Benoît XVI appellera l'évangélisa-tion classique. «… nous cherchons, outre l'évangélisation perma-nente, jamais interrompue, et ne devant jamais l'être, une nou-velle évangélisation, capable de se faire entendre de ce monde qui ne trouve pas accès à l'évangélisation "classique"» (8). L'évangélisation traditionnelle ou classique désigne principale-ment l'annonce de l'Évangile aux nations qui n'en ont pas enten-du parler, c’est-à-dire la mission ad gentes. C'est généralement l'activité missionnaire traditionnelle de l'Église, ou ce à quoi nous faisons probablement référence quand nous pensons à la «mission» et aux missionnaires».
Or, on note un grand nombre de convertis à travers le monde qui ont été évangélisés de cette manière. Malheureusement, nombre d'entre eux ne sont pas demeurés des membres actifs dans la foi catholique. Plus triste encore, des pays jadis fer-vents, sont devenus des nations qui n'ont de chrétien que le nom ou, selon l’expression de l'évêque américain Edward Clark, sont même devenues «postchrétiennes» (9). C'est sans doute cette situation que Paul VI et Jean-Paul II avaient en vue en parlant du besoin d'une évangélisation nouvelle. Cela signifie donc, en contraste avec l'évangélisation plus traditionnelle, que la nouvelle évangélisation vise principalement les personnes qui ont déjà eu contact avec l'Évangile et l'Église. Ces personnes, pour des raisons diverses, n'ont toutefois pas fait la rencontre personnelle avec le Christ et leur foi n'a pas eu l'occasion de se développer. La nouvelle évangélisation s'adresse prioritairement à ces personnes, par un effort de revitalisation ou de réveil de la foi dans des milieux déjà porteurs d'une certaine tradition ou du moins d'une imprégnation chrétienne.
Mais au-delà de cette situation, nous pensons que la «nouvelle évangélisation» voudrait répondre, de manière géné-rale, à la problématique posée par l'apôtre Paul dans son épître aux Romains et reprise dans le Lineamenta du Synode des Evêques sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne :«... Comment l'invoquer sans d'abord croire en lui? Et comment croire sans d'abord l'entendre ? Et comment entendre sans prédicateur ?» (Rm. 10:14) (10). Pour évangéli-ser, il est essentiel de nous laisser évangéliser en accueillant le Christ, Parole Vivante dans notre vie.
Les jeunes et la nouvelle
évangélisation (importance)
Il n’est pas rare d’entendre au sujet des jeunes les expressions du genre : « les jeunes ne s'intéressent plus à l'Église ». Et pourtant, les Églises qui font partie pre-nante de la nouvelle évangélisation ont nécessairement des jeunes, et des jeunes qui évangélisent à leur tour. Pour preuve, le Bienheureux Pape Jean-Paul II, grand protagoniste de la nouvelle évangélisation, a particulièrement misé sur la jeunesse. En ce sens, la création, à partir de 1985 (11), des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), a marqué un tournant non négli-geable dans l'horizon du catholicisme ac-tuel. Toutes choses qui feront dire au théo-logien Gilles Routhier: «les jeunes que l'on croyait -à tort -perdus pour l'Église sont au rendez-vous» (12). Le ton du discours de Jean-Paul II est à la confiance et à la res-ponsabilité. «Jean-Paul II, écrit Routhier, arrive à inscrire la singularité de son dis-cours dans le flot de paroles adressées aux jeunes, non seulement en raison de la radi-calité de ses propositions, mais du fait qu'il considère les jeunes comme des acteurs importants de la vie sociale et ecclésiale et de véritables participants à la construction du monde» (13). C'est une incitation à faire de l'évangélisation de la jeunesse une prio-rité pour toute l’Église.
Benoit XVI poursuivra dans la même lancée que son prédécesseur. En effet dans son message adressé aux jeunes pour la XXIVème Journée mondiale de la jeunesse, il disait : «Le premier engagement qui nous concerne tous est donc celui d'une nouvelle évangélisation qui aide les nouvelles géné-rations à redécouvrir le visage authentique de Dieu, qui est Amour». Ainsi, explique le pape, il s'agit non pas d'une nouvelle évan-gélisation qui serait une mouvance de l'Église, mais une évangélisation nouvelle destinée à tous nos contemporains, et mise en oeuvre par tous les catholiques, en par-ticulier les jeunes. Et comme si cela ne suffisait pas, dans le message final du sy-node des Évêques sur la nouvelle évangéli-sation une belle part est encore faite à la jeunesse : «Les jeunes nous tiennent à coeur de manière toute particulière, parce que, tout en étant une part importante du
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présent de l’humanité et de l’Église, ils en sont aussi l’avenir. Également en ce qui les concerne, le regard des évêques est tout sauf pessimiste. (…) Nous reconnaissons donc aux jeunes une part active dans l’oeuvre d’évangélisation, en particulier envers la jeunesse elle-même».
D’emblée les jeunes sont mis sur orbite dans cette entre-prise pour la nouvelle évangélisation. Loin d’être des acteurs dans un rôle second, ils sont désignés comme les protagonistes. L’honneur, dit-on, est une charge ! Il s’agit donc d’une invita-tion adressée à toute la jeunesse chrétienne à prendre sa part de responsabilité et de l’assumer comme il convient dans ce vaste mouvement de la nouvelle évangélisation. Cependant il faut un accompagnement des jeunes à travers une formation chrétienne de base capable de les qualifier pour la mission au-près d’autres jeunes.
L’évangélisation est un travail de longue haleine qui doit commencer d’abord sur soi-même avant de rayonner sur les autres, et il est surtout le fruit durable de communautés ecclé-siales vivantes, unies et missionnaires, avant de devenir par os-mose, l’oeuvre de toute l’Église. Dans notre contexte actuel de déchristianisation, de sécularisation et du développement des sectes, l’espoir d’un retour à Dieu est permis. La «nouvelle évangélisation» qui ne fait que commencer et qui va, s’ampli-fiant, en raison d’une convergence entre le message de l’Eglise et l’attente de l’humanité. En effet ce ne sont pas les idéologies mais la foi qui transforme le monde de manière durable et béné-fique. Les nouvelles générations, stimulées et responsabilisées, peuvent faire de nos diocèses, paroisses, communautés, mouve-ments et associations, des lieux et des écoles de communion pour le monde.
La «nouvelle évangélisation» doit être orientée pour faire en sorte que l’homme et la femme de notre monde en proie à la sécularisation, au relativisme de tout genre et la pauvreté matérielle mais surtout spirituelle redécouvrent la joie de la présence et de la proximité de l’amour de Dieu dans leur vie. En outre il s’agira de renouveler le «modus operandi» de l'évangélisation, en donnant principalement de l'importance au témoignage du baptisé par son style de vie ou mieux, par l'ex-pression de sa rencontre avec Dieu.
Notes bibliographiques
1. Jean Rigal, « La nouvelle évangélisation. Com-prendre cette nouvelle approche. Les ques-tions qu'elle suscite », in Nouvelle revue théo-logique, no. 127, 2005, pp. 436-437.
2. Paul VI, L'évangélisation dans le monde mo-derne. Exhortation apostolique Evangelii nun-tiandi (8 décembre 1975), in La documenta-tion catholique, no. 1689, 4 janvier 1976, pp. 1-21.
3. Luc Baresta, « Jean-Paul II et la Nouvelle Évangélisation », in Frédéric Aimard et Sa-muel Pruvot, Enquête sur la Nouvelle Évangé-lisation, Paris, Le Sarment, pp. 13-21.
4. Le 9 mars 1983 au CELAM (conseil épiscopal latino-américain), « Pour une nouvelle évangé-lisation de l'Amérique Latine », in La docu-mentation catholique, no. 1850, 17 avril 1983, p. 438.
5. Pape Jean-Paul II. Rome, Vendredi 7 dé-cembre1990, à l’occasion du XXVe anniver-saire du décret conciliaire Ad Gentes.
6. Lettre apostolique sous forme de motu pro-prio Ubicumque et semper du souverain pon-tife Benoît XVI par laquelle est institué le Con-seil pontifical pour la promotion de la nou-velle évangélisation, Castel Gandolfo, Mardi 21 septembre 2010.
7. Le confessionnal, rampe de lancement de la nouvelle évangélisation, dans ZENIT le 09/03/2012.
8. Joseph Ratzinger, « La nouvelle évangélisa-tion », in La documentation catholique, no. 2240, 21 janvier 2001, p. 91.
9. Edward Clark, «What is New About the New Evangelisation ?», in Origins, CNS documen-tary service, vol. 36, no. 1, May 18, 2006, p. 3.
10. Synode des évêques — XIIIe Assemblée géné-rale ordinaire — La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne — Lineamenta, Cité du Vatican, 2011. Chapitre I.
11. La documentation catholique, no. 1888, 20 janvier 1985, p. 165; no. 1895, 5 mai 1985, pp. 469-472. 476.
12. Gilles Routhier, « Une nouvelle donne en pastorale de la jeunesse », in Lumen Vitae, vol. LXI, no 2, 2006, p. 132.
13. Gilles Routhier, op. p. 132.
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Fr Modeste Edoh GAGLO, Sdb, (Togolais)
Nouvelle évangélisation : la place de l’Afrique !
L e dynamisme de l’Eglise se montre à travers ses ré-flexions et sa ma-nière d’être présente au milieu de ce monde en perpétuelle mutation depuis les premiers pas du chris-tianisme. De l’évangélisation au premier siècle du christianisme (la naissance du christianisme) à au-jourd’hui, deux millénaires après, c’est le concept de la nouvelle évangélisation qui apparaît ou qui est au coeur de la préoccupation de l’Eglise.
L’époque de l’évangélisa-tion est-elle dépassée ? Tous les peuples sont-ils en contact avec l’Evangile ? Y a-t-il une nouvelle manière de reconquérir les âmes au Christ ? Que signifie la Nouvelle Evangélisation ? Qu’est-ce que ce concept veut communiquer au monde ? Telles sont les interroga-tions qui taraudent et turlupinent notre esprit.
Une première approche se centrera sur l’analyse du contour et du contexte de la nouvelle évangélisation et une deuxième nous amènera à voir plus clair la place de l’Afrique dans la nouvelle évangélisation.
Le contour et le contexte de la Nouvelle évangélisation
Nous démarrons ce point par un rapprochement entre la nou-velle évangélisation et la seconde évangélisation. Sur le plan séman-tique, nous voyons une distinction dans le sens que les qualificatifs «seconde» et «nouvelle» ne signi-fient pas la même chose. Le subs-tantif « seconde » implique une première, voire une troisième ou quatrième. Cependant, c’est un qualificatif qui est plus utilisé par les théologiens africains dans la perspective de l’inculturation qui n’est qu’une réappropriation de l’Evangile par les cultures afri-caines. Le qualificatif « nouvelle » montre un caractère de renouveau, de reprise… n’est-ce pas que le pas-sage de Nicodème (Jn 3,1-21) ne nous montre pas plus clair ce dont il s’agit ? Au fond, nous voyons que les deux expressions veulent nous montrer un même fait, un même problème. Ce que Jean Paul II af-firme dans son livre «Entrer dans l’espérance» : «Mon désir c’est de redonner Dieu au monde». N’est-ce pas cette soif de l’homme ressentie en profondeur que l’Eglise veut combler ? Notons que ça soit la nou-velle évangélisation, la seconde évangélisation et la réévangélisa-tion, nous voulons aujourd’hui par-ler de la même situation ou dyna-mique de l’Eglise.
Rappelons que le Pape Jean Paul II fut le premier à évoquer ex-plicitement l’expression « nouvelle évangélisation » lors de son voyage apostolique en Pologne devant les
ouvriers en 1979. Cependant cer-tains auteurs, notamment Rick Van Lier retrouve la bribe de l’expres-sion dans l’exhortation « Evangelii Nuntiandi » (1975) du Pape Paul VI qui invite le monde et en l’occur-rence les chrétiens à l’évangélisa-tion des cultures. Disons que le concept fait d’abord appel à l’inculturation selon la pensée du Pape Paul VI. Ensuite Jean Paul II le discerne avec la situation de perte de sens de la foi vivante qui conduit à l’éloignement du Christ, de son évangile et la non recon-naissance comme membre de l’Eglise décrite dans Ad gentes n°33 (décret du Concile Vatican II). Puis Benoît XVI concrétise les ré-flexions amorcées par ses prédé-cesseurs. Il voit plutôt la Nouvelle Evangélisation comme nécessité à partir de la pauvreté et le phéno-mène d’acculturation qui touchent les pays de longue tradition chré-tienne. La question revient avec acuité voyant le mouvement, le développement et l’enrichissement du concept, à savoir si l’Afrique s’inscrit dans cette dynamique de la nouvelle évangélisation ou si elle a sa place dans ce grand mou-vement d’Eglise?
La nouvelle évangélisation s’inscrit dans cette dialectique de redonner le Christ au monde. Ce qui suppose qu’elle demande aux hommes et aux femmes de cette société de vivre la joie de la pré-sence et la proximité de l’amour de Dieu selon José Ruiz Arenas (Archevêque, secrétaire du conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation).
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II-La place de l’Afrique dans ce dynamisme de la nouvelle évangélisation.
Le contour et le contexte vus, nous per-mettent d’affirmer très haut et fort que l’Afrique a sa place dans ce grand mouvement de renouveau de l’Eglise. Et cela engage plus cette dernière dans la mesure où elle se re-trouve doublement dans cette dynamique de l’Eglise :
Premièrement comme étant encore à l’étape de l’adolescence (dans le sens du con-tact avec l’évangile) où se pose à elle le pro-blème d’inculturation. Ce qu’a connu également le monde grec et ro-main…
Deuxièmement les différentes situations qui se présentent à elle.
Nous allons faire une analyse de ce double engagement de l’Afrique dans cette dynamique de la nouvelle évangélisation.
Il y a environ cinq siècles que l’Afrique a connu l’évangile. Nous n’allons pas nous attarder sur le comment de cette évangélisation mais simplement sur l’accueil de cet évangile. Nous avons l’impression que l’évangile a touché la terre africaine; cependant nous nous posons la question: est-ce que les cultures africaines ont été touchées aussi ? C’est le paradoxe. Ce qui nous montre aujourd’hui une dichotomie entre le vé-cu et la parole. On est chrétien le matin et le soir on devient adepte du vodun. Le syncrétisme gagne de plus en plus du terrain et on verse dans le spiritualisme et le sensationnel. Le bilan nous précise que les cultures africaines ne sont pas suffisamment touchées dans leurs structures in-ternes ou disons purifiées par l’Evangile. Autrement nous pouvons dire que l’accueil de l’évangile n’a pas été effectif. C’est ce premier constat qui a poussé les théologiens africains à s’investir dans l’appropriation de l’évangile d’où le terme de l’inculturation ou seconde évangélisation. En réalité ce premier point constitue le fondement ou la base même d’une vie chrétienne.
Une culture qui s’imprègne de l’évangile ne laisse pas indifférent le vécu du chrétien. La nouvelle évangélisation dans ce contexte doit avoir pour caractère la rencontre de l’homme africain dans sa constitu-tion la plus profonde pour combler cette soif intérieure et l’instabilité intérieure. Comme le propose le message final du Synode des Evêques au n°3: favoriser une rencontre personnelle avec Jésus Christ dans l’Eglise qui en réalité est la seule source de transformation de l’intérieur.
Il y a aussi des situations que traverse le continent africain, et qui nous montrent l’appel pressant à une nouvelle évangélisation. Comment dire Dieu ou comment les Africains conçoivent-ils Dieu dans ces situations de détresses, de souffrances, de pauvretés, de maladies, de chômages, d’immigrations, de mortalités, de famine(s), de guerres… N’est-ce pas difficile de montrer une image d’amour dans ces contextes ? C’est exacte-ment le visage de l’Afrique aujourd’hui. Alors comment redonner Dieu à ce monde et dans ces crispations ?
Voilà les deux points nodaux de notre réflexion qui montrent cette
tâche ardue de la nouvelle évangé-lisation pour l’Afrique. Néanmoins c’est clair que la nouvelle évangé-lisation n’est pas un travail pour l’Europe seulement comme on le pense mais pour tous les conti-nents. Et plus spécialement pour l’Afrique; un travail qui doit cher-cher à concilier le vécu et le dire; c’est pourquoi le Pape Benoît XVI parle dans les modi operandi géné-raux du témoignage de vie.
La nouvelle évangélisation n’est plus seulement l’annonce de la parole de Dieu et pour ceux qui ne l’ont jamais écoutée. C’est, comme le dit Frédéric Manns dans son oeuvre, Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ? : «Témoigner de l’authenticité de l’évangile proclamé et vécu», ce qui suppose une expérience per-sonnelle comme fondement. La péricope (Jn 4, 5-42) qui accom-pagne l’ouverture de ce Synode nous présente une très belle image de cette expérience personnelle de la Samaritaine; évidemment ce qui a suscité la conversion. La con-version comme premier fruit de cette rencontre ou expérience. Le message de conclusion du Synode des Evêques nous appelle au n°4 à cette conversion d’abord de nous-mêmes avant de pouvoir évangéli-ser. Sinon qu’est-ce que nous al-lons transmettre ou communi-quer ? Un adage populaire dit : «La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a».
Nous voyons que la tâche est grandissante pour l’Afrique et plus spécialement pour l’Eglise d’Afrique . Un travail de concilia-tion et de «sursomption» des si-tuations devra être fait par l’Eglise d’Afrique elle-même pour rentrer dans la dynamique de la nouvelle évangélisation.
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L’ urgence et le grave devoir d’annoncer le Christ au monde ont permis la convocation du Synode des Evêques autour de la «Nouvelle Evangélisation», concept employé pour la première fois par le Bien-heureux Jean Paul II. Cette évangélisation qui se veut nouvelle pourrait paraître de moindre importance pour la Jeune Eglise d’Afrique (1) dans la mesure où ce concept signifierait un nouveau dynamisme de l’ardeur missionnaire dans les Eglises dites de vieilles traditions (2) chrétiennes et qui de nos jours auraient qua-siment perdu leurs pratiques et habitudes jadis «catholiques». Il s’agit donc de passer de l’évangélisation «classique» à une actuali-sation des méthodes d’annonce du kérygme afin que les hommes et femmes de ces sociétés autrefois fortement christianisées retrou-vent l’Unique Nécessaire : le Christ en qui s’accomplissent les va-leurs vitales auxquelles tout homme aspire.
Ainsi comprise, la nouvelle évangélisation pourrait sembler précoce pour l’Afrique du moment où la plupart des Eglises sont jeunes et n’ont pour âge– en majorité – qu’environ deux siècles d’histoire, quoique non négligeables. Cependant dans son message de fin de Synode, le Pape affirme que la Nouvelle évangélisation en tant qu’oeuvre pastorale et missionnaire concerne toute l’Église : «celles de récente tout autant que celles d’ancienne évangélisa-tion» (3).
De récente tradition l’Afrique n’a-t-elle pas besoin d’actuali-ser ses modes de transmissions des données révélées, de les con-textualiser afin de répondre à sa mission première et d’assouvir la
Fr Fidélius-Marie ADJANOHOUN, Sdb, (Béninois)
Nouvelle évangélisation : quelle responsabilité pour l’Afrique ?
« Question d´inculturation »
soif de tant d’africains qui veu-lent rencontrer le Vrai Dieu ? « Malheur à moi si je n’annonce l’Evangile » (4). La Nouvelle Évangélisation en terre Africaine ne signifierait-elle pas Incultura-tion ?
En effet la Nouvelle évan-gélisation a commencé en Afrique depuis le message du Pape Paul VI adressé à tout le continent en juillet 1969 «Africains soyez-missionnaires de vous-mêmes». Il s’agit selon le cardinal Polycarp Pengo (5), Archevêque de Dar-es-Salaam (Tanzanie) de passer des mé-
Photo Germain PLAKOO MLAPA, Sdb
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thodes que nous ont laissées les missionnaires à une vraie inculturation de l’Evangile. La nou-velle évangélisation concerne donc le continent et c’est du reste ce à quoi elle devra s’atteler.
Depuis plus de 30 ans la question de l´inculturation fait couler encres et salives sur un continent victime de maux (mauvaise gou-vernance, corruption, misère, dépendance éco-nomique etc....) pourtant porteur d’allégresse et d’espérance. Cette option fondamentale d’incarner l’Évangile et de donner à l’Église sa couleur africaine n’est d’ailleurs que légitime. Si elle a été inculturée en Occident et ailleurs, pourquoi devra-t-elle avoir une physionomie occidentale en Afrique ?
Les défis auxquels font face la Nouvelle évangélisation en Afrique sont grands et il faut du temps pour y répondre. La nouvelle généra-tion vit encore dans une culture «hybride», «métissée», où valeurs occidentales et afri-caines se côtoient sans se laisser dynamiser l’une par l’autre. La jeune génération africaine vit dans une «nouvelle Galilée» où le véritable brassage interculturel n’est pas encore une réa-lité concrète mais reste dans les idées; les cul-tures étrangères et endogènes n’ont pas encore totalement abandonné leur parallélisme au pro-fit d’un croisement de civilisation. La généra-tion nouvelle se trouve alors en face de deux différentes cultures qu’elle n’assimile point. C’est donc à cette société que va s’adresser le message de l’inculturation. Comment alors con-duire les jeunes à accueillir le message du Christ dans leurs cultures africaines tandis qu’ils s’en éloignent et les méconnaissent de plus en plus? Désorientés par des systèmes édu-catifs tournés vers l’extérieur, comment annon-cer le Christ aux jeunes africains dont le rêve est de plus en plus rivé sur le modèle occiden-
tal ? Comment inculturer le message de l’Évangile dans une société dont la génération semble vic-time d’une acculturation ?
La société urbaine semble totalement tour-née –même si ce n’est qu’en apparence – vers le modèle européen et la société rurale de nos pa-rents encore liée aux traditions et valeurs ances-trales. La Nouvelle Évangélisation a donc le devoir d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à deux types de sociétés dont les valeurs et idéaux semblent ne plus être les mêmes.
Pour réussir cette mission d’inculturation il s’avère impérieux que les protagonistes de l’évangélisation apprennent eux-mêmes à con-naître leurs cultures, langues et moeurs. Que les prêtres et séminaristes, religieux et religieuses, catéchistes, agents pastoraux approfondissent leurs cultures afin de pouvoir les évangéliser !
Aussi pensons-nous que la couleur africaine que mérite l’Eglise Universelle devra apparaître par des postulats et réflexions théologiques pro-duites par des Africains et qui s’imposeraient à toute rationalité chrétienne. La Théologie afri-caine dans ses divers efforts d’inculturation devra participer davantage à des catégories de pensées universellement vraies. Si nous continuons par parler de St. Augustin et l’étudions encore dans les milieux intellectuels et académiques, c’est parce qu’il a su traduire les données de foi en
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Procession des célébrants à l’occasion de la venue de l’urne de Don Bosco
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catégories rationnelles. Il faudrait que les "nouveaux Augustin" en Afrique, no-nobstant les difficultés existentielles, osent se déclarer à travers leurs publi-cations et participation au dévoilement du mystère. Car «la nouvelle évangéli-sation doit intégrer la dimension intel-lectuelle de la foi dans l’expérience vive de la rencontre avec Jésus-Christ présent et agissant dans la communau-té ecclésiale» (6).
Vis-à-vis de l’Eglise occidentale, l’Eglise en Afrique doit reconnais-sance ; et par devoir d’Evangélisation, celle-ci devra participer aux envois des missionnaires. «L’Église qui chemine en Afrique est appelée à contribuer à la nouvelle évangélisation également dans les pays sécularisés, d’où provenaient auparavant de nombreux missionnaires et qui aujourd’hui manquent malheu-reusement de vocations sacerdotales et à la vie consacrée» (7). Cette partici-pation devra profondément être mo-tivée par le Christ et non par la re-
cherche d’une aisance matérielle ; car comme le fait observer le Cardi-nal Polycarp Pengo, «des mission-naires africains vont servir dans les Eglises occidentales, notamment aux Etats-Unis et en Europe, ce qui n’est pas sans un aspect négatif : l’éven-tuelle «recherche d’un gain matériel avant la vraie évangélisation». Mais surtout, «l’Eglise en Afrique se voit privée des évangélisateurs les plus qualifiés, tandis que l’Église occiden-tale, riche au plan matériel, reçoit des évangélisateurs dont l’objectif principal est le gain matériel» (8).
La responsabilité de l’Afrique dans l’ère de la Nouvelle Évangélisation est donc bidimensionnelle : elle devra, primo, faire face à ses propres défis en trouvant les moyens et mé-thodes adéquats pour y répondre afin d’être «sel et lu-mière» ; secundo, elle devra participer davantage à l’oeuvre évangélisatrice de l’Église Universelle en envoyant généreu-sement pasteurs et laïcs sur les nouvelles terres de mission.
Notes bibliographiques
1. Jean-Paul II, interview d’un journaliste, in Osservatore Roma-no du 13 mai 1980, P1 « ils sont jeunes. Ils ont la maturité d’un jeune ».
2. Africae munus, n° 160
3. Message final du synode sur la nouvelle évangélisation, N° 2
4. 1 Co 9, 16
5. Cf. http://www.zenit.org/article-32134?l=french
6. Africae munus, n° 165.
7. Africae munus, n° 167.
8. http://www.zenit.org/article-32134?l=french
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Fr Isidore MINOUGOU, Sdb, (Burkinabé)
Dialectique d’une évangélisation et témoignage d’une radicalité évangélique
V oilà trois semaines qu’a pris fin à Rome la XIIIème Assem-blée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, convo-quée par le Saint-Père Benoît XVI sur le thème : «La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chré-tienne ». L’opportunité nous est don-née de revenir sur le synode à travers une problématique que nous suggère le thème. Cependant, avant d’entre-prendre notre parcours analytique, il est souhaitable que nous puissions non seulement préciser l’historique de l’émergence du concept de «nouvelle évangélisation», mais surtout de préci-ser les contextes dans lesquels notre analyse se déploie.
En effet, s’agissant de l’histo-rique, l’expression «nouvelle évangéli-sation» fut employée pour la première fois par le Pape Jean Paul II le 09 juin 1979 au cours d’un voyage apostolique en Pologne. Il l’a reprise par la suite pour interpeller les Églises, plus préci-sément d’Amérique latine, sur la né-cessité pour les fidèles catholiques de réaffirmer leur foi dans le Christ. En octobre 2010, son successeur le Pape Benoît XVI créait le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évan-gélisation et en janvier 2012, il pro-
mulguait une Année de la foi en vue d’un «engagement ecclésial plus convaincu en faveur d’une nouvelle évangélisation» (1). Cepen-dant, que s’est-il donc passé pour que ce concept soit ainsi porté sans économie au plus haut de la vie et de la mission de l’Église ? Cette question nous permettra de situer notre réflexion. Les lignes qui suivent tenteront d’apporter quelques réponses à cette préoccu-pation.
C’est en fait le contexte actuel qui a conduit à l’émer-gence de l’expression «nouvelle évangélisation». Depuis plusieurs décennies, les progrès scientifiques et technologiques, ainsi que le développement des sciences humaines ont contribué à saper les fon-dements moraux et religieux de nombreuses de nos sociétés dites modernes. Ces changements ont eu pour conséquence, la remise en cause systématique de certaines institutions qui autrefois consti-tuaient le garant même de la vie morale et éthique de nos sociétés. L’Eglise comme institution religieuse n’est pas en marge de ces mu-tations socioculturelles. Celles-ci ont conduit à diverses attitudes. Aussi avons-nous, d’une part des régions du monde comme l’Occi-dent avec un contexte actuel principalement caractérisé par la sé-cularité où l’Église est en perte de vitesse, la sphère publique est
Photo Fidélius-M .A., Sdb
L’action évangélique qui se complète dans la contemplation du Christ.
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libre de toute attache religieuse. La religion appartient à la sphère privée et l’individu semble vivre très bien sans Dieu, la religion est hors propos, la morale est une morale de l’action. D’autre part nous avons des régions comme l’Afrique où l’Église est en pleine croissance. Cependant, dans les deux cas un phénomène est récurrent : d’un côté il y a une forte tendance de sécularisation, tant le chris-tianisme n’est plus au coeur de la transformation de la société et de l’autre il y a un engouement extraordinaire pour le christianisme qui cependant ne transforme pas la société. D’où à notre avis «la dialectique de la nouvelle évangélisation et le témoignage de la radicalité évangé-lique».
Selon les Lineamenta (2), la nouvelle évangélisa-tion ne constitue pas un ensemble de recettes pastorales «miracles» visant à la restauration d’un catholicisme pure-ment dévotionnel ; elle n’est ni une revanche sur les abus commis par les générations précédentes, ni une opération de «reconquête», d’un passé considéré comme un paradis perdu. Elle est bien plus une opération complexe de relec-ture des signes du temps, nécessitant un nouveau style de vie de la part de l’Église qui permettra d’adresser à nos contemporains un message capable de les atteindre. La Nouvelle Évangélisation demande alors aux chrétiens de vivre comme des disciples sécularisés, avec pour tâche de rendre crédible la force de transformation de l’Évangile dans un contexte de sécularité. En montrant notamment comment la perspective chrétienne éclaire de façon iné-dite les grandes questions de la culture sécularisée.
L’Évangile est toujours nouveau et c’est Dieu qui, en son Fils, évangélise, c’est-à-dire rend présent cet Évangile en tout temps et tout lieu. Dans les contextes de croissance, la nouvelle évangélisation doit faire de l’évangile un impératif, une force de transformation et d’humanisation de la société.
L’annonce du kérygme nécessite d’être toujours renouvelée et adaptée au contexte. Mais pour que l’Évangile soit re-çu, le chrétien doit veiller à la cohérence et à la légitimité de sa mission, en étant lui-même configuré au Christ. Ainsi, il peut discerner à travers la prière ce que l’Évan-gile suggère aux hommes selon ce qu’ils vivent afin de les aider à passer de l’indi-catif de l’annonce à l’impératif de la mise en oeuvre de l’Évangile dans leur vie. En d’autres termes, la radicalité évangélique est le fer de lance de cette nouvelle évan-gélisation.
Nous devons nous départir de ce discours qui consiste à inviter l’homme à se conformer au message de l’évangile, sans pouvoir se conformer à la vie de celui qui l’annonce. Autrement dit, le témoi-gnage doit être au coeur de la nouvelle évangélisation. En se référant à l’étymolo-gie du mot martyr, l’on se rend compte qu’être martyr n’est qu’une conséquence logique de notre radicalité évangélique. En effet, le mot martyr vient du mot grec μάρτυρια (marturia) qui signifie témoin. Ainsi, même si l’histoire de l’Église nous permet de comprendre le sens actuel de ce mot, nous devons tous en tant que chré-tien retourner au sens premier de ce mot pour nous le réapproprier. Car évangéliser suppose d’abord d’être avec le Christ, vivre avec lui et pour lui.
La joie d’être témoins de l’Evangile
Ph: DR
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parence pour la grande figure du Christ et les grandes vérités qu’il a apportées dans l’humanité, la force de l’amour; alors à ce moment-là, l’Église est écoutée et acceptée» (5). Ainsi, à la racine de l’évangélisation se trouve donc l’être, et non pas les modalités de l’annonce, ni les méthodes, ni les techniques de communication ou les choix de langage. Évidemment, ce ne sont pas des ques-tions négligeables, mais qui ne peuvent pas pour autant constituer le point de départ. Il faut partir de l’être, de l’être chrétien, de l’être Église. En effet, en parlant de nouvelle évangélisation, nous devons avoir à l’esprit une façon renouvelée d’être chrétien et la préoccupation de trouver des lieux où puissent naître des chrétiens authen-tiques, formés à l’unité entre la foi et la vie, à une nouvelle façon d’être Église, une Église ca-pable de témoigner la beauté d’être chrétien. Donc, non pas la recherche d’une “formule ma-gique” pour attirer les hommes et les femmes de notre temps, mais la conscience de devoir partir de nous mêmes, de notre façon d’être des dis-ciples du Christ. Et comme écrivait Saint Ignace d’Antioche, pendant son voyage vers Rome, où l’attendait le martyre : «Priez pour moi, pour que non seulement on me dise chrétien, mais que je le sois trouvé de fait» (6).
Notes bibliographiques
1. cf. www.vatican.va
2. Linementa, nouvelle évangélisation pour la transmis-sion de la foi, cité du Vatican 2011. Cf. www.vatican.va
3. Cf. Homélie de la Messe avec les évêques de Suisse, 7 novembre 2006.
4. Ibid.
5. Interview accordée sur l’avion en vol pour le Royaume Uni, 16 septembre 2010.
6. Cf. Lettera ai Romani, III, 2.
7. Préparer l’année de la Foi :un précis clair pour com-prendre la nouvelle évangélisation et son importance pour l’Église universelle.
Ce retour est d’une nécessité primordiale dans le souci de demeurer crédible. Pour éclairer nos propos, il est utile de revenir sur ce que le Pape Benoît XVI avait dit en parlant aux évêques de Suisse: «on peut faire beaucoup, tant de choses, dans le domaine ecclésial, tout pour Dieu... et ce faisant, se tenir totalement à l'écart, sans jamais rencontrer Dieu.» (3). Ce sont des paroles qui nous interpellent : en ce sens qu’on peut sembler tout faire pour Dieu, mais en réalité rester re-pliés sur soi-même, sans jamais vraiment entrer en rela-tion avec Dieu. Bref l'engagement peut se substituer à la foi, pour ensuite, le vide de l'intérieur. Voilà illustré le risque encouru par de nombreux évangélisateurs aujour-d’hui, le vide intérieur, qui est la conséquence inévi-table de la perte de l’essentiel, c’est-à-dire la perte de la foi. En effet, même dans les milieux ecclésiaux, comme nous le rappelle souvent Benoît XVI, la foi n’est pas une chose évidente. Ainsi pour le Pape : «nous de-vrions nous engager surtout dans l'écoute du Seigneur, dans la prière, dans la participation intime aux sacre-ments, dans l'apprentissage des sentiments de Dieu sur le visage et dans les souffrances des hommes, pour être ainsi contaminés par sa joie» (4). Sur cette base, nous constatons la nécessité de réaffirmer la centralité de Dieu dans la vie des chrétiens.
Enfin nous pouvons dire avec le Pape : «Une Église qui cherche surtout à être attirante ferait déjà fausse route. Parce que l’Église ne travaille pas pour elle-même, elle ne travaille pas pour croître en nombre et ainsi augmenter son pouvoir. L’Église est au service d’un Autre, elle n’est pas utile pour elle-même, pour être un corps fort, mais pour rendre accessible l’an-nonce de Jésus Christ, les grandes vérités, les grandes forces d’amour, de réconciliation apparues à travers cette figure et qui viennent toujours de la présence de Jésus-Christ. Dans ce sens, l’Église ne recherche pas à être attirante, mais elle doit être transparente pour Jésus-Christ. Et dans la mesure où elle n’existe pas pour elle même, comme un corps fort et puissant dans le monde, qui veut avoir du pouvoir, mais se fait simple-ment la voix d’un Autre, elle devient réellement trans-
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SOCIETE ET DEVELOPPEMENTSOCIETE DEVELOPPEMENT
Fr Paul TEGUE, Sdb, (Camerounais)
Le chrétien et le développement des institutions du Bretton Woods
Réappropriation de la question du développement
dans l´engagement chrétien des africains.
question sociale a toujours été au coeur des préoccu-pations de l´Église. Les Encycliques Rerum Novarum (1892) de Léon XIII, Quadragesimo Anno (1931) de Pie XI, Mater et Ma-gistra (1961) et Pacem in terris (1963) de Jean XXIII, Populorum progressio (1967) de Paul VI, le Compendium de la Doctrine sociale de l´Eglise (2005) du Conseil ponti-fical Justice et Paix et, diverses ini-tiatives et actions pastorales le dé-montrent à suffisance.
L´Église, «Mère et Maîtresse» de tous les peuples, continue de se soucier de l´humanité ; même et surtout depuis que cette humanité a été embarquée dans le grand projet du « développement » qui a pour credo la « croissance » et, qui a ga-gné les coeurs et même la foi de beaucoup puisqu´il est considéré comme la voie par excellence d’une espèce de « salut » que prétendent proclamer et conduire les institu-tions du Bretton Woods(1). Cette influence qui se base sur ce que Ma-moussé Diagne appelle le « principe des modèles paradigmatiques »(2), interpelle à une réflexion et à un engagement pastoral.
C´est pourquoi, dans cette étude, en nous situant dans la perspective ecclésiale d´un déve-loppement intégral et solidaire, un développement qui promeut tout l´homme et tous les hommes, nous voulons aller au-delà d´une simple recherche de recettes im-médiates susceptibles de guérir certaines misères maladroitement appelées pauvretés(3). Et, pour vraiment creuser en profondeur, il nous apparaît judicieux de nous interroger : quelle philosophie, quelle idéologie, quelle spirituali-té, quelle théologie fonde le déve-loppement des peuples en général et des populations africaines en particulier? Avec le constat en Afrique de la maladresse de beau-coup dans l´abord de la question du développement (Et si l´Afrique refusait le développement d´Axelle Kabou), avec la presque asphyxie des initiatives de déve-loppements endogènes (La natte des autres : pour un développe-ment endogène en Afrique de Jo-seph Ki-Zerbo), comment com-prendre que l´on s´entête encore sur un chemin qui ne semble pas jusqu´à nos jours garantir le bien-être et partant un certain bonheur aux diverses couches des sociétés africaines? L´actualité brûlante
de crise économique occidentale, le leadership plus ou moins avoué de l´économie chinoise qui s´arroge petit à petit la responsa-bilité messianique en terre afri-caine, invitent à un cogito et à une praxis pastorale en terre afri-caine. Pour tenter de répondre à toutes ces interpellations sociales et économiques qui concernent aussi le chrétien en tant que ac-teur socio politique, voyons tour à tour : la formulation et la prise en charge de la question du dévelop-pement par les Institutions du Bretton Woods ; les limites et les déviances de l´approche écono-mique du développement; et, l´engagement chrétien pour un développement endogène.
Parler du développement expose déjà au malentendu ou à la confusion qu’entretient la vul-garisation ou la vulgarité qui s’em-pare de ce concept. Même si nous excluons les approches naturelle (développement de la nature), biologique (développement des êtres vivants) et bio psychologique (développement des humains), la notion de développement, reste diffuse. L’idée de développement lancée en grande pompe par Harry Truman le 20 janvier 1949 (4) n’a pas cessé de subir des mutations
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au fil des années. En effet, cette date est demeurée réfé-rentielle et mémorable dans l´histoire des relations et des discours internationaux.
Ce fameux 20 janvier 1949, dans le IVème point du discours d’investiture de son deuxième mandat à la Maison Blanche, le président américain Harry Truman lançait sous un ton philanthropique, le concept de développement en employant l’épithète «régions sous-développées» pour qua-lifier dans le monde les pays non encore industrialisés. En définissant les grandes lignes de la nouvelle politique étrangère états-unienne au lendemain de la seconde Guerre mondiale, Truman dit : «Quatrièmement, il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès indus-triel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-développées. (…) Leur pauvreté constitue un handicap, tant pour eux que pour les régions les plus prospères».
D’une approche stricte-ment économique du développe-ment, le concept mondialisé du développement dans son évolution, est devenu le concept de développement humain qui s’étend au-delà du P.I.B. et du P.N.B. pour constituer l’I.D.H. L´Indice de Développement Humain ou I.D.H. est un indice statistique composite qui permet de classer les pays du monde au regard de leur dé-veloppement qualitatif (et non uniquement économique-ment quantitatif comme le P.I.B.). Parallèlement au P.I.B. qui permettait seul, avant 1990, de classer les pays en fonction de leur niveau de développement, l’O.N.U. a créé l’Indice de Développement Humain (I.D.H.). Celui-ci est un des indicateurs qui permet de mesurer le développement dit humain. Avec le calcul de l’I.D.H., le Bureau du Rapport sur le développement humain, supplée aux carences du P.I.B. qui ne donne pas d’informations sur le bien-être indi-viduel ou collectif (santé, longévité et niveau d’éducation).
Pressés par l’impératif d’efficacité et par ricochet, amenés parfois à résoudre des questions non encore cer-nées, les éminents penseurs du développement, notam-ment les économistes de la croissance ont parfois ignoré qu’au-delà des besoins fondamentaux des hommes, seules une morale de la vertu et une morale du bonheur, sont in-dispensables. Et, pour arriver à cette conception, il est né-cessaire de méditer sur ce qu’est et sur ce qui fait le déve-loppement. Aussi est-il nécessaire d´avoir une lecture et une vision neuves de la pauvreté en la distinguant de la misère. Partant de la définition du pauvre comme celui «
qui a tout juste le nécessaire», «qui a ce qu’il faut mais non le superflu»(5), l’économiste béni-nois Albert Tévoédjrè montre en convoquant des penseurs, des maîtres et des religions, que vivre de peu c’est mieux vivre. Il oppose même «accumulation sauvage et maîtrise sociale des besoins»(6) et fustige en Afrique subsaharienne les transferts mimétiques de technologie.
La question du développement est une question qui appartient de façon exclusive à celui ou ceux en qui et pour qui elle se pose. Il est question de valeur ; et, une valeur est une chose qui est estimée désirable par quelqu’un ou par un peuple. Ce ne sont pas le président Truman et le peuple américain qui étaient les personnes indi-quées pour dire ce dont a vraiment besoin l’humanité en 1949, et de nos jours, ce n’est pas le Fond Monétaire International (F.M.I.), le Programme des Nations Unies pour le Déve-loppement (P.N.U.D.), les autres organismes internationaux ou les autres institutions internatio-nales, qui sont légitimement aptes à pouvoir cerner ou identifier les préoccupations profondes de tous les peuples du monde. Ces institutions ne peuvent que collaborer sans imposer, à travers le financement de projets, leur vision du développe-ment. Dans les rapports Nord-Sud par exemple, même les avantages mondialisés des progrès techniques, ne donne aucun droit à l’Occident sur les pays dits sous-développés.
En plus d’être une lapalissade, c’est une logique et même une loi naturelle : le plus fort domine. Celui qui a ou qui s’arroge la responsabi-lité du destin des autres, est forcément supé-rieur, s’il n’est pas déjà le dieu des récipien-daires. Il existe de nos jours un nouvel impéria-lisme qui est capable de modifier non seulement la vie sociale dans son ensemble, mais aussi, en violant l’intimité privée des familles, il détermine les comportements au sein des familles. L’autori-té parentale sera par exemple proportionnelle au pouvoir d’achat des parents. Un père qui n’est pas capable de subvenir aux besoins élémentaires de sa fille, sera impuissant face à la prostitution de survie de celle-ci.
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Lorsque les plans d’Ajustement structurels exi-gent des baisses de dépenses et en même temps des hausses d’impôts, pour rétablir l’équilibre budgétaire des États économiquement en difficulté, ce sont les populations qui en pâtissent dans leur consommation minimale quotidienne. Lorsqu’un État est contraint de diminuer ses dépenses salariales, le bien-être des po-pulations est compromis, car le pouvoir d’achat des citoyens baisse. Pareilles situations amènent de nom-breuses personnes et surtout des jeunes généralement analphabètes, avides eux aussi de bonheur comme tout être humain, à braver le désert et la mer, à la recherche d’un «eldorado» européen. Si la table du pauvre est vide, son lit reste très fécond et devient même le seul lieu de distraction. Ainsi, la population des bidonvilles augmente de façon exponentielle et, la folklorique lutte contre l’I.S.T/S.I.D.A., essuie un lourd échec en face de la floraison et de la médiatisa-tion à outrance de la culture du sexe.
Le Compendium de la Doctrine sociale de l´Église, dans son septième chapitre intitulé «La vie économique », aborde la question du développement en interpellant les acteurs de l'économie internatio-nale à atteindre un développement intégral et soli-daire pour l'humanité, c'est-à-dire de « promouvoir tout homme et tout l'homme». Ce document du Con-seil Pontifical Justice et Paix rappelle que cette tâche exige une conception de l'économie qui garan-tisse, au niveau international, la distribution équitable des ressources et réponde à la conscience de l'interdé-pendance (économique, politique et culturelle) qui unit désormais de façon définitive les peuples entre eux et fait qu'ils se sentent liés par un unique destin.
Plusieurs initiatives de penseurs afri-cains constituent déjà des débuts de réponses à l´hégémonie avérée des Institutions du Bretton Wood. Joseph Ki-Zerbo problématise la question de l’«endogéniété» dans ces interrogations : «se dévelop-per pourquoi ? Dans quel but ? Pour aller où, et deve-nir quoi ?» (7). Et, il arrive à la conclusion que, « la première question est donc celle-ci : Qui sommes-nous ? C’est aussi le premier temps du développe-ment ; car, il n’est pas question de développer, tant qu’on ignore qui l’on va développer »(8). La paupéri-sation anthropologique d´Engelberg Mveng qui n´est pas un état mais plutôt une situation, montre à quel point les africains ont perdu leur langue, leur histoire, leurs traditions, leurs arts, etc.(9) C´est d’eux que découlent des maux tels que : l´absence de l´Afrique là où l'on décide de son destin, des grands centres de décision du monde parce que c´est le lot des faibles ;
la dépendance, au moyen des néo-systèmes de dépen-dance qui se cachent derrière le masque de la coopéra-tion ; le vide spirituel.
Un engagement chrétien concret et quotidien est donc nécessaire. Le constat est clair et interpellant : le chrétien d´Afrique doit exprimer sa prophétie baptis-male. C´est ainsi que le Royaume de Dieu peut et de-vrait déjà se réaliser dans la marche de l´Église dans ce monde qui est à tous et non à certains, seulement. Il appert en fin de compte de constater que les struc-tures socio-politiques influencent inéluctablement la vie et partant, la foi du chrétien d´Afrique sub-saharienne. Un véritable engagement est de mise. La prise en charge personnelle et l´auto-prise en charge des Eglises particulières d´Afrique qui passent par l´autonomie financière, est un chantier sur lequel il reste beaucoup de travail. Bien sûr, sans que l´ecclésiologie de communion ne soit mise en déroute .
Notes bibliographiques
1. Métonymie usuelle permettant de désigner le Fond Moné-taire International (F.M.I.) et la Banque Mondiale (B.M.). Pour instaurer un nouveau système monétaire internatio-nal plus stable, du 1er au 22 juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), s’est tenue une conférence moné-taire et financière des Nations unies. A l’issue de cette dernière, pour garantir l’exécution des clauses, furent créés : le Fonds Monétaire International et la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développe-ment (B.I.R.D., la plus importante organisation de l’actuel Groupe de la Banque mondiale). Ces deux organismes naissaient alors avec la mission d’octroyer des crédits à court et à long terme pour financer la reconstruction des économies ruinées par la seconde guerre mondiale.
2. Diagne M., « Contribution à une critique du principe des paradigmes dominants » in J. KI-ZERBO (dir.), 1992, La natte des autres : pour un développement endogène en Afrique, Paris, CODESRIA, 1992, pp. 114-115.
3. Cf. Tévoédjrè A., La pauvreté, richesse des peuples, Paris, Les Éditions ouvrières, 1978.
4. Rist G., Le développement: histoire d’une croyance oc-cidentale, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1996, p. 52.
5. Tévoédjrè A., La pauvreté, richesse des peuples, Paris, Les Éditions ouvrières, 1978, p. 19.
6. Idem, p. 28.
7. Ki-Zerbo J. (dir.), La natte des autres: pour un développe-ment endogène en Afrique, Paris, CODESRIA, 1992, p. 44.
8. Idem, p. 53.
9. Mveng E., L´Afrique dans l´Eglise Parole d´un croyant, L´harmattan, Paris, 1985, p. 210.
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EPHÉMÉRIDESEPHÉMÉRIDESEPHÉMÉRIDES
Fr Jerry MATSOUMBOU, Sdb, (Congolais)
Un ingénieur, un comptable, un chimiste, un informaticien et un fonctionnaire se vantaient d'avoir un chien merveilleux.
Pour le démontrer, l'ingénieur dit à son chien : - Racine carrée, montre-nous ce que tu sais faire. Le chien trotte jusqu'à un pupitre, prend du papier et un crayon et dessine rapidement un carré, un cercle et un triangle.
Le comptable dit à son chien nommé Chiffrier : - Démontre-leur ta compétence. Le chien se rend dans la cuisine et revient avec une douzaine de biscuits et les place en 3 piles égales de 4 biscuits.
Le chimiste prétend que son chien peut faire beau-coup mieux : - Thermomètre, lui dit-il, fais ton numéro ! Le chien ouvre le réfrigérateur, prend un litre de lait, va se procurer un verre de 10 onces dans l'armoire et y verse exactement 8 onces de lait sans en renverser une seule goutte.
L'informaticien croit bien les supplanter tous : - Disque-dur, lui commande-t-il, impressionne-les avec ton tour ! Le chien s'installe devant un ordinateur, le fait démar-rer, fait partir le programme anti-virus, envoie un
email et installe un nouveau jeu.
Les quatre hommes se tournent vers le fonctionnaire et lui disent : - Et toi, qu'est-ce que ton chien peut faire ? - Pause-café, dit le fonctionnaire, montre-nous tes talents ! Le chien se lève, mange les biscuits, boit le lait, efface tous les fichiers de l'ordina-teur, remplit un formulaire d'accident de travail et prend un congé maladie de six mois.
Un monsieur entre dans une bijouterie. - Je voudrais une bague, dit-il à la vendeuse. - En or ? - Non c'est pour une rupture. - Ah, je vois, alors en plaqué.....
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FLASH INFO
L ’année 2013 sera riche en couleur sur le sol africain par la phase finale de la Can 2013 qui se tiendra en Afrique du sud du 19 janvier au 10 février 2013. Tous les dieux du ballon rond auront le regard tourné sur ce conti-nent, berceau de l’humanité. Seize pays africains prendront part à cet événement footbal-listique répartis comme suit: Groupe A: Afrique du Sud, Cap Vert, Maroc, Angola Groupe B: Ghana, Niger, RD Congo, Mali. Groupe C: Zambie , Burkina Faso, Nigé-ria , Éthiopie. Groupe D: Côte d'Ivoire ,Algérie , Togo , Tuni-sie. Pendant cette Can 2013 certaines figures vont se con-firmer soit par le jeu collectif ou par l’originalité de chaque
Fr Jérémie LOUZOLO , Sdb, (Congolais)
joueur tel que Yaya Touré, le milieu relayeur de la Côte d’Ivoire et de Manchester City. Il a remporté pour la deuxième fois consécutive le trophée du meilleur footballeur africain de l’année décerné par la Confé-dération africaine. Il est dans le bon sillage de ses modèles Didier Drogba et Samuel Eto’o. Il y a des étoiles montantes tels que Mputu Mabi, le trésor des Léopards ; Aymen Mathlou-ti, le rempart des Aigles ; Feghouli qui déploie ses ailes et Seydou Keita, la force tran-quille. D’autres talentueux joueurs vont se révéler lors de cette Can. Il s’agira par exemple après Fabrice Akwà et Flavio Amado, de Manucho Gonçalves, la nouvelle coque-luche de la sélection angolaise de football, indécrottable chasseur de but. Choisir le joueur emblématique des Black Stars en route pour la CAN 2013 sera peut-être celui qui représente à la fois le passé récent et l’avenir, et c’est in-contestablement le milieu de terrain André Ayew, âgé de 22 ans seulement. Le Marseillais comptabilise déjà une quaran-taine de sélections et une cer-taine autorité dans un groupe talentueux et très jeune. Au sein d’une formation ghanéenne hyper douée, Dédé montra qu’il était bien le digne fils de son père, Abedi Pelé, lui-même sacré champion d’Afrique en 1982 en Libye, à l’âge de 17 ans.
Elles auront lieu du 23 au 28 juillet 2013 à Rio de Janeiro au Brésil et elles seront pla-cées sous le signe de la mis-sion avec cette parole du Christ : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples » (cf. Mt 28, 19). Avec la coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques d'été de 2016, les JMJ 2013 seront le troi-sième événement majeur dont l'organisation a été con-fiée au Brésil
28e Journées Mondiales de la Jeunesse